Alors que la sécheresse et les feux de brousse sévissent en province Nord, Poum manque cruellement d’eau potable. Chaque jour, la mairie doit couper la distribution par endroits, afin de permettre à certains habitants reculés de s’approvisionner.
Cédrick Wakahugnème, avec F.T.•
Le scénario n’est pas nouveau, pour Aimé Thean-Hiouen. Cet habitant originaire de la tribu d’Arama, à Poum, a toujours fait avec le peu d’eau qui sortait de son robinet. Mais depuis deux ans, le responsable coutumier s’empresse de trouver une solution, lorsque le précieux liquide vient à manquer. Car il n’est plus tout seul à la maison.
Un mois sans eau
«Ça va faire un mois, depuis le 12 octobre dernier, que je n’ai plus d’eau», assure le président du district d’Arama. «Je vais chercher l’eau pour la consommation personnelle chez mon père, et on va se baigner chez ma sœur. Aujourd’hui, mon souci est que je vis avec ma petite-fille. Sinon, lorsque je suis tout seul, je fais avec.»
La sécheresse actuelle complique le travail des services municipaux. Le seul camion-citerne de la commune, censé approvisionner les populations les plus reculées, est réquisitionné pour un feu de brousse. D’ordinaire, l’accès à la ressource est contrôlé dans sa distribution, dans le souci d’une meilleure gestion de l'or bleu.
La commune de Poum compte aujourd’hui plusieurs points de ressource en eau ou captages. Mais tous ne donnent pas forcément une eau de qualité et à fort débit. Des réflexions ont été menées lors des dernières assises de l’eau, pour une véritable politique commune. Trop loin des réalités de terrain, selon Jean-Paul Dédane, le deuxième adjoint. «C’est bien bon de faire de la politique de l’eau, aujourd’hui. Il vaut mieux tard que jamais», lance l’élu communal. «C’est encore mieux d’avoir une vision globale du pays. Parce qu’aujourd’hui, une petite commune comme Poum ne peut pas à elle-seule investir dans un grand projet d’adduction en eau potable. On doit s’asseoir autour de la table et réfléchir ensemble.»
Poum n’est pas la seule commune touchée par des problèmes d’accès à l’eau, en cette saison chaude. L'alerte sécheresse a été déclenchée vendredi dernier dans la zone VKP, Voh-Koné-Pouembout. Et voilà plusieurs semaines que des appels à l'économie d'eau sont lancés par des mairies, dont certaines sont déjà passées à la phase des restrictions, comme Houaïlou, Canala ou Poya.