“Réunion de rentrée politique” - c’était l’intitulé - ou lancement de campagne électorale ? Au soir du vendredi 16 février, Ko We Kara, lieu symbolique, est paré de bleu blanc rouge pour accueillir plus d’un millier de personnes.
Tribune
Militants et leaders de six mouvements politiques loyalistes, ils sont venus afficher leur unité derrière une cheffe présentée comme un rempart contre l’indépendance, et la solution aux problèmes du pays. À la tribune, les ténors saluent l’action - locale et nationale - de Sonia Backès. Présidente de l’assemblée provinciale Sud, à la tête des Républicains calédoniens, qui a été secrétaire d’Etat à la Citoyenneté de juillet 2022 à septembre 2023.
Volonté de se montrer unis
Les participants veulent se montrer soudés. Virginie Ruffenach, vice-présidente du Rassemblement et présidente de ce groupe au Congrès, décrit “une belle unité, ce soir, des formations politiques non indépendantistes. Nous [la] devons aux Calédoniens, elle est fondamentale. Et le camp non indépendantiste doit être dans la plus grande clarté, combatif et déterminé, face à un camp indépendantiste dont la revendication ne faiblit pas.”
Calédonie ensemble ne participe pas. Le Rassemblement national, non plus. Dans un communiqué diffusé le matin précédent, le RN trouvait “prématuré” de se rendre à ce rendez-vous, annonçant qu’il présentera “prochainement” ses propositions et suggestions.
Divisions et pouvoir
Sur le site de Ko We Kara, il est question de reprendre les commandes. “Avant, on se divisait mais on gardait quand même le pouvoir”, formule Nicolas Metzdorf, député de la seconde circonscription, président de Générations NC et membre de l’intergroupe Loyalistes au boulevard Vauban. “On pouvait se permettre de partir divisés dans le Sud, on se permettait même de partir divisés dans le Nord et dans les Îles, et on arrivait à garder le pouvoir. Là, pour la première fois dans notre histoire, nous avons perdu le pouvoir au Congrès de la Nouvelle-Calédonie. J’espère que là, on a compris le message.”
Reprendre les institutions perdues
Les provinciales, quelle que soit la date à laquelle elles auront lieu, vont rebattre l’hémicycle du Congrès, ce qui a ensuite des conséquences sur la composition du gouvernement local. Des échéances en lien étroit avec le besoin de définir l'avenir institutionnel. Les loyalistes veulent avancer, passer de la résistance à la construction, dira Sonia Backès. La stratégie consiste à reprendre la main sur les institutions perdues pendant cette mandature.
Feuille de route
“Ce n’est pas un démarrage de campagne“, déclare-t-elle. “La volonté, c’est de se regrouper et de montrer qu’on ne va plus se laisser faire. Que le dégel du corps électoral va avoir lieu, que le rééquilibrage du Congrès doit avoir lieu. Qu’il va falloir une relance économique, il va falloir qu’on arrête l’hémorragie des gens qui partent, et qu’on fasse venir des gens qui peuvent apporter quelque chose à la Nouvelle-Calédonie.”
Le public, tout acquis, entend le message rassurant qu’il voulait recevoir. Sans le dire vraiment, la machine loyaliste de campagne vient de se mettre en marche. Juste avant que la Calédonie ne reçoive à nouveau des visiteurs ministériels.
Le reportage d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel