Comme chaque année depuis 2018, la Fondation du patrimoine organise un grand loto du patrimoine au mois de septembre pour financer la rénovation et la réhabilitation d'édifices français qu'il est urgent de préserver. La liste des sites emblématiques a été dévoilée mercredi 20 mars.
Parmi les 18 lieux retenus, cinq se trouvent en Outre-mer. Il s'agit de l'église Notre-Dame de l'Assomption à Trois-Rivières (Guadeloupe), l'immeuble du 8, rue Garnier-Pagès à Fort-de-France (Martinique), la Maison Emmanuel à Cayenne (Guyane), les bâtiments historiques du musée de Villèle à Saint-Paul (La Réunion) et l'ancienne maison du commandant du pénitencier de La Foa (Nouvelle-Calédonie). Pour la première fois, un site calédonien apparaîtra sur les tickets de grattage qui seront mis en vente dans quelques mois.
L'ensemble de ces lieux ont été précieusement sélectionnés par un comité présidé par Stéphane Bern et composé de membres de la Fondation du patrimoine, du ministère de la Culture et de la Française des Jeux. Selon les gains de l'opération, chaque projet pourra obtenir jusqu'à 500.000 € maximum.
Sur Outre-mer la 1ère, le directeur général de la Fondation du patrimoine, Alexandre Giuglaris, lance un appel à identifier et signaler les édifices ultramarins qui pourraient bénéficier de financements lors des prochaines éditions.
Outre-mer la 1ère : Pour la première fois, un site emblématique calédonien a été sélectionné pour le Loto du patrimoine. Pourquoi cette nouveauté ?
Alexandre Giuglaris : Il y a une question importante sur l'identification et le signalement des sites [en péril, NDLR]. Pour nous, c'est une bonne nouvelle d'avoir un projet venant de Nouvelle-Calédonie. Nous avons eu un signalement, nous avons étudié le dossier et on a trouvé qu'il avait de l'intérêt et de l'importance.
Pour l'océan Pacifique, nous avons assez peu de projets, il faut le souligner. Si vous me permettez, je lancerais bien un appel aux bonnes volontés et au signalement sur la plateforme www.missionbern.fr. Chacun a la possibilité de signaler un site et de porter à l'attention de la mission Bern le fait qu'un édifice a besoin d'un soutien, parfois en urgence.
En quoi le site calédonien, l'ancienne maison du commandant du pénitencier de La Foa, est-il intéressant ?
C'est un projet qui est témoin de l'histoire, et d'une histoire qui peut être douloureuse parfois, mais qui a besoin d'être préservée pour être enseignée [le bagne, NDLR]. Et puis, ce qui nous a particulièrement intéressé, c'est le projet qui est porté entre guillemets derrière. Ce n'est pas seulement de la restauration, mais c'est aussi quelque chose qui va être transformé, réhabilité en Maison du patrimoine naturel et culturel de Nouvelle-Calédonie.
C'est l'un des critères du loto du patrimoine : c'est de se dire "restaurer le patrimoine, c'est indispensable", mais si on peut redonner vie à un édifice, c'est une dimension supplémentaire qui est très importante pour nous.
À titre personnel, je dirais que je suis très attaché aux liens entre patrimoine naturel et patrimoine culturel. Dans ce site, dans ce projet sélectionné, la dimension naturelle a beaucoup compté.
Au-delà de l'ancienne maison calédonienne, il y a quatre autres sites ultramarins dans la liste des lieux emblématiques. Comment ces édifices ont-ils été choisis ?
La particularité de la mission Bern, du loto du patrimoine, c'est que tout le monde peut participer en identifiant des sites qui ont besoin d'une restauration, parfois même d'une sauvegarde, et en déposant des candidatures sur le site www.missionbern.fr. Les cinq sites Outre-mer ont été signalés sur la plateforme. Ensuite, ils ont été instruits par les équipes de la Fondation du patrimoine.
