Le dimanche 7 mars, la présence de cas de Covid-19 hors quatorzaine en Nouvelle-Calédonie était annoncée, par Thierry Santa, toujours président du gouvernement, et Laurent Prévost. Une semaine après, le haut-commissaire revient sur ce coup de tonnerre, et sur le retour en confinement depuis mardi.
Dimanche 7 mars, cette nouvelle fracassante : neuf cas de Covid ont été détectés en dehors des quatorzaines, annonce notamment Thierry Santa en tant que toujours président du gouvernement. Et «il y a un risque très fort que le virus commence à circuler en Nouvelle-Calédonie».
Au fil des jours
Lundi, les écoles restent fermées.
Mardi, début du second confinement généralisé, et le Congrès vote la prolongation des mesures de chômage partiel.
Mercredi, la prochaine mise sous tutelle de la Nouvelle-Calédonie se précise.
Jeudi, on apprend qu’un cas du variant anglais a été identifié.
Vendredi, le ministre des Outre-mer assure les Calédoniens du soutien de l'Etat.
Samedi : le port du masque devient obligatoire.
Résumé de cette semaine pas comme les autres, avec Sheïma Riahi :
L'invité du JT
Et dimanche 14 mars, le haut-commissaire était l'invité de notre journal télévisé pour revenir sur la gestion de la pandémie qui nous a rattrapé, sur ce second confinement mais aussi sur le budget de la Nouvelle-Calédonie. Laurent Prévost répondait à Nadine Goapana.
Retrouvez son entretien (et ci-dessous la version scriptée) :
INTERVIEW
NC la 1ere : Les consignes sanitaires sont-elles bien respectées ?
Laurent Prévost : Oui. Comme l'année dernière, à vrai dire, l'ensemble des Calédoniens ont bien compris pourquoi ces contraintes étaient mises en place : il s’agit de se protéger soi-même et surtout de protéger les autres. Les contrôles menés ces derniers jours montrent un taux de respect de plus de 98 %. Depuis hier, on contrôle aussi le respect des règles concernant le port du masque. Je crois que les choses sont bien comprises.
On va faire effort, maintenant, sur quelques regroupements qui se font, surtout sur zone urbaine, en fin de journée. Sur la liberté d'aller et de venir, parce qu'il y a un certain nombre de points de blocages, et le blocage des routes n’est pas un motif autorisé pour les déplacements. Et on va aussi mettre l'accent sur les réseaux sociaux parce qu’il y a des messages parfois très nauséabonds qui circulent et qui parfois, relèvent d’incriminations devant la justice.
Les contrôles menés ces derniers jours montrent un taux de respect de plus de 98 %.
Dans un communiqué, l’Union calédonienne indique que la présence du Covid est la résultante d’une série de manquements de l’Etat. Le MNIS utilise le terme de défaillance… Selon vos informations, la source de la circulation du virus a-t-elle été identifiée ?
L.P. : Nos collègues de Wallis et Futuna sont en train d’enquêter pour savoir comment le virus est entré à Wallis et Futuna. Mais enfin, l’Etat a ses responsabilités, il les partage avec le gouvernement de la Calédonie sur les règles sanitaires, sur la définition de la bulle sanitaire. Sur l’organisation des liaisons aériennes entre Wallis et Futuna et la Calédonie, il y a également un partage des responsabilités. Et je suis tout à fait prêt à en discuter avec les membres du gouvernement actuel qui gèrent ces dossiers-là…
Au-delà de ça, je pense que ce qui est important, dans la période où l’on est, c’est que l’ensemble des institutions soient unies. Que l’ensemble de ceux qui portent une parole publique soient unis. Et montrent aux Calédoniens un souci de cohésion, de solidarité, de respect des personnes humaines. Je crois que c’est ça ce qui est important : rappeler cette nécessité d'agir tous ensemble. […] Le temps des enquêtes […] viendra. Les choses seront dites, elles l'ont toujours été. Mais pour l’instant, ce qui compte, c’est que chacun assume ses responsabilités.
Ce qui est important, dans la période où l’on est, c’est que l’ensemble des institutions soient unies. Que l’ensemble de ceux qui portent une parole publique soient unis. Et montrent aux Calédoniens un souci de cohésion, de solidarité, de respect des personne humaines.
Est-ce que l’on se dirige vers une prolongation du confinement ?
