Nickel : ce que le bilan trimestriel d'Eramet dit de la SLN

Le site SLN de Poum.
Le groupe minier et métallurgique français publiait cette semaine ses résultats pour le troisième trimestre 2023. On y lit que les ventes de la SLN ont reculé de 5 %, qu'elle a recouru à la dernière tranche du prêt accordé par l'Etat et qu'Eramet "confirme sa décision de ne plus octroyer de nouveaux financements à sa filiale calédonienne."

980 millions d'euros, c'est le chiffres d'affaires ajusté d'Eramet au troisième trimestre. Soit 117,5 milliards de francs Pacifique. En un an, il a reculé de 26 % puisqu'il atteignait 1,3 milliard au troisième trimestre 2022 (155 milliards CFP). La faute, analyse le groupe, à la forte baisse des prix de vente (- 27 % en un an), en partie compensée par la croissance des opérations minières en volume (+ 7%). Citée, la présidente directrice générale garde toutefois un regard positif sur les résultats.

Au troisième trimestre, dans un environnement macro-économique difficile, avec des prix de vente nettement inférieurs à ceux de l’an dernier, nous avons réalisé une très bonne performance opérationnelle, grâce à la hausse de nos volumes produits et à une discipline financière stricte.

Christel Bories, PDG d'Eramet

Weda bay continue à pousser

En matière de nickel, le chiffre d'affaires ajusté est, lui, à la hausse de 11 %. 396 millions d'euros au troisième trimestre 2023 (47,5 milliards CFP), contre 357 au troisième trimestre 2022 (42,8 milliards CFP). Une progression tirée par "la plus grande mine de nickel du monde", celle de Weda bay en Indonésie. Le bulletin d'Eramet s'attarde sur la "poursuite de la croissance exceptionnelle" de ce site industriel dans lequel le groupe français détient une participation indirecte de 38,7 %. 

A Nouméa, effet prix défavorable 

Pendant ce temps, en Calédonie, "les ventes de la SLN sont en recul de 5 %, à 224 millions d'euros [26,85 milliards CFP], reflétant un effet prix fortement défavorable, partiellement compensé par la forte croissance des volumes vendus de minerai et de ferronickel, par rapport à un niveau bas au troisième trimestre 2022". 

L'usine de la SLN, à Doniambo, à l'entrée de Nouméa.

Si l'on zoome, le prix spot du ferronickel produit par l'entreprise a affiché une baisse d’environ 12 %. Quant au minerai exporté par la "Vieille dame", son prix moyen, en baisse de 20 % sur le trimestre, a été de 87 dollars par tonne humide. Il a néanmoins "connu une hausse progressive, passant de 80 $/th à environ 95 $/th début octobre, en raison de tensions sur l’offre de minerai indonésienne"

Côté mines

La SLN a produit 1,5 million de tonnes humides. Une production minière "stable par rapport au troisième trimestre 2022, observe son actionnaire majoritaire. Toutefois, des problèmes sociétaux ainsi que des difficultés d’obtention des autorisations d’exploiter persistent, notamment à Poum (activité suspendue depuis août) et à Népoui." 

Volumes d'export

"Les exports de minerai de nickel à faible teneur affichent une progression à 0,7 millions de tonnes humides (+ 17 %), compte tenu d’une offre de minerai indonésien limitée, indique encore le groupe. La production et les ventes de ferronickel sont également en hausse", ce qu'Eramet attribue à "un meilleur fonctionnement de l’usine maintenant correctement alimentée en électricité suite à la mise en place de la CAT", la Centrale accostée temporaire qui remplace l'ancienne usine électrique.

La CAT, centrale accostée temporaire, de la SLN à Doniambo en octobre 2022.

"Importantes difficultés"

Mais au global, "la filiale calédonienne du groupe continue de faire face à d’importantes difficultés, tant en termes d’autorisations d’exploitation que d’accès à une énergie compétitive, dans un contexte d’environnement de prix dégradé pesant sur ses résultats. La poursuite du plan de réduction des coûts et de préservation de la trésorerie reste aujourd’hui la priorité."

Horizon inquiétant

Avec des perspectives toujours inquiétantes. La SLN a recouru en août à la dernière tranche du prêt accordé par l’Etat en début d’année, vingt millions d'euros (environ 2,4 milliards de francs CFP) sur un total de soixante. Par ailleurs, l'Inspection général des finances et le Conseil général de l'économie ont remis en août ce rapport, éloquent, sur l'avenir de la filière nickel en Calédonie. Suite à ça, rappelle la maison-mère, "depuis début septembre, la SLN participe activement au groupe de travail nickel qui réunit l’ensemble des parties prenantes du secteur (…) pour rendre la production de nickel viable sur le territoire. Dans ce contexte, Eramet contribue à la recherche de solutions, tout en gardant le cap de sa stratégie globale." Façon de répéter ce qui a déjà été annoncé :

Le groupe confirme sa décision de ne plus octroyer de nouveaux financements à sa filiale calédonienne.

Rapport trimestriel d'Eramet daté du 26 octobre 2023, à propos de la SLN