Corps électoral : en attendant le vote, la tension monte

Marche à Koné du Comité nationaliste et citoyen.
Alors que l'Assemblée nationale examine à partir d'aujourd'hui la proposition de loi visant à élargir le corps électoral et que le Congrès a voté une résolution s'opposant à cette réforme, les militants de la CCAT se sont mobilisés aux quatre coins du pays.

Mines bloquées, barrages filtrants, manifestations... La tension est montée d'un cran, ce lundi, alors que l'Assemblée nationale devait se prononcer quelques heures plus tard sur une réforme de la Constitution ouvrant la voie à l'élargissement du corps électoral. De nombreux blocages ont été constatés, notamment dans les communes du Grand Nouméa.

Situation tendue à Saint-Louis

Une situation qui a évolué d’heure en heure, et que vous avez pu suivre en direct sur le site de Nouvelle-Calédonie la 1ère. Les forces de l’ordre ont dû intervenir en matinée à Rivière-Salée et à Montravel, où elles se sont ensuite positionnées pour empêcher les manifestants de reprendre possession de la route.

La situation était également tendue du côté du Mont-Dore. La route de Saint-Louis était inaccessible ce matin. Des tirs ont été entendus très tôt sur place, aux alentours de 5 heures. De nombreuses détonations ont ensuite été perçues dans la matinée. Les gendarmes mobiles se sont postés sur la route, et la circulation est restée bloquée une grande partie de la journée sur certains embranchements.

A 14h30, la circulation devant Saint-Louis était rétablie, mais les gendarmes appelaient les automobilitses à rester prudents. D'ailleurs, cette ouverture n'a pas duré. A 17 heures, par exemple, la circulation sur la RP1 était toujours fermée par la gendarmerie depuis la partie Sud, à La Coulée. De ce côté, des barrages filtrants se sont mis en place en plusieurs endroits.

Au niveau du rond-point de La Conception, les manifestants ont été délogés par la gendarmerie. Le haussaire s'est rendu au Mont-Dore pour affirmer la fermeté de l'Etat après les coups de feu essuyés par les militaires vendredi et les violences à l'encontre des forces de l'ordre.

Nombreux points sensibles

Autres points sensibles : des ralentissements étaient organisés à Païta, dans la descente du col de la Pirogue, sans toutefois bloquer la circulation. Des pneus en feu et des branches ont été disposés au milieu de la chaussée.

Plusieurs carrefours, à Dumbéa-sur-Mer et à Païta, ont également été entravés. La situation, là aussi, a évolué tout au long de la journée. À Tontouta par exemple, des véhicules blindés étaient déjà positionnés hier soir pour éviter un blocage. L’accès à l'aéroport n’a donc pas été entravé. Les passagers qui devaient prendre l’avion et les salariés de l’aéroport pouvaient passer.

Le reportage d'Aiata Tarahu et Christian Favennec

Mobilisation à Tontouta ©NC la 1ère

Situation similaire au Port autonome. Là non plus, l’accès n’a pas été entravé. Les forces de l’ordre se sont mobilisées pour encadrer deux manifestations à quelques centaines de mètres d’écart : la première, organisée par les rouleurs, et la deuxième par les syndicalistes de l’USTKE. Une cinquantaine de camions et d'engins de chantier, ainsi qu'une quinzaine de taxis, se sont positionnés le long de l'avenue James-Cook sans bloquer la circulation.

Les rouleurs sont mobilisés au port autonome, à Nouméa.

En début d'après-midi, une centaine de personnes a convergé vers le tribunal où des membres de la CCAT devaient comparaître dans le cadre des actions commises la semaine dernière, pour entrave à la circulation et dégradations. Quinze personnes en tout, poursuivies suite à des blocages sur la voie publique à Nouméa, à hauteur de la SLN, et au Mont-Dore. Toutes ont été remises en liberté sous contrôle judiciaire. Leur procès est prévu le 6 août.

La Brousse et les îles mobilisées

Mais la mobilisation a largement dépassé les frontières du Grand Nouméa. A Thio, la route d'accès était jalonnée de barrages filtrants, et plus d'une centaine d'habitants se sont donné rendez-vous pour une marche pacifique vers la gendarmerie. Des prises de parole ont eu lieu, pour évoquer destin commun et refus du dégel du corps électoral. Sur cette commune de la côte Est, il a également été question de nickel, puisque l'accès aux mines y est bloqué depuis un mois par un collectif d'habitants demandant la réparation de la route.

La marche pacifique tenue à Thio, ce lundi 13 mai.

Sur la côte Est, la mobilisation a provoqué quelques perturbations : la mairie de Ponérihouen est restée fermée et des barrages émaillaient la RPN3 qui traverse le village. Il n'y avait ni transport scolaire, ni cantine. À Poindimié, le district de Wagap a érigé des barrages filtrants devant la transversale Koné-Tiwaka. Dans le village, le district de Bayes a marqué son soutien en manifestant devant la subdivision. La commune de Houaïlou a également réduit ses services.

A Koné, un millier de personnes a marché à l'appel de la CCAT et du Comité nationaliste et citoyen entre l'aire de repos de Foué et la subdivision Nord.

Un reportage de Nathan Poaouteta et Brice Bachon

Des militants ont également posé des banderoles devant la gendarmerie de La Foa, à Koumac, où l'accès à la mine de Tiébaghi était impossible.

Les Îles ont, elles aussi, répondu à l'appel de la CCAT : un millier de personnes, dont le sénateur Robert Xowie, ont marché à Wé (Lifou) de la province des îles jusqu'à la subdivision en passant par la gendarmerie. La mairie de Maré est restée fermée.

Mobilisation devant la subdivision de Lifou ce lundi matin.

Transports et enseignement perturbés

Parmi les autres conséquences, les transports ont été fortement perturbés. L'aéroport de Wanaham fermé par les autorités coutumières à Lifou, tout comme celui de l'île des Pins, le réseau Tanéo en mode restreint, le service des radio-taxis supendu à Nouméa, des dessertes du Raï annulées sur Thio et Yaté, pas de rotation du Betico...

Les établissements scolaires ont également pris des dispositions particulières. Ils étaient autorisés à fermer à partir de 15 heures.

Le collège Baudoux ferme ses portes à 15 heures, ce lundi.

A la fin d'une telle journée, et alors que la soirée s'avérait agitée, le haut-commissaire était l'invité du journal télévisé.

L'entretien de Louis Le Franc avec Steeven Gnipate