Comment l’armée surveille une zone économique exclusive d’1,3 million de km2

Le capitaine de Vaisseau Denis Camelin.
C'est l'un des gros dossiers abordés durant le sommet des ministres de la Défense du Pacifique Sud, qui se tient ce mercredi encore, à Nouméa. La zone économique exclusive de la Nouvelle-Calédonie est sous la responsabilité des forces armées, qui mènent des opérations tout au long de l'année pour en assurer la protection.

Depuis mardi se tient à Nouméa le dixième sommet des ministres de la Défense du Pacifique Sud. Sous la présidence de Sébastien Lecornu, ministre français des Armées. A cette occasion, Nouvelle-Calédonie la 1ère a demandé aux forces armées en quoi consistait la protection de notre zone économique exclusive, qui s'étend sur pas moins de 1,3 million de km2.

Une zone maritime immense

Une ZEE immense, qui nécessite des moyens considérables. "Les difficultés que l'on peut rencontrer dans cette zone maritime sont multiples, mais pour l'instant, il s'agit surtout d'éviter que ces problèmes surviennent et donc d'assurer une surveillance régulière de la zone", explique le capitaine de vaisseau Denis Camelin, commandant de la zone maritime et adjoint interarmées des Fanc (Forces armées de Nouvelle-Calédonie).

Pêche illégale

Parmi ces problèmes, il y a bien évidemment la pêche illégale, même si aucun cas n'a été reporté depuis l'affaire des blue boats vietnamiens en 2017. Seize palangriers calédoniens sont autorisés à travailler dans la zone. Cependant, des navires croisent toujours à ses abords. "Les blue boats vietnamiens n'étaient pas enregistrés auprès des organisations régionales de pêche donc, pour s'assurer qu'il n'y en ait pas, on surveille très régulièrement la ZEE avec des moyens aériens, les avions de la patrouille maritime, les Gardian de l'aéronavale et avec des patrouilles régulières en mer de nos bâtiments, que ce soit la frégate Vendémiaire, le patrouilleur Bénébig ou le bâtiment de soutien D'Entrecasteaux." La surveillance s'appuie également sur des satellites qui permettent de voir si des bâtiments non reportés opèrent dans la zone.

Le trafic de drogue est une préoccupation non seulement des autorités françaises et calédoniennes, mais aussi de tous les pays insulaires du Pacifique, la voie maritime étant un des moyens privilégiés.

Denis Camelin, commandant de la zone maritime

Dans ce domaine, l'étroite collaboration avec les Etats insulaires du Pacifique, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis joue un rôle primordial, essentiellement au travers de la Forum fisheries agency, l'agence de surveillance et de contrôle des pêches des Etats insulaires du Pacifique. Échanges d'informations et opérations communes permettent de s'assurer qu'il n'y ait pas de pêche illégale.

"Ce n'est pas pour autant que l'on baisse la garde, prévient l'officier, ou que l'on diminue nos activités de surveillance. D'autres menaces et activités illicites pourraient intervenir en mer. Et en particulier le trafic de drogue, qui est une préoccupation, non seulement des autorités françaises et calédoniennes, mais aussi de tous les pays insulaires du Pacifique, la voie maritime étant un des moyens privilégiés."

Lutte contre les pollutions

La Marine effectue également une surveillance liée à la protection de l'environnement et à la lutte contre les pollutions marines. "On surveille bien évidemment la ZEE en permanence pour détecter toute apparition de pollution marine. En Nouvelle-Calédonie, il n'y a que la Marine nationale qui dispose de moyens hauturiers" pour effectuer cette mission.

Renouvellement d'équipement

La venue du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, doit permettre de confirmer les orientations prises par le président de la République dans la loi de programmation militaire avec l'arrivée, cette année, du patrouilleur Bénébig, puis, l'an prochain, du patrouilleur Tranape. Ils viennent remplacer les deux patrouilleurs de 400 tonnes qui ont été désarmés. Les avions seront eux aussi renouvelés : les Gardian vont être remplacés par des Falcon 50, puis des Falcon 2000 dans les années à venir. Côté hélicoptères, les Puma de l'armée de l'air vont céder leur place à des H 225, qui assureront les sauvetages en mer.

Le bilan de l'année 2023

  • Plus de 200 heures de patrouilles aériennes avec les Gardian.
  • Plus de 250 jours de mer dans la zone économique exclusive de Nouvelle-Calédonie.
  • Six opérations de sauvetage en mer.
  • Plus d'une douzaine d'inspections de navires étrangers qui pêchaient en haute mer. 
  • Mais aussi des entraînements à la lutte antipollution, comme l'exercice Orsec qui a été effectué la semaine dernière.