Le marché immobilier calédonien en crise, une reprise timide malgré des défis immenses

Vue sur le quartier du Faubourg-Blanchot à Nouméa.
Depuis mai 2024, les transactions immobilières se sont effondrées, menaçant des centaines d’emplois. Si quelques signes de reprise émergent, les professionnels restent prudents face aux incertitudes.

Le marché immobilier de Nouvelle-Calédonie traverse une crise sans précédent. Selon le Panorama de l’immobilier, les transactions avaient déjà reculé de 17,4 % en 2023, en grande partie à cause de la hausse des taux d’intérêt amorcée dès 2022. Mais depuis les événements de mai 2024, la situation s’est drastiquement aggravée.

"Là où on avait auparavant en moyenne 250 à 300 compromis par mois, on est arrivé, aux mois de juillet, août et septembre, à des moyennes de 25 à 30 compromis. Le chiffre d’affaires des agences s’est totalement effondré. Certaines ont dû fermer ou procéder à des licenciements, malgré l’accompagnement de l’État et de la Nouvelle-Calédonie sur le chômage partiel", alerte Jean-Damien Ponroy, président de la Fédération territoriale des agents immobiliers.

La crise dépasse les agences immobilières

Cette crise n’a pas seulement touché les agences immobilières. Selon le Panorama de l’immobilier, le chiffre d’affaires global du secteur avait déjà chuté de 75 à 85 % en 2023, affectant de nombreux métiers. "Les géomètres, les études notariales, un certain nombre d’entreprises ou de petits patentés qui font des travaux pour les bailleurs", précise Jean-Damien Ponroy. Entre 500 et 700 emplois sont menacés, selon les données disponibles.

Des signes de reprise, mais une reprise fragile

Malgré cette crise profonde, un frémissement se fait sentir depuis quelques semaines. Des biens décotés, principalement des appartements entre 7 et 20 millions de francs CFP, trouvent preneurs, souvent grâce à un léger recul des taux bancaires. "On observe depuis quelques semaines seulement un frémissement sur le marché de la transaction immobilière avec une petite reprise. Ce sont des biens fortement décotés par les vendeurs ou de petites valeurs", explique Jean-Damien Ponroy.

Cependant, cette reprise reste fragile, notamment en raison des incertitudes entourant la reconduction du chômage partiel. "Si le chômage partiel s’arrête, on peut craindre une augmentation des licenciements économiques, ce qui aurait un effet négatif sur le marché de la gestion locative."

Une année 2025 sous haute tension

Alors que 2025 débute, les professionnels du secteur espèrent une stabilisation durable. Mais les défis restent nombreux : hausse du coût de la vie, incertitudes économiques et sociales, et attractivité en baisse pour les investisseurs. Pour les agences, les solutions passent par l’innovation, comme l’organisation de ventes aux enchères ou la mise en valeur des biens à forte décote. Cependant, la confiance des acheteurs reste la clé pour relancer durablement le marché immobilier calédonien.