L'attrait des syndicats calédoniens vu par les premiers concernés

Conflit social porté par une intersyndicale, à l'OPT, en juin 2022, sur Lifou.
Le 1er-Mai, une journée marquante, pour les syndicats de salariés. Ils conservent leur importance au sein des entreprises, mais leur nombre d'adhérents stagne voire baisse, dans l'Hexagone comme en Nouvelle-Calédonie. Comment expliquer ce phénomène ? Les premiers concernés y vont de leur vision.

Nouveaux outils de négociation, procédures plus longues… Depuis les années 90 ou 2000, qui restent dans les mémoires par leurs conflits aussi récurrents que spectaculaires, les modes de contestation ont changé. Pour Lionel Woreth, Fédération des fonctionnaires, c'est peut-être une des raisons pour lesquelles les plus jeunes sont moins attirés par l'engagement syndical. 

Les rounds de négociation peuvent durer des fois jusqu'à quelques années et eux, ils ont besoin d'avoir des réponses dans leur quotidien. Pour certains thèmes (je pense à la vie chère), c'est dur d'admettre qu'on met des fois six mois, un an, un an et demi, pour obtenir certaines choses quand, au quotidien, ils ont des difficultés. 

Lionel Woreth, trésorier de la Fédération des fonctionnaires




Autre facteur qui pourrait être déterminant : le contexte économique. L'euphorie des décennies passées a laissé place à une forme de morosité, décrit Fidel Malalua, de l'USTKE. 

Je pense que les syndicats reprennent le devant de la scène quand il y a une santé économique qui respire. Là, on est plus happés par le contexte politique. Le manque de budget de la Nouvelle-Calédonie, la récession économique, la non-relance économique... On a traversé aussi une situation très difficile avec le Covid.

Fidel Malalua, quatrième vice-président de l'USTKE




Les syndicats calédoniens manquent-ils par ailleurs de figures fortes, pour affirmer leurs revendications ? C'est une piste, selon Francisco Sione, de l'Usoenc.

Je me suis syndiqué parce qu'à l'époque, il y avait des véritables leaders, c'est ça qui m'avait attrapé vraiment pour m'intégrer dans le syndicat. Aujourd'hui, en Nouvelle-Calédonie, ce qu'il manque véritablement, c'est un leader, ou des leaders. 

Francisco Sione, quatrième secrétaire général adjoint de l'Usoenc




En revanche, on semble assister au retour d'une tendance : la constitution en intersyndicale afin de gagner en poids. C'était le cas pendant la grève pour les bas salaires, en décembre dernier, ou plus récemment lors des manifestations contre la réforme du Ruamm.  "Les Calédoniens sont assez sensibles aux revendications qui réunissent l'ensemble des syndicats, c'est-à-dire les intersyndicales", résumait André Forrest, président de l'USTKE, interrogé par Stéphanie Chenais dans la matinale du 1er-Mai. A noter que la représentativité des syndicats a été publiée fin mars par le gouvernement.