Pour Roch Wamytan, «2021 sera une année de transition»

Roch Wamytan au journal télévisé, le 28 février 2021.

Gouvernement sans président, suspension de l'allocation Covid, piste d’un troisième accord, usine du Sud : autant de sujets abordés avec Roch Wamytan, élu indépendantiste à la tête du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, qui se montre confiant pour trouver une issue aux différentes crises.

Les indépendantistes entendent bien aller au troisième référendum, et la question de l’usine du Sud demeure un préalable à toute discussion sur l’avenir institutionnel : Roch Wamytan a réaffirmé ces points dimanche soir, durant le JT dont il était l'invité. Avec le président du Congrès, il a aussi été question de la présidence du dix-septième gouvernement - ses membres sont à nouveau convoqués ce mardi pour tenter d'élire un président. Et de l'allocation Covid de chômage partiel mise en suspens par le changement d'exécutif. 

Son entretien avec Nadine Goapana dans le journal télévisé du 28 février, en images puis en version scriptée :

 

Interview


NC la 1ere : Est-ce qu’il faudra attendre trois mois pour avoir un président du gouvernement ?
Roch Wamytan
: Non, je pense que les indépendantistes sauront prendre leurs responsabilités, pour élire président et vice-président de ce dix-septième gouvernement. Cela fait deux semaines qu’ils sont en discussion, les discussions se poursuivent. Je pense que d’ici à mardi, elles vont aller à leur terme. 
Mais cela fait quarante ans que nous n’avons pas été au gouvernement. Le minimum, c’est que nous soyons prêts. Tous ces jours sont mis à profit pour préparer l’élection du président et du vice-président. 
Pour nous, 2021 sera une année de transition. Il faut sortir de la crise Covid 19 et surtout, sur ces gros dossiers que sont Vale et la question du référendum, il faut unir le pays. Et ensuite poser les bases qui vont construire l’avenir d’un futur pays.

Cela fait quarante ans que nous n’avons pas été au gouvernement. Le minimum, c’est que nous soyons prêts.

 

Y aura-t-il un consensus sur une candidature unique pour mardi ? 
R.W. :
Je ne sais pas si ce sera pour mardi. Mais dans tous les cas de figure, nous aurons un président et un vice-président dans les jours qui viennent. 

Quels sont les points d’achoppement ?  
R.W. :
Ce sont les stratégies entre les deux grands groupes. Nous arrivons à un moment important, où nous allons assurer le destin de ce pays en étant majoritaires au gouvernement. Nous pouvons nous permettre de prendre quelques jours. […]


Daniel Goa reconnaît une impréparation, que l’Avenir en confiance met en exergue. Que répondre à cela ? 
R.W. :
Oui effectivement, une impréparation. Mais du moment qu’on y est, on va assurer. Et on va assumer. 

Le dispositif qualifié de «chômage Covid» prenait fin ce dimanche. Quelle est la voie la plus pragmatique, la plus rapide, pour le proroger ?
R.W. : Je ne vais pas décider seul. Je réunis [le bureau du Congrès] le 3 mars, et il décidera quelle option retenir. Je pense que la mécanique la plus rapide est la proposition de délibération. Mais je ne vais pas déflorer le sujet, je réserve cela à mon bureau. Nous avons déjà fait en sorte que les commissions conjointes se réunissent aussi le 3 mars, pour un vote en séance publique vers le 8 mars. 

Abordons l’avenir institutionnel. Le ministre des Outre-mer appelle, dans une tribune, à trouver une solution consensuelle. L’Etat se positionne en faveur d’un troisième accord - sur une proposition déjà faite par Pierre Frogier en 2013. Quelle est votre analyse ? 
R.W. : On va dire que c’est officiellement posé sur la table. Mais ce n’est pas un fait nouveau. Le gouvernement français a toujours, en sourdine, essayé de nous convaincre, nous les indépendantistes, [d']aller vers un troisième accord. Nous avons toujours dit «Non». Il faut aller au troisième référendum. Maintenant, il a fait une proposition de façon tout à fait officielle. Nous allons en discuter. Mais il faut d’abord régler la question de l’usine du Sud. C’est un peu le caillou dans la chaussure, cette affaire-là. 

Extrait de la tribune diffusée par Sébastien Lecornu dans le JDD.


Le ministre ajoute dans cette tribune que «les indépendantistes s’accordent à souhaiter un partenariat avec la France.» Cela a-t-il évolué?
R.W. : Le partenariat, c’est en débat. Dans la mouvance indépendantiste, certains groupes défendent le partenariat avec la France. D’autres défendent une indépendance "intégrale". Et d’autres défendent une indépendance en partenariat, non seulement avec la France et l’Europe, mais aussi avec les pays de la région. Vous voyez, on n’est pas encore sortis de l’auberge. On a du temps. Il faut s’organiser, et il faut discuter.

Pourtant, dès le mois d’avril, la troisième consultation peut être déclenchée. Doit-on comprendre que la Nouvelle-Calédonie pourrait se diriger vers un troisième accord ? 
R.W. : Je ne sais pas si on peut se diriger vers un troisième accord. L’Etat a posé ça sur la table. Mais l’Etat ne nous imposera rien. C’est à nous, les représentants politiques de la Nouvelle-Calédonie, de décider entre nous ce qu’on pourra faire de mieux pour le pays. Je pense que c’est un point important. Parce que ce n’était pas la peine d’aller dans ce processus d’émancipation, de décolonisation, si arrivés au bout de trente ans, on fait marche arrière et c’est l’Etat qui nous impose…

C’est à nous, les représentants politiques de la Nouvelle-Calédonie, de décider entre nous ce qu’on pourra faire de mieux pour le pays.


Comment discuter de tout cela lorsque les indépendantistes pratiquent la politique de la chaise vide ? Préfèrent des discussions bilatérales, et non pas multipartites ? 
R.W. : Les discussions bilatérales ont eu lieu, effectivement, depuis tous ces mois. Parce qu’un dossier a enrayé le mécanisme. Je pense que dans les jours, dans les semaines qui viennent, on va sortir de l’usine du Sud avec une solution acceptable pour tous. A ce moment-là, on se mettra tous autour de la table pour poursuivre les négociations. 

Dans ce dossier de l’usine du Sud, où en est-on des discussions ? 
R.W. : A la demande du collectif [usine du Sud = usine pays], acceptée par l’Avenir en confiance et la présidente Backès, j’ai accepté d’être le «facilitateur» des discussions. C’est ce que j’ai organisé, depuis deux semaines. Ça fait quinze jours que nous sommes en discussion avec le collectif et Mme Backès. Nous pourrions arriver, dans les jours qui viennent, à une ébauche de solution. Qualifiée par [Mark] Travers, [responsable au sein du groupe Vale] de «solution calédonienne apaisée et acceptable par tous».

Ça fait quinze jours que nous sommes en discussion avec le collectif et Mme Backès. Nous pourrions arriver, dans les jours qui viennent, à une ébauche de solution. Qualifiée par [Mark] Travers de «solution calédonienne apaisée et acceptable par tous».