"La CCAT n’a jamais appelé à piller les magasins", réagit l'un de ses porte-voix, Christian Tein

Christian Tein s'exprimant pour la CCAT lors d'une mobilisation, en 2024.
A travers l'un de ses principaux membres, interviewé sur Radio Djiido, la Cellule de coordination des actions de terrain a réagi à la situation extrêmement préoccupante qui s'est installée en Nouvelle-Calédonie, dans le sillage de son opposition active au dégel du corps électoral. La CCAT exprime ses regrets, appelle au calme ses manifestants, notamment les plus jeunes, mais ne lève pas la mobilisation.

"J’en appelle à l’ensemble de nos jeunes, de lever le pied. De rester là où ils sont, sur les bords [de route], organisés, structurés." C'est la position adoptée par Christian Tein ce mardi midi, sur l'antenne de Radio Djiido : un appel au calme adressé aux manifestants, notamment aux très nombreux jeunes qui se sont déployés sur le terrain à Nouméa et dans le Grand Nouméa. Mais sans pour autant annoncer la fin d'une mobilisation qui a tourné aux émeutes et aux exactions. Il a confirmé au contraire l'attention portée à l'examen de la réforme constitutionnelle à l'Assemblée nationale. Ce qu'il appelle "le calendrier que le gouvernement veut nous imposer"

Pourtant, dans le contexte de violence qui secoue l'agglomération et crée le choc parmi les Calédoniens, les yeux étaient braqués sur la Cellule de coordination des actions de terrain. Comment la CCAT allait-elle réagir aux faits extrêmement graves qui se succèdent depuis lundi, dans le sillage de l'opposition indépendantiste au dégel du corps électoral ? 

Contre-attaque

Interrogé sur les nombreux incendies et autres pillages, Christian Tein a décrit une situation qui s'est enlisée. "La CCAT est là pour interpeller l’Etat sur le glissement de terrain dans lequel on est en train d’aller", a déclaré celui qui représente l'un des principaux porte-voix de la cellule. "Mais tu ne peux pas empêcher à un moment donné ces déferlements, parce que les gens ont suivi depuis six mois les rapports de force et les discours haineux", a-t-il répondu en accusant de provocation Nicolas Metzdorf, Sonia Backès et le "gouvernement français"

Au-delà du corps électoral

Il a évoqué un contexte social qui va au-delà de l’opposition au dégel du corps électoral, et "deux accords qui sont passés au nez de la population de jeunes de ces quartiers". Et de lancer : "Les difficultés à ce que le pain puisse arriver sur la table… Tous les jours, se pose cette question. Il y en a d’autres qui ne se la posent jamais. Quand un peuple est adossé à un mur comme ça, il ne peut que réagir et malheureusement, au prix des difficultés que les uns et les autres vont traverser, des familles, parce qu’elles ont investi dans un certain nombre de moyens".

On est désolés pour ce qui arrive. Mais il faut bien dire que la situation, aujourd’hui, beaucoup de gens l’ont contrainte, à amener le peuple kanak contre le mur.

Christian Tein, membre de la CCAT

Message aux parents

"On était dans la phase 2, où on monte d’un cran", a-t-il décrit. "C’est pour ça qu’il y avait des gens en bord de route, des mobilisations qui s’intensifient sur l’ensemble du pays". Et de lancer : "La CCAT n’a jamais appelé à piller les magasins (…), la CCAT est en responsabilité." Ou encore : "Je ne justifie pas les actions qui se passent dans les quartiers." Avec un appel aux parents de "ne pas laisser [les enfants] partir dans tous les sens. Il faut contrôler le travail pour lequel on s'est engagés."

Pendant ce temps

Au même instant, le haut-commissaire, Louis Le Franc, dressait un point de situation avec le patron des gendarmes, la présidente de l'assemblée provinciale Sud et la maire de Nouméa. Le représentant de l'Etat en Nouvelle-Calédonie n'a pas épargné la CCAT ni son leader, qu'il considère comme "responsable de tout ce qui se passe en ce moment". Le haussaire n'exclut pas, a-t-il dit, de saisir le procureur pour engager des poursuites à son encontre.