Les femmes de ménage victimes collatérales du confinement

Les femmes de ménage devraient bénéficier de la mesure exceptionnelle de chômage partiel, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie l’a assuré mercredi. Le confinement place les employés de maison dans une situation encore plus précaire que d'ordinaire.
Il est 4 heures du matin, Nicole Mitride passe l’aspirateur chez l’un de ses employeurs. La femme de ménage travaille au chèque emploi service. Depuis les premiers cas de Covid-19, deux de ses neuf «patrons» n’ont  plus donné de nouvelles. Un troisième a fait savoir qu’il la paierait une fois le confinement terminé.
Le dossier de Jeannette Peteisi :

Quelle situation pour les femmes de ménage ?

 

Avec ces deux personnes en moins, je vais percevoir à peu près 150 000F. Pour moi, ce n'est pas assez. J'ai la moitié de ma maison à payer, l'électricité, l'eau, et la nourriture.
- Nicole Mitride, femme de ménage

 

Au franc près

La différence pèse lourd dans le budget de la technicienne de surface, qui percevait 180 000 F par mois. Femme de ménage depuis plus de dix-sept ans, Nicole était déjà très organisée dans ses dépenses. Aujourd’hui, elle doit tout calculer au franc près. Et face au silence de certains employeurs, c’est l’incompréhension.
 

J'ai deux employeurs qui me considèrent comme leur famille et il y en a, non. T'es une femme de ménage, sans plus. C'est quand même moi qui fais tout chez eux. Je ne comprends pas qu'ils ne m'aient pas rappelée, au moins pour me dire s'ils ont l'intention de me payer ou non. Que je sache à quoi m'attendre.
- Nicole Mitride, femme de ménage

 

Au cœur de la crise

Le confinement a placé les femmes de ménage dans une situation délicate. La menace du Covid-19 nécessite des mesures de précaution contraignantes, pour celles qui continuent à travailler chez les particuliers ou pour les sociétés. Elle en a obligé d'autres à cesser l'activité qui les nourrit. Par sécurité, ou parce que des employeurs eux-mêmes frappés par la crise n'ont plus les mêmes moyens financiers.
 
 

Une façon d'exprimer sa solidarité

D’autres n’hésitent pas à faire preuve de solidarité. Quitte à rémunérer sans travail effectué, ou davantage que d'habitude. «En moyenne, je paie entre quinze et seize mille francs par mois, et je me suis retrouvée à verser trente mille francs», témoigne Stéphanie Habasque-Tobie gérante d’entreprise. «Pour pallier à des personnes qui ne jouent pas le jeu.» Elle dénonce au passage l’abus du recours au chèque emploi service, normalement destiné à un emploi saisonnier qui ne dure pas plus de quatre semaines.
 

Avec les bons alimentaires, on ne peut pas payer Enercal, EEC, ou l'OPT. Les femmes de ménage ont besoin d'argent aussi. Il faut absolument que des employeurs de chèque emploi service paie leur femme de ménage.
- Stéphanie Habasque-Tobie, gérante de société 

 

Intégrées aux mesures exceptionnelles

Le gouvernement a d’abord annoncé que les femmes de ménage ne seraient pas comprises dans le dispositif de chômage partiel. Puis mercredi, Christopher Gygès a finalement évoqué une aide pour les personnes travaillant au chèque emploi service. «On a souhaité que cette population qui ne gagne déjà déjà pas forcément très bien [sa] vie puisse rentrer dans le dispositif allocations Covid-19», explique le porte-parole.
 

La spécificité pour les gens de maison et les chèques emploi service, c'est que, sur le dispositif "chômage partiel allocations Covid", c'est l'employeur qui dépose la demande de chômage partiel.
- Christopher Gygès, gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

 

Semaine prochaine

Le dispositif devrait être mis en place dans le courant de la semaine prochaine, explications à retrouver ici.