Nouvelle-Calédonie : chronologie et décryptage des troubles qui perdurent depuis quatre mois

Au verrou Nord, juste avant la tribu de Saint-Louis, au Mont-Dore.
Treize victimes, dont deux gendarmes, voici le bilan de la grave crise qui secoue plus que jamais la Nouvelle-Calédonie. Quatre mois après le début des émeutes déclenchées par le projet de réforme électorale, Outre-mer la 1ere avec l’AFP vous propose un retour en arrière sur les dates clés de cette crise.

Les indépendantistes rejettent le projet de loi constitutionnelle, suspendu en juin. Ce projet vise à élargir le corps électoral pour les scrutins provinciaux aux résidents installés depuis au moins dix ans dans cet archipel français du Pacifique Sud (270.000 habitants).

Émeutes et couvre-feu

Dans la nuit du 13 au 14 mai, alors que le texte est débattu à l'Assemblée nationale, des émeutes éclatent.

Des véhicules sont incendiés, des commerces pillés et des barrages routiers érigés, principalement autour de Nouméa. Des jeunes masqués affrontent les forces de l'ordre lors de violences inédites sur ce territoire depuis près de quarante ans.

Le 14, le couvre-feu est décrété à Nouméa. L'aéroport international et des écoles sont fermés.

Le mur d'escalade de Magenta a brûlé, le 14 mai 2024 à Nouméa.

Premiers morts et état d'urgence

Dans la nuit du 14 au 15 mai, adoption houleuse à l'Assemblée de la réforme. Le 15, Emmanuel Macron impose l'état d'urgence dans le territoire.

Les émeutes font quatre morts en deux nuits : un gendarme de 22 ans et trois Kanak, dont un étudiant de 19 ans et une jeune fille de 17 ans. Un autre gendarme sera tué accidentellement par un collègue le 16 mai.

L'armée se déploie et, mesure inédite, le réseau social TikTok est interdit.

L'Azerbaïdjan accusé d'ingérence

Le 16, Gérald Darmanin accuse l'Azerbaïdjan d'ingérence en faveur des émeutiers. Bakou conteste.

Plus de 80% du circuit de distribution (magasins, entrepôts, grossistes) de Nouméa est "anéanti".

Le 18, le passage prévu en juin de la flamme olympique est annulé. Un homme est tué dans un échange de coups de feu sur un barrage, le sixième décès en quelques jours.

L'élue Omayra Naisseline (à droite) aux côtés de Sahiba Gafarova la présidente de l'assemblée nationale d'Azerbaïdjan. Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie est représenté par un drapeau du FLNKS.

Visite de Macron

Le 19, l'Etat dégage les barrages routiers entre Nouméa et l'aéroport. Certains sont vite rétablis.

Les présidents de quatre exécutifs d'outre-mer appellent au "retrait immédiat" de la réforme pour empêcher une "guerre civile". Les pays voisins s'activent pour évacuer leurs ressortissants.

Arrivé le 23 à Nouméa, Emmanuel Macron s'engage à ne pas passer "en force" et souhaite un "accord global" suivi d'un vote des Calédoniens sur le statut institutionnel de l'île.

Un homme est tué le 24 par un policier, après la visite du chef de l'Etat.

Le 28, l'état d'urgence et l'interdiction de TikTok sont levés.

Emmanuel Macron haranguant les Calédoniens le 26 juillet 2023, à Nouméa.

Suspension de la réforme

Deux hommes, blessés par des gendarmes fin mai et début juin, succombent à leurs blessures.

Le 12 juin, Emmanuel Macron suspend la réforme électorale. L'aéroport et les établissements scolaires rouvrent.

Coup de filet chez les indépendantistes

Le 19 juin, Christian Tein, leader de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), groupe indépendantiste accusé par le gouvernement d'avoir orchestré les émeutes, est arrêté avec d'autres militants.

Au total treize membres de la CCAT sont mis en examen notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs, dont sept sont initialement placés en détention provisoire en métropole.

Incarcéré à Mulhouse (Haut-Rhin), Christian Tein affirme être "un prisonnier politique". Il sera désigné le 31 août président de l'alliance indépendantiste du Front de Libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).

Le 24 juin, les violences reprennent.

Les dégâts, colossaux depuis le début de la crise, sont évalués à au moins 2,2 milliards d'euros.

Député indépendantiste élu

Le 7 juillet, la Nouvelle-Calédonie envoie, pour la première fois depuis 1986, un député indépendantiste à l'Assemblée nationale, Emmanuel Tjibaou.

Le 10, un homme recherché par les gendarmes est tué dans un échange de tirs. C'est le dixième mort.

Les indépendantistes perdent la présidence du Congrès

Le 15 août, après trois mois de crise, une onzième personne décède, un homme tué par un tir de gendarme. 

Le 29, les indépendantistes perdent la présidence du Congrès, l'assemblée qui élit notamment le gouvernement de l'île.

Le 6 septembre, prolongation du couvre-feu et de l'interdiction des rassemblements.

Le 16 septembre, le député loyaliste Nicolas Metzdorf compare les Calédoniens aux Israéliens dans un message posté sur X (ci-dessous).

12 et 13e morts

Le 12 septembre, la justice refuse de dépayser l'enquête judiciaire visant des militants indépendantistes.

Dans la nuit du 18 au 19, deux Kanak de la tribu de Saint-Louis sont tués par des gendarmes lors d'une opération. Ils appartenaient à un groupe soupçonné d'une cinquantaine de car-jackings et de tirs sur les forces de l'ordre.