Jeudi 3 août. Depuis deux jours, des salariés et des sous-traitants de la Société de navigation et roulage de Poum (Sonarep) sont mobilisés devant l’usine, accompagnés de personnes venues les soutenir. L'entreprise mise en liquidation, ils attendent de la SLN un engagement de maintien de l'activité sur le centre minier de Poum.
En fin d'après-midi, la situation dégénère… Jets de pierres, dégradation de matériel et de véhicules… La SLN a déclaré 250 millions de dégâts et une perte d’exploitation de 200 millions de francs. Des salariés ont rapporté des agressions physiques.
Quatre agents et la direction de la SLN partie civile
Deux personnes avaient aussitôt été interpellées et conduites au Camp-Est. Un homme originaire de Kaala-Gomen, qui travaille pour une société sous-traitante de la Sonarep, et son oncle, 65 ans, président du syndicat des rouleurs pays. Ils étaient convoqués au tribunal correctionnel de Nouméa le mardi 8 août pour une comparution immédiate. Mais l’oncle avait alors dû être hospitalisé pour des problèmes cardio-vasculaires.
Le procès avait été renvoyé, les deux accusés placés sous contrôle judiciaire. Ce mardi, ils devaient répondre de dégradations commises en réunion, avec armes, et de violences sans avoir entraîné d’ITT. Quatre agents de la SLN ainsi que la direction de la SLN se sont portés partie civile. Au tribunal, ils ont raconté le "traumatisme", décrit comme "une expérience de mort imminente".
"Un assaut avec des armes de destruction massive" ?
Y a-t-il eu provocation ou pas ? C’était la question centrale de l’audience du jour. Les deux prévenus affirment qu’ils ont utilisé des engins miniers pour détruire des installations parce qu’ils s’étaient sentis menacés par la présence d’une chargeuse de la SLN. Pour la partie civile, il s’agissait d’un "assaut avec des armes de destruction massive".
Les deux camps se sont à nouveau retrouvés face-à-face ce mardi, au tribunal. Entre eux, de nombreux policiers, envoyés en prévention d'éventuels débordements.
Des excuses
Le procureur a requis trois ans de prison ferme, dont deux avec sursis assortis d'une obligation d'indemniser les victimes et interdiction de paraître sur le site de Doniambo et aux abords, et une interdiction de port d’armes. Les prévenus, venus accompagnés de leur famille et de soutiens, ont exprimé leurs regrets et leurs excuses.
Le délibéré sera rendu le 3 novembre.
Le reportage vidéo d'Erik Dufour et Franck Vergès :