L’ultime cargaison : l’usine de nickel de Sandouville s’affranchit de sa tutelle calédonienne

Le porte-conteneurs Atlantic Klipper et son chargement de nickel calédonien arrive au Havre
Le dernier chargement de nickel calédonien est arrivé au Havre. Avec lui se termine une histoire longue de trente-huit années. Après avoir assuré l’avenir de la SLN, l’usine calédonienne de ferronickel, le groupe Eramet pérennise l’usine métallurgique du Havre-Sandouville.
Dans quelques mois, le minerai concentré utilisé en Normandie viendra de Finlande. Eramet Sandouville est l’une des seules usines au monde à produire un nickel pur à 99,99 %. Un atout stratégique pour la France et pour ses industries de pointe, entre autres, dans le nucléaire et la défense nationale.

La crise du prix des matières premières a imposé la séparation. Le nickel pur produit en Normandie ne viendra plus de Nouvelle-Calédonie. Eramet Sandouville ne sera plus un atelier de la SLN calédonienne. L’éloignement géographique des deux entités ne pouvait plus durer. Aux antipodes l'une de l'autre, la crise du prix des matières premières aura été fatale à un minerai concentré cher à produire et à transporter sur de si longues distances.
 

Les derniers conteneurs 

L'Atlantic Klipper est arrivé du Pacifique Sud, loin des eaux froides de l’estuaire de la Seine sa destination finale. De Nouméa au Havre en passant par le canal de Panama, le navire a parcouru plus de 15.000 kilomètres. À son bord, une quarantaine de conteneurs, 1.100 tonnes de minerais, de concentrés calédoniens - les derniers - destinés à l'usine métallurgique du Havre.
Mattes de nickel de l'usine calédonienne (SLN) produites jusqu'en 2016.
La SLN à Nouméa et Eramet à Sandouville ont assuré ensemble durant 38 années la production française de nickel. Une page se tourne pour les métallurgistes de Normandie. Après cette dernière livraison, leur concentré de nickel ne viendra plus des mines de Poum ou de Tiebaghi. Deux usines se séparent, l’une en Nouvelle-Calédonie va se spécialiser avec l’alliage SLN 25 pour l’acier inoxydable, l’autre en Normandie va développer le nickel métal pur destiné aux industries de pointe.
 

D’un minerai, l’autre

En attendant le minerai de Finlande, l'usine Eramet de Sandouville a constitué des stocks. La petite montagne de mattes de nickel calédonien va grossir des 40 derniers conteneurs arrivés de Nouméa. De quoi relancer la production de métal pour avancer jusqu’au printemps prochain et faire la jointure. Quand les minerais viendront de Harjavalta en Finlande, livrés par le métallurgiste Boliden. Un contrat a été conclu. Si tout se passe bien, il garantit l’avenir, au moins pour dix ans. À travers lui, le nouveau modèle économique de l’usine de Sandouville et de ses 150 emplois est viable. La production française de nickel est pérennisée. L'usine Eramet est silencieuse, mais c'est pour mieux rebondir.
 
À Sandouville, le nickel calédonien n’est pas oublié. Comment pourrait-on effacer 38 années de coopération et de livraisons de nickel ? Sandouville n’était pourtant qu’un « atelier lointain » - selon les mots d'un responsable de Sandouville - une dépendance de la SLN destinée à produire le métal pur de la défense nationale ou de l’industrie nucléaire. Le 1er janvier, Eramet-Sandouville va prendre un nouveau départ. L’usine et ses 150 salariés seront une filiale à part entière du groupe Eramet. Cette nouvelle formule à de quoi redonner le sourire aux métallurgistes de Normandie.


©la1ere

A Sandouville, la production de nickel métal est provisoirement arrêtée, mais la production de poudres de nickel continue.