L.P.: C’est une décision qui n'est pas prise, qui suppose que le gouvernement calédonien (compétent en matière de santé publique) voie ce qu'il souhaite faire, ce qu’il a comme proposition du comité d’experts placé auprès de lui. Et qu'il me propose (ou pas, d’ailleurs) une prolongation avec les mesures de restriction de circulation et d’activité qui iront avec. Mais ce sont des décisions qui ne sont pas encore prises.
[La prolongation du confinement] est une décision qui n'est pas [encore] prise.
Sur la demande d’une suspension des vols militaires le temps du confinement, quelle réponse pouvez-vous apporter ?
L.P. : J’ai un air de déjà-vu de l’année dernière… Ce qui est important de redire, c’est que [pour] l’ensemble des vols qui amènent des relèves, que ce soit en gendarmerie ou en forces armées, les personnels sont soumis aux règles très strictes de quatorzaine mises en œuvre pour entrer en Calédonie, et que leur suivi est fait par des personnels du service de santé des armées. Donc ne pèse pas sur les services de la Nouvelle-Calédonie.
L’Etat s’est engagé à envoyer dix mille doses de vaccin de type Pfizer chaque semaine…
L.P. : A la fin du mois de mars, l'Etat aura fourni un peu plus de trente mille doses du vaccin Pfizer à la Nouvelle-Calédonie. Ça a permis d’engager une campagne, qui a démarré timidement, qui a connu une accélération assez brutale depuis la détection des cas de Covid en fin de semaine dernière et il faut ajuster, maintenant, la demande calédonienne avec les capacités de la France de fournir des doses de vaccin elle-mêmes sous tension au niveau national.
On est en discussion […] pour voir à quel rythme les choses sont en train de monter en puissance et quelle(s) réponse(s) l'Etat peut apporter en termes d'approvisionnement. On a des arrivées prévues jusqu’à la fin du mois de mars […]. Pour qui sera du mois d'avril, nous avons [ce lundi] une réunion avec le ministère de la Santé en visio-conférence, qui associera le gouvernement de Calédonie et la DASS. Ça va être l’occasion d’ajuster les choses.
Il faut ajuster la demande calédonienne avec les capacités de la France de fournir des doses de vaccin elle-mêmes sous tension au niveau national.
Le chômage partiel Covid-19 a été prolongé. Est-ce qu’au niveau de l’Etat, cette solidarité pourra encore s’exprimer ?
L.P. : Les principaux outils, qui fonctionnent depuis un an maintenant (le fonds de soutien aux très petites entreprises et le prêt garanti aux entreprises), c'est déjà près de 25 milliards de francs Pacifique versés au profit des entreprises calédoniennes. Ils continuent, jusqu’en juin pour l’un, jusqu’en juillet pour l’autre […]. Ils ont été un peu aménagés dans leurs dispositions. Pour le fonds de solidarité, maintenant, il faut une perte de chiffre d’affaires de 50% d’un mois sur l’autre.
Au vu des délais raccourcis par le confinement, se dirige-t-on vers une prise en main de l’Etat pour établir le budget 2021 de la Nouvelle-Calédonie ?
L.P. : «Prise en main», «mise sous tutelle»… En fait, de quoi s’agit-il ? Au 31 mars, le représentant de l'Etat peut saisir la Chambre territoriale des comptes et le gouvernement pour que la [CTC] me propose un budget pour la Calédonie. Ça sert à faire que la Nouvelle-Calédonie puisse fonctionner le plus correctement possible, en particulier pour ses investissements parce que sinon, à partir du mois d’avril, elle ne peut plus engager de dépenses d’investissement s’il n’y a pas de budget arrêté.
On va prendre les chiffres préparés par les services de la Nouvelle-Calédonie […]. La Chambre territoriale des comptes va donner un avis. On prend les recettes de l'année dernière, on prend les dépenses obligatoires de la Calédonie. J'arrêterai un budget et ensuite, c’est à la Calédonie d’exécuter le budget, de retrouver la pleine maîtrise de son fonctionnement et dès qu’elle sera en état de le faire, d’adopter si elle le souhaite un budget modificatif.
J'arrêterai un budget et ensuite, c’est à la Calédonie d’exécuter le budget, de retrouver la pleine maîtrise de son fonctionnement et dès qu’elle sera en état de le faire, d’adopter si elle le souhaite un budget modificatif.
Donc on se dirige vers ce processus ?
L.P. : Vu les délais de mise en place du dix-septième gouvernement, la réponse est "Oui". Et c’est plutôt un service à rendre pour que le pays puisse fonctionner le plus normalement possible sur le plan économique et financier. Ça ne va rien enlever, ensuite, aux compétences du dix-septième gouvernement quand il sera mis en place.