La SLN ne va pas bien. Le sujet a été évoqué mardi 10 janvier dans l'hémicycle du Congrès à Nouméa. Mais aussi dans celui de l'Assemblée nationale à Paris, où le ministre délégué aux Outre-mer a fait une annonce : "Une réunion interministérielle est programmée cette semaine, pour apporter la réponse à court terme, et donc se donner le temps de travailler."
"Energie, exportations, production"
"Pour travailler, a continué Jean-François Carenco, le gouvernement est en contact étroit avec les autorités locales, les parties prenantes, pour [suivre] avec attention la situation, certes de la société SLN mais [aussi] de l'ensemble des activités du nickel en Nouvelle-Calédonie. Et pour élaborer une solution qui permettra de préserver l'activité. Energie, exportations, production, c'est bien le trépied sur lequel il nous faut travailler."
Avant "le couperet du dépôt de bilan"
Il répondait au député Philippe Dunoyer, qui a interpellé l'exécutif durant l'exercice des questions orales sans débat : "Il nous a été annoncé fin novembre que si aucun effort financier n'était apporté, la SLN fermerait, fin janvier 2023, et nous y sommes." Le parlementaire s'est interrogé sur "la méthode que vous comptez suivre pour permettre que des discussions, des réflexions, se tiennent afin d'élaborer [une] stratégie minière au long cours. Et à très court terme, quelle méthode comptez-vous utiliser pour engager des mesures immédiates de soutien financier avant que ne tombe le couperet du dépôt de bilan ?"
"Possibilité de continuer un plan de redressement"
"S'agissant de la SLN, l'Etat se tient prêt à étudier la possibilité de continuer un plan de redressement. Des choix sont à faire", a encore insisté le ministre délégué dans sa réponse, "et l'aide immédiate permettra de se donner le temps de ces choix. Sous réserve, bien évidemment, de la participation de l'ensemble des parties prenantes, et sous réserve de cette définition d'une stratégie à long terme." Un écho aux propos de son ministre de tutelle, début décembre, lors de leur déplacement commun. Interrogé à Koné sur cette situation difficile de la SLN, Gérald Darmanin déclarait : "La France sera toujours du côté de la Nouvelle-Calédonie et est très fière de sa production de nickel. Mais elle ne peut pas se limiter à faire des chèques. On doit savoir quel est le projet industriel derrière le nickel"
"Ne doutez pas de l'engagement du gouvernement"
Cette stratégie à long terme, a dit Jean-François Carenco ce mardi devant l'Assemblée nationale, "devra notamment permettre de pérenniser l'exploitation du nickel, de réussir la transition énergétique (…) et de conforter le développement du territoire notamment grâce aux exportations. C'est bien un sujet global et vous savez qu'au-delà de la SLN, c'est tout le nickel en Calédonie et que ça renvoie à d'autres sujets. Mais ne doutez pas de l'engagement du gouvernement sur ce sujet."
"Des choix seront à faire"
Le ministre délégué qui a commencé son intervention par un rappel : "Le soutien de l'Etat à l'industrie de transformation du nickel se chiffre depuis des années à plusieurs centaines de millions d'euros voire un peu plus. Par la forme de prêts garantis par l'Etat, de contribution financière aux investissements et de défiscalisation", a-t-il énuméré. En 2020, la Cour des comptes le mettait d'ailleurs en exergue dans son document sur "vingt ans de soutien financier de l'Etat à la filière nickel en Calédonie". Jean-François Carenco de poursuivre : "Malgré des initiatives de sauvegarde engagées par la société Le Nickel, sa situation demeure fragile et des choix seront à faire. Et je comprends l'inquiétude de tous ceux qui sont concernés directement ou indirectement par cette situation."
"Epée de Damoclès"
Philippe Dunoyer n'a pas non plus manqué de rappeler le double contexte, à la fois de difficultés et d'aide. "Pour mémoire, cette société, en 2016, a dû, pour éviter une cessation de paiement, être aidée et a obtenu des prêts très importants, notamment de la part de l'Etat, via l'Agence des participations, à hauteur de 200 millions d'euros [environ 24 milliards de francs Pacifique], pour franchir le cap très difficile que la baisse des cours du nickel lui infligeait, a déclaré le député. Des efforts ont bien sûr été entrepris (…) La productivité a été augmentée. Mais depuis, malheureusement, le conflit en Ukraine, le problème des coûts de l'énergie est venu de nouveau tendre une épée de Damoclès au-dessus de la tête de cette société."
Un échange à visionner ici (à partir de 2h52).
Des milliers d'emplois dans la balance
La SLN demeure le premier employeur privé du Caillou, avec plus de deux mille emplois directs et un nombre d'emplois induits estimé à huit mille. Ce mardi, sa situation a fait l'objet de nombreuses déclarations entre élus du Congrès. Une taxe sur les exportations de produits miniers et une redevance sur leur extraction ont été enfin créées, des outils fiscaux qui vont concerner la "Vieille dame" et les "petits mineurs". Mais pas KNS dans le Nord ni Prony Resources dans le Sud, protégés par un pacte de stabilité fiscale. Et plusieurs conseillers ont questionné la pertinence d'infliger ces nouvelles ponctions à la SLN vu le contexte. Une taxe et une redevance qui pourraient d'ailleurs rapporter encore moins que prévu si la filiale d'Eramet y échappe en partie, pour cause de mauvaise santé.