Au bord de la RP1, la caserne de Saint-Michel. La gendarmerie principale du Mont-Dore, inaugurée en personne par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer. De l’autre côté de la route, des militants indépendantistes rassemblés sous la bannière de la CCAT. Pendant environ quatre heures, ce mercredi 20 mars, la Cellule de coordination des actions de terrain a conduit une action pour dénoncer le projet de dégeler le corps électoral.
Embouteillages
Une simple distribution de tracts aux automobilistes, qui a suffi à entraîner d’énormes embouteillages et retards pour une partie des habitants. Autour de 9 heures, il fallait encore près de quarante-cinq minutes pour aller du Vallon-Dore à Saint-Michel. Exaspération des Mondoriens concernés, nombreux à se demander s’ils doivent s’attendre à d’autres perturbations de ce genre, voire à des actions plus radicales telles que des blocages.
Commission des lois du Sénat
Il faut dire qu'à Paris, la réforme constitutionnelle destinée à ouvrir le corps électoral provincial entame son cheminement dans les rouages parlementaires. Le texte prévoit d'ouvrir le scrutin aux électeurs nés en Calédonie ou qui y résident depuis au moins dix ans. Le Sénat doit se prononcer le 26 mars sur ce sujet explosif mais dès la nuit prochaine, il est présenté à sa commission des lois.
Opposition
L’Union calédonienne s'oppose à la méthode, disant préférer un consensus. La CCAT, dont l'UC est l'une des principales composantes, fait écho. Le document distribué aux voitures ce jour dit "Non au dégel du corps électoral", "Non à la réforme constitutionnelle du président Macron", "Non aux manœuvres de déstabilisation de l'Etat français" et "Non à la recolonisation de notre pays". Des réunions d'information sont organisées à travers la Calédonie.
Devant un "outil de l'Etat"
"Pourquoi M. Darmanin veut accélérer, au lieu de laisser les Calédoniens discuter tranquillement ? On voit le texte qui file à grande vitesse dans les circuits de l'État", lance, depuis le bas-côté, Christian Tein au nom de la CCAT. En assumant l'endroit choisi pour cette action : la gendarmerie, c'est un "outil de l'État", une "courroie de transmission".
Reste le message. "Pour nous, ce n'est pas bon de mettre le dégel du corps électoral de cette façon. On demande un réajustement, pour environ douze mille natifs. Dix ans de résidence, ce n'est pas bon. On a dénoncé une forme de néocolonialisme. On n'est pas contre la venue des gens ici. Mais on a encadré l'apport de population, c'est ce qui a permis trente ans de paix."
La cellule s'est mobilisée à plusieurs reprises pour dénoncer la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral. Le 21 février, sa manifestation dans le centre-ville de Nouméa a été marquée par des heurts violents avec les gendarmes.