Une heure et quart de déclaration, durant laquelle à quasi mi-parcours, la Nouvelle-Calédonie a été spécifiquement évoquée. Les annonces du Premier ministre suscitent des réactions partagées de la part des élus locaux. D'un côté, on parle "d'une feuille de route déconnectée". De l'autre, de décisions "positives".
À l'image des deux blocs qui s'opposent et qui seront pourtant amenés à discuter, en témoigne la "mission de concertation et de dialogue" conduite par les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, qui viendra en Calédonie"prochainement". Quand Nicolas Metzdorf, député de la première circonscription, parle "d'une énième mission de dialogue", Philippe Gomès, président de Calédonie ensemble, y voit au contraire "une nouvelle méthode".
Une officialisation contestée
L'abandon de la loi constitutionnelle visant à modifier le corps électoral ? "Le président Macron l'avait déjà laissé entendre. [Michel Barnier] l'a officialisé, c'est une bonne chose", se satisfait Victor Tutugoro, président de l'Union progressiste en Mélanie (UPM).
À l'inverse, la cheffe de file des Loyalistes, Sonia Backès, estime qu'annoncer "le dégel relevait de la compétence exclusive du président de la République, pas de la sienne". Et de poursuivre : "penser faire plaisir aux extrémistes en espérant leur indulgence, c’est bien mal les connaître". Même son de cloche pour le député Nicolas Metzdorf, pour qui "l'annonce de la non-convocation du Congrès de Versailles n'est pas de sa compétence mais de celle du président de la République".
"Il donne du temps, il repousse les élections à la fin de l'année 2025 (un projet de loi organique devrait être déposé rapidement au Parlement français pour ce faire) et il lève l'épée de Damoclès qui empêchait de renouer le dialogue. Que de bons signes pour notre pays", se réjouit Philippe Gomès, en déplacement à Paris au sein de la délégation transpartisane.
Emmanuel Tjibaou, député de la seconde circonscription, a également suivi les rencontres entre la délégation, les parlementaires et le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet. Pour lui, "l’État doit retrouver son rôle d’impartialité et de neutralité, garantissant ainsi un cadre serein pour un dialogue apaisé et respectueux de l’ensemble des parties prenantes". Avant d'ajouter que cette déclaration "semble tendre vers cet objectif".
Le reportage de Thérèse Waïa et Cédric Michaut :
Quid des 500 milliards sur cinq ans ?
Si le Premier ministre a été clair sur le plan institutionnel, il subsiste néanmoins une inconnue soulignée dans les deux camps. Michel Barnier n'a pas donné de montant concernant le financement du plan quinquennal de reconstruction porté actuellement par la délégation calédonienne à Paris.
"Je remarque qu'il n'y a aucune somme financière qui n'a été annoncée. C'était l'objectif de la délégation à Paris. Ça n'a pas fait l'objet d'annonce particulière mais il y a cette volonté derrière d'aider les Calédoniens à reconstruire", souligne Victor Tutugoro.
Un déplacement jugé donc "inutile" par Sonia Backès qui a affirmé qu'elle se rendrait à Paris puis à New York pour y porter la voix des loyalistes devant l'ONU. Nicolas Metzdorf regrette également l'absence "d'annonce sur la solidarité nationale". "Je lui avais dit [à Michel Barnier] qu’il fallait faire des annonces sur l’économie et reprendre l’institutionnel plus tard. Il ne nous a pas écoutés." De quoi motiver le député non-indépendantiste à poursuivre le "travail auprès de lui pour qu'il saisisse bien les problématiques de chez nous".
Les indépendantistes se félicitent de ces annonces
Chez les indépendantistes, seule l'Union calédonienne fait partie de la mission transpartisane qui s'est déplacée à Paris. Dans un communiqué, le groupe UC-FLNKS et nationalistes au Congrès se félicite des engagements du nouveau gouvernement. Même écho du côté de l'animation du FLNKS. Au Palika, on estime aussi que les annonces sont positives.
Les réactions de Jean-Pierre Djaïwe, président du groupe Uni et de Dominique Fochi, secrétaire général de l'Union calédonienne :