Émeutes en Nouvelle-Calédonie : le "Betico" en mer pour rapatrier touristes, élèves et résidents bloqués

Le "Betico" au port de Wé, à Lifou, le 25 mai 2024.
Le navire de SudIles a commencé une série de rotations "dans le cadre des rapatriements de la population bloquée" en Nouvelle-Calédonie. Ce dimanche matin, il a quitté Lifou avec environ 180 touristes, élèves et résidents. Escale à Maré puis arrivée prévue à Nouméa, en fin d'après-midi.

Les transports s'organisent, pour continuer à ramener les personnes restées coincées ici et là. Tant en dehors de la Calédonie qu'à travers le pays. Ce dimanche, le Betico effectue une rotation entre les Loyauté et la Grande terre. Il a quitté vers 7h30 le port de Wé, à Lifou, avec environ 180 passagers à bord, choisis selon des listes fournies par la province des Îles. "On priorise les touristes et les étudiants bloqués sur les îles", précise Tristan Henrio, capitaine du navire géré par la SAS SudÎles.

René Molé l'a interrogé avant le départ. 

Le "Betico" ramène des passagers à Maré et Nouméa, interview du capitaine ©René Molé / NC la 1ère

Des enfants séparés des parents

Agent de la société à Lifou, Philippe Alikie évoque en effet des jeunes de Maré scolarisés au lycée Willama-Haudra, qui ont pris la mer pour enfin rejoindre leur famille. "On a, résume-t-il, des touristes, des étudiants et nos résidents loyaltiens qui vivent sur Nouméa. Ils sont venus pour les deuils et les mariages, ils sont bloqués depuis un certain temps donc là, c'est un grand soulagement. Il y a à Nouméa des enfants qui sont seuls, sans les parents…"
Son interview par René Molé

Le "Betico" ramène des passagers à Maré et Nouméa, interview d'un agent de Lifou ©René Molé / NC la 1ère

D'autres voyages envisagés cette semaine

Lundi 27 mai, un voyage exceptionnel est prévu vers Ouvéa, pour 250 personnes, puis dans le sens inverse mardi, avant un aller pour Lifou mercredi et son retour jeudi.

L'œil sur le carburant

Une problématique se profile, comme le signale Philippe Alikie : "On a un problème de carburant." En tout cas, il s'agit de "rapatrier nos enfants scolarisés à Nouméa mais résidant aux îles. Avec nos familles qui sont restées bloquées là-bas, pour des problèmes de santé ou parce qu'ils s'y sont rendus pour les longs week-ends."

Rotations du "Betico", la question du carburant, interview de Philippe Alikie à Lifou ©René Molé / NC la 1ère

Le navire était parti de Nouméa samedi, effectuant un voyage Nouméa-Maré-Lifou. Vendredi c'est la compagnie aérienne domestique Air Calédonie qui a desservi les Loyauté, notamment pour en ramener des touristes, métropolitains mais aussi australiens. 

En fonction du couvre-feu

Ce dimanche, le Betico a d'abord mis le cap sur Maré, dont il devait repartir à la mi-journée pour rallier Nouméa, a priori vers 16h30. La rotation a été pensée en fonction du couvre-feu, effectif sur toute la Calédonie de 18 heures à 6 heures du matin. "On a prévu de partir assez tôt de Lifou, confirme le capitaine, pour que les gens ne soient pas embêtés en arrivant à Nouméa."

Les appréhensions du retour

Barbara et sa famille ont planifié d'y passer la nuit, toujours pour cause de couvre-feu, avant de prendre la route de Pouembout. "On était sur Lifou pour une semaine [de vacances] et ça s'est prolongé de deux semaines supplémentaires", raconte-t-elle. Au moment d'embarquer sur le Betico, les sentiments étaient mitigés. "C'est vrai qu'à Lifou on est dans une zone en paix et on ne manque de rien. On était hébergés. On pouvait circuler parce qu'il y avait de l'essence… Là, on ne sait pas où on va."

Ses appréhensions ? "Les barrages, de voir des scènes de violences, de l'insécurité. On se demande comment ça va se passer tout au long de la route. Et puis, je vais être attristée de voir Nouméa, parce que c'est ma ville natale, je ne sais pas comment on va la retrouver, Il y a plein de questionnements. Et la plus grande interrogation, ça va être l'avenir. L'économie, le travail… On avisera."

Voyez aussi ce reportage réalisé par René Molé et Véronique Bedz

©nouvellecaledonie