VIDEO. Blanchissement des coraux : pourquoi les scientifiques sont inquiets

Les experts sont inquiets par le blanchissement en Nouvelle-Calédonie ©nouvellecaledonie
La température de l'eau, exceptionnellement élevée cette année en Nouvelle-Calédonie impacte fortement encore nos coraux. Conséquence : ils blanchissent. Le phénomène est perceptible sur les récifs de Thio, Ouvéa ou encore Lifou. De quoi inquiéter les scientifiques.

Nos coraux blanchissent à une vitesse inquiétante. Une situation d’autant plus préoccupante, surtout lorsqu'il s’agit de l’île de Lifou. Sandrine Job est ingénieur en environnement marin. Elle se dit inquiète car malgré le fait que "les récifs de la baie de Santal sont soumis à un mélange d’eaux océaniques, les Loyauté n’ayant pas de lagon comme sur la Grande Terre, donc des eaux océaniques sensées être plus fraîches et mieux renouvelées ( ...) là on a vu du blanchissement sur les trois sites de suivi". 

Même les massifs des têtes jaunes, communément appelées patates, subissent ce blanchissement. Au total, l’experte en environnement marin estime que 20 % de la surface récifale est en souffrance sur l’île. Selon elle, "le scénario que prévoit le GIEC avec un degré et demi d’augmentation qui font que les coraux blanchissent" est une réalité, mais en Calédonie, "le premier gros blanchissement, il a eu lieu en 98. Alors à cette époque-là, il y avait moins de gens dans l’eau, moins de scientifiques ou d’associations qui faisaient des rapports sur la santé des récifs donc au final c’est passé inaperçu".

Vers une mutation de l'environnement marin

Températures trop élevées, insolation des algues symbiotiques du corail, ajoutées à d’autres phénomènes comme une salinité en baisse à cause des pluies incessantes, il y a fort à parier que ces animaux vont tenter de s’adapter, à en croire l'experte. 

Ce qui risque de se passer, c’est une migration des récifs vers des zones plus profondes. On commence déjà à le voir. C’est plutôt étudié d’un point de vue scientifique mais on commence déjà à voir cette migration. On voit aussi une adaptation des récifs, c’est à dire que ce sont les espèces les plus résistantes qui vont prendre tout l’espace. Donc on va perdre de la complexité puisqu’on va perdre des espèces, perdre de la variété et qui dit complexité dit pouvoir mieux résister à des stress, pouvoir mieux fournir d’habitat, de nourriture à notre récif etc…

Sandrine Job - Ingénieur en environnement marin

Tout comme l'Australie dont la barrière de Corail est maintenant classée site en péril, nous pourrions être victime de cette mortalité massive. Aux Caraïbes, la majorité des coraux a déjà disparu. Et qui dit plus de corail, dit plus de poissons.

Le GIEC cité par Sandrine Job est le Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Il a été crée en 1988 sous l'égide de l'organisation météorologique mondiale et du Programme des Nations unies pour l'environnement. Il est ouvert à tous les pays membres de l'ONU. Il est chargé d'évaluer la réalité, les causes, et les conséquences du changement climatique en cours. En 2021, il regroupait 195 états.