Le groupe basé à Johannesburg veut renforcer sa stratégie de diversification dans la chaîne d'approvisionnement des métaux pour batteries, a annoncé un communiqué publié vendredi dernier. Sibanye Stillwater est l’un des grands producteurs mondiaux de platine, de palladium et de rhodium.
De son côté, Eramet a déclaré que la cession de l’usine de Sandouville offrirait "de nouvelles perspectives d’avenir pour le site et ses salariés avec la poursuite de son redressement (…) et permettrait à Eramet de pouvoir se focaliser sur les projets au cœur de sa transformation stratégique".
En 2016, une page s’était déjà tournée pour l’usine normande avec la fin des livraisons de nickel de la SLN depuis la Nouvelle-Calédonie.
Une histoire normande et calédonienne
L’implantation d’une usine de nickel au Havre est plus que centenaire. Présentée comme "l’atelier de transformation de la SLN calédonienne" l’usine normande a d’abord produit sur un site métallurgique qui se trouvait à proximité de l’actuelle gare du Havre.
Entrée en production en septembre 1888 l’usine affinera puis transformera les mattes ou concentrées intermédiaires du nickel. Ils provenaient de Thio via l’usine SLN de Kirkintilloch en Ecosse, comme le rappelle l'historien Yann Bencivengo dans son ouvrage "Nickel, la naissance de l'industrie calédonienne".
A partir de 1920, les produits du nickel seront fournis par l’usine de Doniambo à Nouméa. Et tout récemment par le groupe minier Boliden en Finlande.
Du Havre à Sandouville
L’usine normande fut transférée dans la banlieue du Havre, à Sandouville, en 1978. Elle produit du nickel pur destiné notamment aux alliages spéciaux. La production s'est faite à partir des mattes calédoniennes de la SLN jusqu’en octobre 2016. En pleine crise des cours du nickel, Eramet a arrêté l’importation des produits calédoniens en Normandie et cessé la production de mattes de nickel en Nouvelle-Calédonie. Depuis lors, l’usine de Sandouville a connu des difficultés qu'elle a fini par résoudre dans le traitement des nouvelles mattes importées de Finlande.
Une usine et du nickel pur
Les installations de Sandouville, situées en Normandie, comprennent une raffinerie hydro métallurgique d'une capacité de 12 000 tonnes par an de nickel métal de haute pureté, 4 000 tonnes de sels et solutions de nickel de haute pureté et environ 600 tonnes de chlorure de cobalt.
"Sandouville permettra à Sibanye-Stillwater de développer davantage sa stratégie de métaux pour batteries et ses activités de recyclage", a indiqué la société sud-africaine cité par le Metal Bulletin de Londres. Il s'agirait donc d'un nouveau marché pour Sandouville, l'usine livrant actuellement "des sels de nickel à haute valeur ajoutée et du métal de haute pureté destinées à des applications dans la galvanoplastie et dans la conception des superalliages, des catalyseurs et des composants électroniques" a précisé le groupe Eramet.
L'accord de 65 millions d’euros - qui est soumis à diverses approbations notamment par le comité d'entreprise d'Eramet Sandouville - fait suite à l'investissement de Sibanye-Stillwater en février avec une participation de 30% dans le projet d'hydroxyde de lithium Keliber, réalisé en partenariat avec la Finlande (Business Finland).
Priorité aux mines pour Eramet
En plus de la vente de l’usine de Sandouville, le groupe français de la transition énergétique est également engagé dans la vente d’Auber & Duval, filiale stratégique dans la production des alliages spéciaux pour l’aéronautique, la marine et le secteur de l’énergie.