Des annonces étonnantes. Depuis plusieurs semaines, Erys Defense, une société spécialisée dans la sécurité renforcée qui est une branche d’Erys group dont le siège se trouve à Paris, fait paraître dans le journal local des messages pour recruter des "agents de sécurité renforcée" et des "agents de sécurité armés" pour un site minier.
A la tête de cette structure en Nouvelle-Calédonie, un ancien lieutenant-colonel de la gendarmerie. C’est d’ailleurs ce qui interpelle sur le site du groupe, la marque de fabrique de la société privée de sécurité : recruter d’anciens militaires et policiers.
Une société déjà en contrat avec Prony Resources
Selon nos informations, Erys group est en contrat avec Prony Resources, anciennement Vale NC, et dispose d'une vingtaine d’hommes postés à l’usine du Sud, en charge de faire de la surveillance, depuis le conflit lié à son rachat à la fin 2020. Des hommes qui ne sont pas armés.
Dans les annonces publiées dans la presse, Erys group explique vouloir aujourd’hui embaucher pour l’industriel de Goro une soixantaine d’hommes de plus, pour les former à devenir des agents de sécurité renforcée (ASR) ou des agents de sécurité renforcée sur Sites Sensibles (ASR-2S). Des compétences qui, sur seule autorisation de l’Etat, doivent leur permettre de porter une arme de catégorie D et B comme des revolvers de calibre 38 ou des armes à feu d’épaule à répétition semi-automatique.
Une autorisation exceptionnelle de l’Etat nécessaire
Mais armer des agents de sécurité relève de plusieurs conditions spécifiques liées à la surveillance de sites "sensibles". Dans la législation française, seules trois catégories sont concernées : les sites abritant des matières nucléaires, les installations nucléaires intéressant la dissuasion et les sites identifiés comme "Défense nationale", à savoir des bâtiments militaires ou des zones en lien avec la défense.
Problème : aucun de ces critères ne correspond à l’usine du Sud. Il faudrait donc une autorisation exceptionnelle de l’Etat. "Pour l’instant, c’est en projet et le dossier n’est pas encore tombé sur le bureau du Haut-commissaire", répond à NC la 1ère le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS), un service français de police administrative, rattaché au ministère de l'Intérieur.
Si le CNAPS assure aujourd’hui que toutes les formalités sur ce dossier se font exclusivement avec les services de l’Etat en Métropole, c’est le Haut-commissaire Patrice Faure qui aura le dernier mot.
"Seuls des dispositifs d’auto-défense rapprochée seront autorisés"
S’il donne son feu vert, ce sera la première fois en France qu’un site industriel, qui n’est ni nucléaire, ni militaire, abritera des agents de sécurité renforcée armés. De son côté, Prony Resources assure à NC la 1ère avoir "fait appel à des spécialistes métropolitains pour faire face à des urgences en termes de sécurité, afin de préserver la sécurité du site et de ses employés" et confirme "un appel à candidature de l’entreprise" au niveau local.
Reste que l’industriel, précise "que seuls des dispositifs d’auto-défense rapprochée seront autorisés" pour ces agents, à savoir des matraques, des taser, ou encore des gomme-cogne. Mais alors pour quelle autre société Erys group aurait-elle pu lancer un appel à candidature pour recruter des agents de sécurité armés ? Sollicitée, la société privée de sécurité n’a pas souhaité répondre à nos questions.
En radio, les précisions de Medriko Peteisi
Des agents de sécurité pour l'usine du Sud