La proposition de Philippe Germain pour contourner l'écueil du statut

Bâtir un projet de société pour envisager l'avenir de la Nouvelle-Calédonie autrement que par le prisme de son statut : c'est la piste portée par l'ex-président du gouvernement à travers la création d'une association. Son nom : «Ambitions pour le pays de demain».
Suite au Comité des signataires et avec un deuxième référendum à l'horizon 2020, nouvelle plaidoirie en faveur d'une réflexion alternative quant à l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Après Pierre Frogier, c'est Philippe Germain qui se fait entendre. L'élu Calédonie ensemble, membre du gouvernement et ex-chef de l'exécutif, annonce la création d'une association constituée autour d'un groupe de réflexion. «Ça fait de nombreux mois que je consulte un certain nombre de personnalités, dit-il. Politiques mais pas seulement.»
 

Ça fait cinquante ans qu’on envisage l’avenir de la Nouvelle-Calédonie à travers un seul prisme : celui de son statut.

 

«Un outil»

«C’est un outil pour porter un projet», précisait-il mardi soir sur notre antenne télé. «Un projet sur la sortie de l’Accord de Nouméa, que nous faisons à partir de deux constats. Le premier, c’est que ça fait maintenant cinquante ans qu’on envisage l’avenir de la Nouvelle-Calédonie à travers un seul prisme : celui de son statut.»
 

Tout le monde a bien compris qu'on aura excessivement de mal - et je considère même qu'on n'y arrivera pas - à trouver un consensus sur ce statut.

 

«Droit vers une impasse»

Or, poursuit Philippe Germain, «le deuxième constat, c'est que tout le monde a bien compris qu'on aura excessivement de mal - et je considère même qu'on n'y arrivera pas - à trouver un consensus sur ce statut. Ni les indépendantistes ni les non-indépendantistes ne pourront abandonner leurs convictions et se résoudre, pour les uns à abandonner l'indépendance, pour les autres à l'accepter. On va droit vers une impasse.»
 

Les jeunes générations n'ont pas connu la colonisation, n'ont pas connu l'indigénat, n'ont même pas connu les Evénements. Et leur avenir est encore pris un peu en otage par la question du statut. 

 

«Sortir de l'Accord par le haut»

«Si l'on n'est pas capable de se mettre d'accord sur un statut, pourquoi ne pas dépasser cet écueil et se projeter plutôt sur la construction d'un pays, que chacun rêve ou voit de son point de vue ? », questionne donc le politique de 51 ans. «Le statut, c'est l'écrin juridique d'un pays, travaillons sur ce pays.» Philippe Germain insiste : «L'essentiel, c'est bien le pays : redonner de l'horizon à notre jeunesse, s'occuper de la vraie vie des Calédoniens. C'est aussi peut-être sortir de l'Accord de Nouméa par le haut, sans que chacun ait à abandonner ses convictions.»
 

Le statut, c'est l'écrin juridique d'un pays, travaillons sur ce pays.



L'entretien avec Alexandre Rosada, au JT du 29 octobre :
©nouvellecaledonie

Philippe Germain invité de la matinale radio le 31 octobre, avec Charlotte Mestre: