«La mortalité routière est une préoccupation première pour nous», a déclaré le nouveau «comgend» de Calédonie, qui veut travailler sur les limitations de vitesse. Sa prise de position intervient après des week-ends dramatiques, et alors que la sécurité sur nos route reste un énorme chantier.
Martin Charmasson (F.T.)•
C’était une promesse du plan quinquennal de sécurité routière pour la période 2014-2018 : diminuer chaque année de moitié le nombre d’accidents mortels et de tués sur les routes. Une ambition du gouvernement rapidement mise à mal. Après un bilan 2013 historiquement bas de 36 décès, la Nouvelle-Calédonie a connu en 2014 un pic de 67 morts sur ses axes de circulation.
Depuis, si les chiffres ont baissé, ils se sont stabilisés au même niveau qu’il y a … dix ans, avec une cinquantaine de victimes par année. En une décennie, les accidents mortels de la circulation ont causé plus de 500 décès.
Mis à part les efforts réels de prévention et de sensibilisation, notamment des associations et de la direction de l’enseignement, on est loin des objectifs annoncés à court terme. Et on peut s’interroger. En 2008, le défaut de permis était constaté dans 25% des accidents mortels. Dix ans plus tard, c’est encore une personne sur trois qui décède sur la route sans permis. Ou malgré l’annulation, la rétention ou la suspension de celui-ci. La présence d’alcool et/ou de stupéfiant était un facteur dans 60% des décès de la route en 2009. C’était 91% en 2016, et 77% à ce stade de l’année 2017.
D’où cette question : l’exécutif se donne t-il vraiment les moyens de ses ambitions ? Si oui, pourquoi une délibération renforçant les sanctions du code de la route met-t-elle six mois pour entrer en vigueur, comme en avril dernier ? Les réponses se font attendre.
Le patron des gendarmes émet un doute
En attendant, le nouveau commandant de la gendarmerie, le général Christophe Marietti, doute que la limitation de vitesse à 110 km / heure sur la RT1 soit adaptée à ce type de route. Et d’ajouter qu’il souhaite travailler avec le gouvernement pour faire évoluer les limitations de vitesse. «La mortalité routière est une préoccupation première pour nous», a-t-il déclaré lundi après sa prise de fonctions, mais aussi après un énième week-end dramatique sur nos routes.
Agir sur les limitations de vitesse, c’est un crédo défendu par la Prévention routière Nouvelle-Calédonie. Parce que l'association vitesse = accident repose sur des éléments objectifs, et pas dûs au hasard. «Un être humain normalement constitué ne peut pas évaluer des distances et des vitesses au-delà de 150 mètres. Un terrain de foot et demi, pose son premier vice-président, Manuel Cellar. Quand on circule à 110 km/h, on fait trente mètres par seconde. Sachant que le temps de réaction d’un conducteur, en fonction de son état de fatigue, après vingt minutes de conduite, va être aux alentours de deux secondes.»
C’est-à-dire des automobilistes qui parcourent trente à soixante mètres avant de pouvoir réagir. «Quand on circule à 110 km/h sur la RT1, ça s’additionne avec la vitesse de celui d’en face, continue Manuel Cellar. On a des vitesses d’approche qui sont de l’ordre de 60 mètres par seconde : on ne va pas pouvoir réagir avant d’avoir fait 120 mètres. Il reste trente mètres pour réagir, une demie-seconde de part et d’autre, là où on est capable d’analyser une situation.»
«Compliqué à gérer»
Et de conclure la démonstration : «Rouler sur une route bidirectionnelle et se croiser à 110 km/h, c’est-à-dire être systématiquement à 220 km/h de vitesse d’approche, soixante mètres par seconde, c’est, humainement, extrêmement compliqué à gérer.»