Manuel Valls en Nouvelle-Calédonie : la deuxième journée a commencé entre une gendarmerie et un centre commercial détruit

Le 23 février 2025, le ministre des Outre-mer salue les gendarmes à la brigade de Saint-Michel, au Mont-Dore, puis découvre les ruines de Kenu-In à Dumbéa.
À la gendarmerie principale du Mont-Dore, comme sur la zone commerciale de Dumbéa la plus ravagée par les émeutes de mai, le ministre des Outre-mer a tenu ce dimanche un discours ferme. Condamnation des violences et réaffirmation du rôle de l’Etat, dans la sécurité et pour la reconstruction économique de la Nouvelle-Calédonie.

Retour au Mont-Dore et retour dans une gendarmerie. Après la brigade de Plum ce samedi, Manuel Valls s’est rendu à sa grande sœur de Saint-Michel, ce dimanche. Il a décerné à cinq gendarmes la médaille d’honneur de l’engagement ultramarin, dans ce lieu qui a été ciblé pendant les émeutes de 2024.

Le ministre a remercié et salué, “à travers eux, l’ensemble des gendarmes qui interviennent, qui agissent en Calédonie depuis bien longtemps mais plus particulièrement pour faire face aux violences évidemment inacceptables qui ont commencé le 13 mai 2024”.

C’est grâce à votre engagement que nous pouvons entamer les discussions qui, j’espère, pourront aboutir à un accord et à la paix civile. (…) On s’interroge beaucoup sur le rapport entre la France et la Nouvelle-Calédonie. Je comprends cette question mais le seul fait d’être ici est la démonstration que l’avenir de la Nouvelle-Calédonie se bâtit avec la France.

Manuel Valls, ministre des Outre-mer

A suivi un petit-déjeuner avec les forces de l’ordre, leurs représentants et leurs familles, “dont j’imagine à la fois la fierté et l’angoisse qu’elles ont dû connaître au cours de ces semaines très difficiles”. Puis direction le Sud de Dumbéa, et ce qu’il reste du centre commercial Kenu-In.

“Voir le désastre économique”

Comme l’ont fait en novembre les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Manuel Valls a “visité” les décombres toujours très impressionnants. Avec les explications du maire, notamment. “Tout cet axe-là a été brûlé et on a sauvé de justesse l'autre centre commercial”, a relaté Yoann Lecourieux, en évoquant le Dumbéa mall. Il se satisfait de cette venue : "C'est toujours une visite utile de voir le désastre économique que ça crée, ces émeutes du mois de mai.”

Une des personnes qui assistait à la rencontre revenait pour la première fois, et avec beaucoup d’émotion, dans son commerce dévasté. Entre l'hypermarché, sa galerie et les enseignes alentours, ce sont des centaines d'emplois qui ont été perdus. Et il reste beaucoup de questions sur les conditions d’une reconstruction.

Reconstruire le centre, ça dépend déjà de l'engagement et du dynamisme des actionnaires, des chefs d'entreprise qui ont décidé. Mais il est important aussi de lancer et de concrétiser les négociations politiques. Les deux vont ensemble.

Yoann Lecourieux, maire de Dumbéa

“Rassurer les Calédoniens”

“Mon objectif, si j'y arrive, est de rassurer les Calédoniens”, a déclaré le ministre aux médias. “Bien sûr, il faut un accord politique. Ça, c'est la perspective et nous allons en discuter dans les prochains jours, parce que si l'avenir est incertain, il n'y a pas d'investissement possible et l'angoisse, la peur, la confrontation domineront. Je suis venu aussi leur dire que l’État est et sera toujours là pour les protéger.” Avec une ferme “condamnation de tous ceux qui ont détruit, qui ont brulé des églises, qui ont commis des exactions insupportables”.

Sur le volet économique, ”je suis très déterminé à ce que chacun assume pleinement ses responsabilités, a-t-il réaffirmé : indemnisation, réassurance, accompagnement. Et s'il faut modifier des outils de l'État, je pense notamment à la défiscalisation, pour aller plus loin, nous le ferons.” Manuel Valls doit rencontrer les acteurs économiques, à qui il a des annonces à faire, a-t-il indiqué dès son arrivée. 

Le reportage d'Érik Dufour et Nicolas Fasquel

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