Conflit autour du transport aérien : le gouvernement organise une réunion sans qu'il en émerge de solution

Air Calédonie a annulé tous ses vols du jour pour Lifou, l'île des Pins et Maré, face au blocage des aérodromes par des collectifs d'habitants mécontents. Des collectifs qui n'ont pas participé à la réunion d'information organisée par le gouvernement ce mercredi, à Nouméa. La rencontre a bien eu lieu, entre l'exécutif, la compagnie, plusieurs collectivités et des coutumiers. Mais pas de solution à l'horizon.

"En raison du maintien des blocages prévus à Lifou, Maré et l’île des Pins, la compagnie est contrainte d’annuler l’ensemble de ses vols pour ces trois destinations le jeudi 28 septembre." Même message que la veille, sur le site internet d'Air Calédonie. Aucune rotation d'Aircal avec les aérodromes de Wanaham, La Roche et Moué, pas plus ce jeudi que ça n'a été le cas mercredi 27 ou mardi 26. Date à laquelle les collectifs d'usagers mobilisés dans les trois îles ont lancé un nouveau mouvement de blocage, simultané et "illimité".  

Au point mort, les négociations, alors que selon Air Calédonie, les 160 vols annulés dans le cadre de ce conflit ont affecté, à ce jour, plus de 5 500 passagers. Voyez ce reportage de Dave Waheo-Hnasson et Carawiane Carawiane, il interroge les conséquences financières, pour la compagnie aérienne domestique.

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Les employés se font entendre

Mercredi 27 septembre, la réunion annoncée pour sortir de cette crise s’est tenue comme prévu à Nouméa, au siège du gouvernement… et sans les trois collectifs, ni en présentiel ni en visio. Ils ont décliné l’invitation, il y a plusieurs jours. Le rendez-vous associait, en revanche, les provinces Sud et Îles, les mairies des Loyauté, la grande chefferie de Kunie ainsi que l’aire coutumière Drubea-Kapumë.

En marge de cette rencontre, des salariés de la compagnie aérienne domestique étaient mobilisés devant les bureaux du gouvernement. Une trentaine de bagagistes, pilotes et autres personnels administratifs. Ils entendaient manifester leur inquiétude grandissante face à la situation, et leur crainte concernant leurs emplois. "On attend que les discussions reprennent, sans blocage, résume Robert Kono, délégué du personnel. Depuis 2011, le personnel a fait beaucoup de sacrifices. Mais si on continue comme ça, le personnel ne pourra pas aller plus loin."

"On ne peut pas aller plus loin"

Plusieurs étages au dessus, le couperet tombe, après trois heures et demi de discussions : Air Calédonie n’a aucune marge de manœuvre pour tenter de sortir de l’impasse. "La seule chose qui a été dite aujourd'hui, c'est la reconfirmation de notre gouvernement qu'il ne peut pas prendre en charge un tarif unique à 10 000 F et 15 000 F", relate Mathias Waneux, président du conseil d’administration d’Aircal.

"Compte-tenu des moyens que nous avons, compte-tenu des difficultés financières, on ne peut pas aller plus loin", renchérit Gilbert Tyuienon, membre du gouvernement en charge des transports. "La demande des collectifs, à savoir un tarif unique à 10 000 F et 15 000 F, c'est impossible."

Des baisses de salaires

Mais que vaut une telle réunion, en l’absence des collectifs contestataires ? "Je crois que l'objectif de la rencontre était de donner à l'ensemble des parties prenantes toute les informations sur deux aspects du dossier", répond Gilbert Tyuienon. "A savoir la situation de la compagnie Air Calédonie, et le dispositif Continuité pays qui permet aux gens des communes insulaires de bénéficier des tarifs préférentiels sur les vols." Un dispositif qui pèse pour un tiers du transport passagers.

Quant à la santé financière d'Air Calédonie : "Aircal aujourd'hui a un déficit de 459 millions, rappelle Mathias Waneux. Je salue les employés parce que depuis le Covid, ils ont perdu leur treizième mois et ils ont baissé tous les salaires de presque 25%. C'est sur ces piliers que se fonde la compagnie : vous avez les usagers, vous avez les employés et vous avez les actionnaires." 

Les collectifs annonceront leur décision sur la suite du mouvement ce jeudi 28 septembre après-midi. 

Le reportage de Bernard Lassauce et Claude Lindor