Il y a un certain nombre de projets, qui sont avancés ou qui ont des besoins urgents, qui sont remontés auprès du comité de sélection de la Mission patrimoine, présidé par Stéphane Bern. Ce comité sélectionne les sites emblématiques.
Quel est l'enjeu pour le patrimoine en Outre-mer ? Est-il plus menacé qu'ailleurs ?
Il n'est pas plus, mais surtout pas moins en péril qu'ailleurs. Le patrimoine est victime de l'usure du temps, du dérèglement climatique... Il y a des urgences à agir.
L'un des critères majeurs du loto du patrimoine, c'est de sélectionner les projets qui en ont le plus besoin, ceux pour lesquels le péril est le plus avancé. Et c'est là qu'on intervient, avec des dotations parfois tout à fait significatives, pour leur venir en aide et assurer leur pérennité, leur transmission aux générations futures.
De quel montant les sites en Outre-mer ont-ils besoin ?
Aujourd'hui, le montant prévisionnel des travaux pour ces cinq édifices ultramarins est évalué à plus de 8 millions d'euros. Les jeux, qui seront commercialisés en septembre, vont rapporter, je l'espère, beaucoup d'argent. À partir de là, le comité viendra définir les enveloppes financières qui seront attribuées à chacun des projets.
On calcule ces aides en fonction des moyens disponibles, mais aussi en fonction des autres co-financeurs. C'est quelque chose qui est très important à la Fondation et pour le loto du patrimoine : c'est de s'assurer qu'il y a d'autres co-financeurs pour être sûrs que les projets vont être lancés. En l'occurrence, il y a souvent des aides publiques. Il y a aussi l'autofinancement apporté par chacun des porteurs de projet, qu'ils soient publics ou privés.
Le montant maximum dont peut bénéficier un site emblématique au titre du loto du patrimoine, c'est 500.000 euros. Il y a un certain nombre de sites ultramarins qui ont déjà bénéficié de cette dotation. On veille à pouvoir apporter le maximum d'argent dans une enveloppe qui est, malheureusement, un peu contrainte.
Le loto du patrimoine n'est donc pas limité aux cinq départements et régions d'Outre-mer ? Vous pouvez aller dans tous les territoires, jusqu'à Saint-Pierre et Miquelon ou Wallis et Futuna ?
On a déjà soutenu des projets à Saint-Pierre et Miquelon ! Pas à Wallis et Futuna, donc encore une fois, n'hésitez pas à candidater.
Il y a une règle, c'est qu'on essaie d'avoir un équilibre géographique entre collectivités d'Outre-mer et grandes régions métropolitaines. Mais en dehors de ça, non, avec plaisir, on est preneur de nouveaux projets à pouvoir soutenir.
Y a-t-il un suivi des différents projets que la Fondation soutient ?
Oui, ça fait partie des garanties, des conditions, à la fois d'existence de cette mission et surtout de l'action de la Fondation du patrimoine au quotidien. Si la Fondation et l'opérateur du loto du patrimoine ont été mobilisés aux côtés de Stéphane Bern, c'est parce que nous avons la capacité à suivre l'état d'avancée des travaux et ensuite l'utilisation de ces édifices. C'est important d'assurer une transparence et un suivi de l'utilisation de ces fonds publics.
Qui pourra participer et comment pourra-t-on jouer au loto du patrimoine ?
Tout le monde peut jouer ! Je dirais même tout le monde doit jouer pour tenter sa chance et faire gagner le patrimoine à tous les coups. Les jeux sont commercialisés à partir de fin août, début septembre.
Il y a deux opérations : il y aura un ticket de grattage sur lequel figureront les sites emblématiques qui sera commercialisé par la Française des jeux, partenaire de cette opération ; puis vous aurez ensuite les tirages de loto classique, là aussi opérés par la FDJ. Rendez-vous au mois de septembre parce qu'on aura besoin de nombreux joueurs pour maximiser les chances de financer au mieux tous ces projets.