Réchauffement climatique : comment l'étude de la génétique des coraux permet de les préserver

Coraux de Nouvelle-Calédonie.
Les récifs coralliens tropicaux auront probablement disparu d’ici à 2050, si rien n’est fait pour lutter contre le réchauffement climatique : c’est la conclusion des experts du Giec. Si aujourd’hui la Calédonie est relativement épargnée, les épisodes de blanchissement récents montrent que cette résistance n’est que relative. Des chercheurs du CNRS, de l’IRD ou encore de l’Université de Nouvelle-Calédonie étudient la génétique des coraux dans le but d’identifier ceux qui sont le mieux à même de survivre à des températures élevées.

Cela peut sembler paradoxal mais les coraux ayant déjà subi des épisodes de chaleur sont peut-être les mieux à même de résister au changement climatique. Une résistance qui se retrouve dans certains marqueurs génétiques et qui permet aux chercheurs, comme Gaël Lecellier, de dresser une carte de la Nouvelle-Calédonie un peu particulière.

"Ça nous permet de faire des cartes, de pouvoir avoir une visualisation assez générale d’où ils se trouvent, de savoir là où ils sont plus faibles, explique-t-il. Ça permet donc d’aider éventuellement les gestionnaires lorsqu’il y a une aire marine protégée à faire ou autre. Quitte à protéger quelque chose, autant protéger des endroits où les patrimoines génétiques sont les plus performants ou les plus optimisés aux conditions à venir. "

Cette étude a des applications pratiques : on sait aujourd’hui bouturer et replanter des coraux mais rien ne sert de le faire avec des coraux qui risquent de ne pas s’habituer à la hausse des températures. Les chercheurs invitent également les gestionnaires à réfléchir non plus à l’échelle locale, mais régionale. 

Vers une gestion au niveau régional

"Les larves voyagent. Il n’y a pas de frontière, indique Véronique Berteaux-Lecellier, membre du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Au Vanuatu, les récifs coralliens possèdent des zones avec des coraux qui ont des marqueurs bien résistants aux variations de leur environnement. On imagine que ces larves peuvent voyager jusqu’à la Nouvelle-Calédonie. L’idée du projet Corall, c’est de travailler tous ensemble vers une gestion au niveau régional de la préservation des récifs coralliens." Un projet présenté récemment à Poindimié, qui le sera prochainement lors d’une conférence cette fois en province Sud. 

Le Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a publié la synthèse de son 6e rapport dans la nuit de lundi 20 à mardi 21 mars. Il alerte sur les mesures "insuffisantes" prises à ce jour. 

En Nouvelle-Calédonie, le problème de blanchissement des coraux n'est pas nouveau. Il inquiète les scientifiques. Certains coraux comme ceux de Bouraké résistent à la hausse des températures