“Tout le monde peut jouer ! Je dirais même, tout le monde doit jouer, pour tenter sa chance et faire gagner le patrimoine à tous les coups”, avançait Alexandre Giuglaris, le directeur général de la Fondation du patrimoine, le 21 mars. Il venait de dévoiler la liste des lieux retenus pour le loto du patrimoine 2024. Parmi eux, pour la première fois, un site calédonien : la maison du commandant du pénitencier de La Foa.
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Son image fera le tour de France, sur des tickets de grattage commercialisés par la Française des jeux. Mais ils ne seront pas vendus en Nouvelle-Calédonie. Les grilles du loto du patrimoine, non plus. La Française des jeux n’a en effet jamais obtenu d’autorisation d’exploitation sur le territoire.
Des études demandées
Comme au niveau national, c’est le principe d’interdiction des jeux de hasard qui s’applique. Sauf dérogation. Ici, elles sont délivrées par le gouvernement local. La question d’en accorder une à la Française des jeux s’est notamment posée en juillet 2019, au Congrès. Il était alors demandé aux élus de mettre en œuvre une réforme de la réglementation décidée à Paris.
Les élus calédoniens en ont profité pour solliciter des études. L’une, sur “les risques d’addiction que peuvent représenter les jeux d’argent organisés en Nouvelle-Calédonie”. L’autre, sur “les impacts financiers possibles de l’implantation de la FDJ en Nouvelle-Calédonie”. Impossible d’en trouver la trace aujourd’hui. Les débats, en revanche, ont été consignés.
La tentation de nouvelles recettes fiscales
“Il faut peut-être voir la Française des jeux comme une opportunité, non seulement d’encadrer la dépendance aux jeux, mais ensuite de pouvoir en retirer un bénéfice fiscal pour le pays”, suggérait Nicolas Metzdorf, qui siégeait hors groupe, pour Générations NC. La Pacifique des Jeux rapporte à la Polynésie entre 550 et 800 millions de francs, précisait-il.
Des chiffres confirmés par Yoann Lecourieux, alors membre du gouvernement en charge du budget. “Tout en sachant que nos voisins n’ont que la FDJ, ils n’ont pas de Bingo ou de casinos officiels”, ajoutait-il.
Le choix de la prudence
Mais sans études, tous les élus du Congrès s’étaient accordés sur la prudence. “Il apparaît que les jeux de la Française des jeux, qui sont des jeux de grattage ou des jeux de loterie, pourraient amener à des pratiques addictives beaucoup plus importantes que les jeux où les personnes sont obligées de se déplacer dans un casino pour aller jouer. Or, on sait qu’en Nouvelle-Calédonie, il y a un certain nombre de foyers qui sont surendettés”, soulignait par exemple Virginie Ruffenach, au nom de l’Avenir en confiance.
Des inquiétudes partagées par Caroline Machoro-Reigner, Maria Waka ou encore Veylma Falaeo.
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Il n’y a pas eu de nouvelles discussions sur le sujet au Congrès, depuis. Les tickets de grattage et les grilles de loto du patrimoine ne seront donc pas vendus en Nouvelle-Calédonie. Mais la maison du commandant du pénitencier de La Foa recevra quand même des fonds. 60 millions au maximum, tirés d’une partie des recettes réalisées par la Française des jeux sur les ventes, dans les autres territoires.