Le gouvernement donne son feu vert à l'exportation de minerais issus des réserves de Tiébaghi et Goro

Le Soenc Nickel devant le gouvernement réuni en séance collégiale.
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, «dans sa majorité», a acté l’autorisation d’exporter des minerais issus des réserves métallurgiques de Tiébaghi et Goro. Il a également pris des avant-projets de loi du pays afin de créer une «taxe d'exportation» et une «redevance d'extraction».
[MISE A JOUR AVEC PRECISIONS]

«Il y a des décisions qui ont été prises ce matin par le gouvernement qui sont extrêmement importantes pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie», a estimé Thierry Santa à la mi-journée. «Le gouvernement, dans sa majorité, a acté l’autorisation d’exportation sur les réserves métallurgiques», annonce en effet le président de l’exécutif. Une autorisation qui serait temporaire et sous conditions, pour de la basse teneur.
 

«Pas valorisés aujourd'hui» 

«Ça veut dire, rappelle-t-il, qu’on va permettre à des opérateurs industriels de pouvoir exporter une partie des minerais qui aujourd’hui, n’étaient pas valorisés, qui étaient stockés sur leur site puisque pas de possibilité de valorisation locale.» Ce projet de loi du pays, doublé de sa délibération d'application, concerne la SLN et Vale NC, pour les gisements respectifs de Tiébaghi et Goro. 
«Il y a eu six voix pour, indique Thierry Santa. Uniquement les membres non indépendantistes. Les autres se sont abstenus ou ont voté contre» - dix membres sur onze participaient, Didier Poidyaliwane (UC) était absent. Vaimu'a Muliava, de l'Eveil océanien s'est prononcé pour.
 

Vers une «taxe d'exportation» et une «redevance d'extraction»

Reste désormais, pour cette modification du Code minier, à passer l'étape du Congrès. Deuxième point : «l'adoption, par le gouvernement également, des avant-projets de loi du pays qui créent une taxe d'exportation et une redevance d’extraction. Ça aussi, c’est historique.»
 
 

Plusieurs bénéficiaires

«C’est la première fois qu'un gouvernement de la Nouvelle-Calédonie prend ces décisions-là, formule son président actuel, qui vont permettre de valoriser véritablement la richesse minière qui est la nôtre, en créant une ressource au bénéfice des communes impactées par l'exploitation minière ; mais aussi des collectivités telles que les provinces, pour envisager de nouvelles diversifications économiques.»
 

Modalités à préciser

Ça, c'est pour la redevance à l'extraction. «Et enfin et surtout, au bénéfice d'un fonds pour les générations futures.» Ça, c'est pour la taxe à l'exportation. Les modalités de calcul et de perception doivent être débattues lors du cycle de travail annoncé autour du nickel.
 

Détail des votes

Ces textes sur la taxe et la redevance, qui doivent eux aussi aller devant le Congrès, ont été adoptés avec «sept voix pour : les six membres non indépendantistes et Gilbert Tyuienon ; une abstention de M d'Anglebermes ; et deux contre : les représentants de l'UNI [Jean-Pierre] Djaiwé et [Valentine] Eurisouké
 

La SLN pas encore autorisée à exporter deux millions de tonnes de plus

En revanche, pas d'arrêté autorisant la SLN à exporter deux milions de tonnes supplémentaires de minerais. L'examen de cette demande a été suspendu. «On attend de la part de la société des engagements précis», a indiqué Thierry Santa.  
 
Des dizaines d'adhérents du Soenc Nickel mobilisés ce mardi matin devant la SLN.
 

Mobilisation du Soenc Nickel

Tôt ce mardi matin, les adhérents du Soenc Nickel s'étaient rassemblés par dizaines devant l’usine de la SLN, à Doniambo. Ils s'étaient ensuite dirigés vers le siège de l’exécutif calédonien, baie de la Moselle, où ils avaient rejoint leurs collègue syndiqués de Vale Nouvelle-Calédonie. 
 

«Mettre la pression»

Le Soenc Nickel entendait «mettre la pression» sur les politiques pour qu’ils approuvent les textes déposés sur la table du gouvernement ce mardi matin, en séance collégiale. 

Eddy Coulon du Soenc Nickel tôt ce matin, au micro de Coralie Cochin : 

Eddy Coulon, Soenc Nickel

 

Il y a une demande d'augmentation d'export. On a déjà quatre millions de tonnes [autorisés], on en veut six. La décision a déjà été reportée deux fois. C'est important pour nous d'être devant, de sensibiliser le gouvernement pour qu'il puisse donner un avis favorable aux deux millions de tonnes. C'est la seule façon que la SLN s'en sorte. 
- Eddy Coulon, Soenc Nickel

 

Reçus par le gouvernement

Une délégation avait été reçue dans la matinée au gouvernement, par le président Thierry Santa, le vice-président Gilbert Tyuienon et Jean-Louis d'Anglebermes en charge du travail et de l'emploi. Les élus avaient alors assuré entendre la requête du syndicat, mais avaient dénoncé un manque de «transparence» des deux métallurgistes.
 

Taxe superficiaire

Ils ont notamment signalé un recours de la SLN, qui réclame a la Nouvelle-Calédonie le remboursement de près d’un milliard de surplus de taxe superficiaire. Un dossier qui date de près de dix ans, selon le gouvernement.

Compte-rendu de Lizzie Carboni et Cédric Michaut :
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