Une conférence de presse, sans la séquence des questions-réponses. Les visages étaient graves, ce mardi après-midi, au Mont-Dore, à la maison commune de La Conception. Le week-end dernier, sept cadres de la Cellule de coordination des actions de terrain, dont Christian Tein, étaient déferrés dans des prisons de l'Hexagone. Trois jours plus tard, l'heure est aux explications.
La paix sous conditions
UC, USTKE, DUS, MOI… Face à la presse, les représentants des différents mouvements politiques, syndicats et organisations qui composent la Cellule de coordination des actions de terrain. Un outil qualifié de "structure politique de terrain complémentaire au FLNKS". Selon eux, il n'y aura pas de paix sans le retour de ces militants en Nouvelle-Calédonie, et sans le retrait définitif de la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral. À leurs yeux, les mesures judiciaires qui ont été prises sont "l'outil des manœuvres de l'Etat".
Il faut nous ramener nos prisonniers politiques.
Une représentante de la CCAT, le 25 avril 2024, au Mont-Dore
"Pratiques coloniales"
"Ce gouvernement-ci, en trois jours, ils ont cassé trente-six ans de paix", assène ainsi Dominique Fochi, secrétaire général de l'Union calédonienne. "Ils renouent avec les pratiques coloniales d'une autre époque et la répression en fait partie. La répression n'a jamais rien réglé. Et ils continuent avec les mêmes pratiques."
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"Zones d'ombre"
Pour la CCAT, des zones d'ombre subsistent, de l'arrestation de ces militants, jusqu'à leur transfert par avion spécial en France hexagonale. Durant cette conférence de presse, chacun répète que Christian "Bichou" Tein n'a jamais appelé à commettre des exactions et se demande si la crise qui secoue la Nouvelle-Calédonie ne sert pas d'autres intérêts. Une crise qualifiée de "situation insurrectionnelle" et de "guerre civile larvée".
Est-ce qu'aujourd'hui, la politique répressive qui est menée ici n'est pas une stratégie de campagne des Macronistes contre le Rassemblement national ? C'est pour ça que nous, on veut sortir de ce système. On ne peut pas continuellement discuter de notre sort à partir de Paris.
Dominique Fochi, secrétaire général de l'Union calédonienne
Demande d'autres poursuites
John-Rock Tindao préside le conseil coutumier de l'aire Drubea-Kapumë, il a formulé un certain nombre de conditions pour engager un processus de désescalade. Parmi lesquelles le fait que le procureur engage, sans délai, des poursuites "à l'encontre des responsables des milices". "La situation sine qua non pour qu'on puisse apporter un climat de paix, pour qu'il y ait une discussion et que tous les relais CCAT puissent se mettre en berne momentanément, a-t-il aussi déclaré, c'est le retour de Christian Tein et tous les camarades emprisonnés en Métropole parce qu'on estime que ce sont des arrestations arbitraires."
À l’origine, la CCAT devait tenir une conférence de presse le mercredi 19 juin, au siège de l'UC situé à Magenta. Mais c'est ce jour-là qu'ont eu lieu les onze interpellations dans le cadre de l'enquête sur les commanditaires présumés des exactions. Et qu'une perquisition était menée sur place.
Concernant la mobilisation, c'est ce qu'on a dit à [l'assemblée générale à] Azareu : ne bougez pas de là. La mobilisation continue, pacifique.
Thierry Kameremoin, représentant de la CCAT, le 25 juin 2024