Sébastien Lecornu appelle, dans une tribune, à chercher «une nouvelle solution consensuelle» pour la Calédonie

Sébastien Lecornu s'adressant aux Calédoniens le 11 janvier dernier.

Qu'un troisième référendum sur l'avenir institutionnel de la Calédonie soit décidé, ou pas, le ministre des Outre-mer appelle à trouver un nouvel accord entre indépendantistes et loyalistes. Sébastien Lecornu l'écrit dans une tribune que Le Journal du Dimanche publiait ce week-end.

«Il n'y a pas d'autre issue qu'un nouvel accord entre les deux camps», écrit le ministre des Outre-mer en évoquant l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, dans une tribune publiée par le JDD, en date du 27 février (article à retrouver ici, en version abonnés). Sébastien Lecornu ajoute de suite : «L'Etat, troisième partenaire et garant des accords, s'y tient prêt.» En concluant par ces mots : «Le gouvernement se tient prêt à rechercher, dès aujourd'hui, une nouvelle solution consensuelle pour la Nouvelle-Calédonie.»

Moment charnière

«La Nouvelle-Calédonie est à un moment charnière de son histoire», pose d'entrée le membre du gouvernement dans ce texte qui intervient un mois et demi après son allocution télévisée. «Si le chemin entamé depuis la poignée de mains historique entre Jacques Lafleur […] et Jean- Marie Tjibaou […] a donné trois décennies de paix […], le processus acté dans l'accord de Nouméa arrive inévitablement à son terme au plus tard en 2022, quel que soit le résultat du troisième référendum s'il était demandé», déroule-t-il. 

 

«Deux blocs homogènes»

Rappelons que cette troisième et dernière consultation prévue dans le processus peut être décidée à partir du 4 avril, par un tiers des élus siégeant au Congrès - or, les indépendantistes y sont majoritaires. «Inévitablement, la mécanique des référendums d'autodétermination successifs, prévue dès 1998 par l'accord de Nouméa, divise et polarise», relève Sébastien Lecornu. «Surtout, les consultations de 2018 et 2020 ont mis à jour deux blocs ethniquement et géographiquement homogènes. Elles laissent ainsi présager la courte victoire d'un camp sur l'autre, dans l'hypothèse du troisième et ultime référendum.»

Les consultations de 2018 et 2020 ont mis à jour deux blocs ethniquement et géographiquement homogènes. Elles laissent ainsi présager la courte victoire d'un camp sur l'autre, dans l'hypothèse du troisième et ultime référendum.

 

Un chemin de paix à «prolonger»

«Les accords de 1988 et 1998 avaient trouvé le chemin difficile de la paix. Ils ne pouvaient cependant que l'ouvrir et confier à d'autres le soin de le prolonger. Leur fin juridique n'a pas été écrite à l'avance», rappelle-t-il : «en cas de Oui, les contours de la "pleine souveraineté" restent à définir ; en cas de triple Non, "les partenaires politiques se réuniront pour examiner la situation ainsi créée".»

Dix politiques calédoniens et un ministre sur un bateau : direction Leprédour.

 

Pour des discussions multilatérales

«Conscient des risques d'une troisième consultation dont le lendemain n'aurait pas été anticipé, le gouvernement continue de jouer pleinement son rôle», estime Sébastien Lecornu en évoquant une fois de plus le groupe Leprédour, du nom de l'îlot sur lequel il avait rassemblé les leaders politiques calédoniens en octobre 2020. «Depuis, les contacts bilatéraux sont constants avec les différentes parties prenantes. Mais certains refusent le cadre multilatéral pourtant indispensable pour prendre les décisions qui s'imposent et préparer ainsi les prochaines échéances», dépeint le ministre. 

Usine du Sud

«Comme les partisans du maintien dans la France qui, en 2018, avaient quitté le précédent groupe de dialogue, ce sont aujourd'hui les indépendantistes qui pratiquent la chaise vide. Ceux-ci posent, pour préalable, des conditions à la reprise d'une usine de nickel par le seul consortium en lice, au risque d'une fermeture qui mettrait en péril près de trois mille emplois. Depuis novembre, l'affaire s'enlise et nous empêche de nous occuper des autres vraies questions», écrit Sébastien Lecornu en évoquant bien sûr le brûlant dossier Usine du Sud.

Conférence de presse du collectif «Usine du Sud = usine pays».

 

Aspirations de la population

«Pour y répondre, il est indispensable d'être à l'écoute des aspirations profondes des Calédoniennes et des Calédoniens», enchaîne-t-il en évoquant la fameuse consultation de la société civile, dont «les premiers résultats nous parviendront bientôt». Et de redire : «Dans le même temps et à leur demande, nous transmettrons aux responsables politiques calédoniens une synthèse approfondie et inédite des conséquences du "Oui" et du "Non".»

«Les prochains jours seront décisifs»

Sébastien Lecornu insiste : «L'horloge continue de tourner et les prochains jours seront décisifs. C'est pourquoi d'autres initiatives suivront, car le statu quo n'est pas possible, ni politiquement, ni juridiquement, ni même économiquement. Si, par trois fois, la Nouvelle-Calédonie confirmait son souhait de rester française, il conviendrait alors de lui donner un nouveau statut dans la République», convient le ministre des Outre-mer. 

Si, par trois fois, la Nouvelle-Calédonie confirmait son souhait de rester française, il conviendrait alors de lui donner un nouveau statut dans la République.

 

Aux partisans du Non...

«Mais, trois fois vainqueurs, ceux qui appellent à voter "Non" devraient aussi tendre la main à la presque moitié des électeurs qui aura voté "Oui" : la République est une promesse de rassemblement», formule l'auteur de la tribune publiée par le JDD.

Mais, trois fois vainqueurs, ceux qui appellent à voter "Non" devraient aussi tendre la main à la presque moitié des électeurs qui aura voté "Oui".

 

Dimanche 4 octobre, voiture en bleu blanc rouge à Nouméa.

…comme du Oui

«A l'inverse, l'indépendance sèche, sans préparation, apparaît insurmontable. Ses conséquences humaines, sociales, économiques seraient assurément désastreuses. Personne ne la réclame : les indépendantistes s'accordent à souhaiter un partenariat avec la France», considère Sébastien Lecornu. «Encore faudrait-il pouvoir en discuter. Ceux qui appellent à voter "Oui" doivent expliquer leur vision de l'avenir à ceux qui appellent à voter "Non" et, pour cela, revenir à la table des discussions.»

A l'inverse, l'indépendance sèche, sans préparation, apparaît insurmontable. Ses conséquences humaines, sociales, économiques seraient assurément désastreuses.