Elles prennent leurs marques. Huit associations couvrent désormais le champ qui était occupé par l'Asee jusqu'à sa liquidation judiciaire, fin 2023. Elles récupèrent toute la gestion administrative et comptable, autrefois dévolue à la direction centrale de l'Alliance scolaire.
"Beaucoup plus simple"
En attendant, le nouveau cadre juridique convient à Rémy Vanhalle, le président de l’association Etablissement protestant Do Kamo. Il le trouve "beaucoup plus simple, parce que le conseil d'administration se trouve intra-muros. Le règlement des problèmes quotidiens et des urgences se fait beaucoup plus rapidement. La directrice d'établissement peut nous contacter à n'importe quel moment, vu qu'une grande partie du conseil d'administration est constituée de personnels enseignants et de personnels Atoss." C'est-à-dire les secrétaires, cantinières, techniciens et surveillants.
Financement direct
Chaque établissement devient autonome. Il reçoit les fonds publics directement. De quoi permettre une plus grande réactivité sur le terrain. Do Kamo peut aujourd'hui remettre aux normes ses bâtiments, après avoir attendu plusieurs années.
C'est notre premier gros dossier : nous devons refaire certains bâtiments pour ne pas qu'ils se dégradent plus qu'ils ne le sont.
Rémy Vanhalle, président de l’association Etablissement protestant Do Kamo
Contrat d’association
Le lycée est lié à la Nouvelle-Calédonie par un contrat d’association. Il recevra 200 millions de francs d’aides financières. Des subventions qui devraient être mieux fléchées. Ce n’était pas le cas entre 2013 et 2018, selon un rapport rendu par la Chambre territoriale des comptes en 2020. Rapport très critique sur la gestion de l’Asee : absence de pilotage, aucun suivi des subventions, des recrutements douteux…
Rapprocher les centres de décision
Mais cela devrait changer, estime Florence Bonnafoux, la présidente de la CTC. "C'est une solution qui a le mérite d'exister et qui permettra probablement de rapprocher les centres de décision des établissements scolaires. On a une association par établissement ou par regroupement d’établissements sur un périmètre géographique plus restreint", développe-t-elle. "Ce qui permettra probablement à cette association d'avoir une meilleure connaissance de son patrimoine, de pouvoir plus facilement l'entretenir, et de pouvoir, aussi, plus facilement tracer ses dépenses et ses recettes, effectuer un contrôle sur celles-ci."
Commissaire aux comptes
L’Asee n’avait pas nommé de commissaire aux comptes, comme elle en avait obligation, alors qu’elle recevait des subventions supérieures à dix-huit millions de francs.
Je pense que ce nouveau schéma est de nature à clarifier les choses et les responsabilités de chacun.
Florence Bonnafoux, présidente de la Chambre territoriale des comptes
Des passifs à dépasser
Les associations se mettent au diapason. À Lifou, l’association Havila Alliance Scolaire gère le collège et trois écoles. Son président Benjamin Xolawawa pointe toutefois certaines difficultés. "Il y a beaucoup de choses à faire puisqu'on n'a plus de direction centrale. La gestion du personnel en termes de recrutement, de [ressources humaines], la gestion administrative, maintenant ça repose sur les épaules des directeurs directement."
Autre genre de difficultés, les répercussions de la mauvaise gestion passée. "L'Asee a des dettes chez les fournisseurs, relève Benjamin Xolawawa. C'est un peu difficile de négocier pour paiement différé puisque les fournisseurs sont un peu plus regardants et exigeants, par rapport à ce qu'il s'est passé avec l'Alliance scolaire."
Attente de subventions
Or, les anciennes structures de l'Asee rencontrent encore des incertitudes budgétaires. En plusieurs endroits, la rentrée a été compliquée par des problèmes de trésorerie, attribués au retard dans le versement de subventions publiques. Exemple en province Nord. L'association Case de Bwakadra gère à présent sept établissements localisés sur cinq communes différentes : l'école et le collège avec internat de Baganda situés à Kaala Gomen ainsi que les écoles de Yambé à Pouébo, Bopope à Koné, Pouitchala à Poindimié, mais aussi Neho et Mehoue à Canala.
Salaires et livraisons
"Suite au problème de retard du versement des subventions du gouvernement et de la province Nord, notre personnel Atoss n'a pas pu être payé, ainsi que différents fournisseurs", explique Jacky Song, président de l'association. "Entraînant des retards de livraison, et donc l'impossibilité d'effectuer une rentrée dans les bonnes conditions le 12 février, pour le collège, l'internat et l'école de Baganda qui dépendent tous d'une cantine commune où sont confectionnés les repas de nos élèves." Les autres sites de la Case ont repris plus normalement.
Le temps des procédures
Même situation au collège de Taremen, à Maré, où l’association scolaire de l’enseignement protestant Hnaran-Taremen demandait à la province Iles d'attribuer sa subvention afin de payer les salaires. Selon le président, Nelson Waheo, quatre millions de francs par mois sont nécessaires, pour les salaires, et pour régler les fournisseurs.
"Les opérations budgétaires sont en cours", a tenu à rassurer le président de la province des Iles. "Avec la dissolution de l’Asee, il faut réorienter les fonds, et cela nécessite d’être en règle avec la justice", précise Jacques Lalie. Selon lui, toutes les associations percevront leurs subventions, mais le chemin administratif prend du temps.
Esprit de solidarité
Comme cette transition. Un bilan doit être établi fin 2024 afin de vérifier la capacité financière de chaque entité. Les directeurs et présidents d’associations se veulent solidaires. Ils se réunissent régulièrement au sein de l’Union de l’enseignement protestant, pour continuer de faire vivre "l’esprit Asee".