Le dernier chargement de nickel calédonien est arrivé au Havre. Avec lui se termine une histoire longue de trente-huit années. Après avoir assuré l’avenir de la SLN, l’usine calédonienne de ferronickel, le groupe Eramet pérennise l’usine métallurgique du Havre-Sandouville.
Dans quelques mois, le minerai concentré utilisé en Normandie viendra de Finlande. Eramet Sandouville est l’une des seules usines au monde à produire un nickel pur à 99,99 %. Un atout stratégique pour la France et pour ses industries de pointe, entre autres, dans le nucléaire et la défense nationale.
La crise du prix des matières premières a imposé la séparation. Le nickel pur produit en Normandie ne viendra plus de Nouvelle-Calédonie. Eramet Sandouville ne sera plus un atelier de la SLN calédonienne. L’éloignement géographique des deux entités ne pouvait plus durer. Aux antipodes l'une de l'autre, la crise du prix des matières premières aura été fatale à un minerai concentré cher à produire et à transporter sur de si longues distances.
En attendant le minerai de Finlande, l'usine Eramet de Sandouville a constitué des stocks. La petite montagne de mattes de nickel calédonien va grossir des 40 derniers conteneurs arrivés de Nouméa. De quoi relancer la production de métal pour avancer jusqu’au printemps prochain et faire la jointure. Quand les minerais viendront de Harjavalta en Finlande, livrés par le métallurgiste Boliden. Un contrat a été conclu. Si tout se passe bien, il garantit l’avenir, au moins pour dix ans. À travers lui, le nouveau modèle économique de l’usine de Sandouville et de ses 150 emplois est viable. La production française de nickel est pérennisée. L'usine Eramet est silencieuse, mais c'est pour mieux rebondir.
À Sandouville, le nickel calédonien n’est pas oublié. Comment pourrait-on effacer 38 années de coopération et de livraisons de nickel ? Sandouville n’était pourtant qu’un « atelier lointain » - selon les mots d'un responsable de Sandouville - une dépendance de la SLN destinée à produire le métal pur de la défense nationale ou de l’industrie nucléaire. Le 1er janvier, Eramet-Sandouville va prendre un nouveau départ. L’usine et ses 150 salariés seront une filiale à part entière du groupe Eramet. Cette nouvelle formule à de quoi redonner le sourire aux métallurgistes de Normandie.