Dégel du corps électoral : la CCAT annonce des mobilisations devant toutes les gendarmeries de Nouvelle-Calédonie

Mobilisation de la CCAT devant le tribunal de Nouméa, vendredi 3 mai.
La Cellule de coordination des actions de terrain maintient la pression contre la révision du corps électoral provincial. Plusieurs actions sont annoncées jusqu'au 13 mai, date à laquelle le projet de loi constitutionnelle sera examiné par les députés à l'Assemblée nationale.

Le lieu de la conférence de presse n'a pas été choisi au hasard. Ce vendredi 3 mai, la Cellule de coordination des actions de terrain a tenu une conférence de presse devant le palais de justice de Nouméa. La CCAT, qui réunit plusieurs mouvances indépendantistes, est venue soutenir trois de ses militants, qui étaient jugés dans la matinée pour des violences et des dégradations commises contre la gendarmerie de l'Ile des Pins, le 3 avril.


"Une justice à deux vitesses"

La cellule dit craindre l'arrestation d'autres militants, notamment après l'annulation à Houaïlou de la réunion politique du député Metzdorf, qui a porté plainte pour "intimidation et chantage à l'ordre public".

Micro en main, Victor Wejieme dénonce "une justice à deux vitesses". Le représentant de l'USTKE au sein de la CCAT fait référence à la condamnation, ce mardi 30 avril, de Willy Gatuhau à un an d'emprisonnement avec sursis et Harold Martin à un an de prison ferme, dans l'affaire des achats de voix aux municipales de Païta, en 2014.

Une peine que ce dernier effectuera à son domicile sous bracelet électronique. "L'actuel et l'ancien maire ont commis des fautes très graves", estime Victor Wejieme, "alors que nos jeunes, eux, se sont levés pour revendiquer le non au dégel du corps électoral". "On a été les chercher, on les a mis en garde à vue puis au Camp-Est".

Une mobilisation "pacifique" le 5 mai

La CCAT a déroulé le programme de ses actions jusqu'au 13 mai, date à laquelle le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral pour les élections provinciales sera examiné en séance publique à l'Assemblée nationale.

  • Le samedi 4 mai, ses militants seront à la tribu de Tiendanite, à Hienghène, pour "réquisitionner la poignée de mains de Jean-Marie Tjibaou". Une manière de se réapproprier ce symbole de paix, trente-cinq ans jour pour jour après l'assassinat du leader indépendantiste.
  • Le dimanche 5 mai, jour anniversaire de l'assaut de la grotte d'Ouvéa, la CCAT sera mobilisée "pacifiquement" devant les gendarmeries "de toutes les communes du pays, de Belep jusqu'à l'Ile des Pins".
  • Le mercredi 8 mai, au lendemain du passage du projet de loi constitutionnelle en commission à l'Assemblée nationale, la cellule prévoit une grande mobilisation sur la baie de l'anse Vata, à Nouméa.
  • D'ici au 13 mai, une délégation de la cellule envisage de rencontrer les députés de différents groupes politiques à Paris pour les convaincre de voter contre le dégel du corps électoral.

Pression sur les provinciales

Face aux craintes de débordements sur le terrain, la CCAT dit agir "en responsabilité". "On reste en phase 2", martèle son responsable Christian Téin. Que comprend la "phase 3" dans la stratégie de la cellule et à partir de quand pourrait-elle être déclenchée ? Ses cadres éludent la question mais se refusent à "parl[er] pour le moment d'un boycott actif". "Tant que le sujet du corps électoral ne sera pas réglé, vous pouvez toujours attendre pour qu'il y ait des élections provinciales", conclut Victor Wejieme.