Plus de trois semaines après sa nomination, le Premier ministre Michel Barnier a détaillé la feuille de route de son gouvernement devant l'Assemblée nationale lors de sa déclaration de politique générale ce mardi 1er octobre. Réduction du déficit, dette écologique, réflexion sur l'introduction d'une part de proportionnelle dans certains scrutins... Le discours revient sur les priorités du gouvernement Barnier.
En janvier dernier, son prédécesseur, Gabriel Attal, n’avait consacré qu’une petite minute de sa déclaration de politique générale aux Outre-mer. Ce mardi, Michel Barnier a évoqué plus longuement les problématiques ultramarines, revenant notamment sur le problème de la vie chère et sur la crise qui secoue la Nouvelle-Calédonie depuis des mois. Il n'a en revanche cité ni Mayotte ni la Guyane – deux territoires qui font face à d'importants flux migratoires – dans la partie de son grand oral consacrée à l'immigration.
Nouveau report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie
"J’ai conscience des souffrances et de l’angoisse que ressentent les habitants de Nouvelle-Calédonie. Je veux leur dire que l’État et mon gouvernement seront à leurs côtés", a déclaré Michel Barnier, évoquant la "crise d’une gravité exceptionnelle" que connaît le territoire "depuis maintenant quatre mois et demi".
Les élections provinciales, qui déterminent la composition du Congrès calédonien, seront à nouveau reportées. Initialement prévues en mai 2024, elles devraient avoir lieu "fin 2025". "Les assemblées parlementaires auront donc prochainement à se prononcer sur ce report par une loi organique", a précisé le Premier ministre.
Par ailleurs, Michel Barnier ne présentera pas la réforme du dégel du corps électoral devant le Congrès. C'est cette mesure qui avait mis le feu aux poudres sur le Caillou en mai dernier. "Le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral adopté en mai dernier par les assemblées parlementaires ne sera pas soumis au Congrès, comme le confirmera le président de la République aux élus de Nouvelle-Calédonie", a précisé le Premier ministre, qui évoque une rencontre entre Emmanuel Macron et les élus calédoniens "au mois de novembre".
Une nouvelle période doit maintenant s’ouvrir, consacrée à la reconstruction économique et sociale de la Nouvelle-Calédonie et à la recherche d’un consensus politique sur son avenir institutionnel. Ce travail sera conduit dans le respect des convictions de chacun, de la diversité du peuple calédonien et des principes démocratiques.
Michel Barnier, Premier ministre
Michel Barnier a tenu à "remercier" la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, qui ont "accepté de conduire une mission de concertation et de dialogue qui se rendra en Nouvelle-Calédonie prochainement". Par ailleurs, une délégation interministérielle, regroupant les équipes du Premier ministre et celles du ministre des Outre-mer, animera les discussions entre les parties à Paris et à Nouméa.
Vers un nouveau CIOM en 2025
Michel Barnier a promis "écoute, respect et dialogue" aux "trois millions de Français qui vivent dans les Outre-mer, et font vivre la France, dans trois océans". "Nos douze départements et territoires sont une partie essentielle de notre pays. Le gouvernement dialoguera avec ces territoires en respectant leur spécificité, leur culture, leur diversité, et en entretenant des relations suivies avec leurs élus", a certifié le Premier ministre.
Ensemble, je pense que nous devons aussi lutter rapidement contre la vie chère qui frappe nos compatriotes.
Michel Barnier, Premier ministre
Il présidera "durant le premier trimestre 2025" un nouveau comité interministériel des Outre-mer (CIOM) avec les élus et les organisations professionnelles. L'objectif sera "de valoriser leurs ressources propres, agricoles, forestières, maritimes, énergétiques" des Outre-mer au "bénéfice direct de leurs habitants". Le dernier CIOM s'est tenu en novembre 2023.
Les Outre-mer, un "laboratoire d’innovation" du renouvelable
Entamant son discours par la double nécessité de réduire "notre double dette budgétaire et écologique", Michel Barnier a affirmé que son gouvernement poursuivra "le développement du nucléaire". Le Premier ministre compte aussi "valoriser la biomasse" et notamment développer "la filière française des biocarburants pour l’aviation".
"Dans les Outre-mer, qui sont engagés vers un objectif de 100 % d’électricité renouvelable en 2030, seront développés des laboratoires d’innovation pour le solaire et la géothermie", a promis le chef du gouvernement
Sans majorité claire, Michel Barnier dispose d’une marge de manœuvre réduite pour faire passer ses réformes. Soulignant "qu'aucun parti" n'a la majorité absolue "ni à lui tout seul, ni avec ses alliés", il estime néanmoins que "les Français ne nous pardonneraient pas l'immobilisme".