C’est un débat sans fin. Samedi 13 avril, deux manifestations ont déferlé sur le centre-ville de Nouméa.
- L’une, pour soutenir le dégel du corps électoral. Elle était portée par les Loyalistes et le Rassemblement.
- L’autre, pour s’opposer à cet élargissement des personnes pouvant voter aux provinciales. Elle était initiée par la Cellule de coordination des actions de terrain, vitrine indépendantiste et nationaliste.
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Un rapport de force scruté
La démonstration de force a été scrutée, aussi bien localement que depuis l’Hexagone, alors que le projet de loi constitutionnelle fait son chemin au parlement. Quel a été le succès de ces rendez-vous très politiques ?
- Selon le haut-commissariat de la République, représentation de l’Etat en Nouvelle-Calédonie, chaque camp a réuni environ 20 000 personnes.
- D’après les organisateurs, c’était jusqu'à quatre fois plus. Les défenseurs du maintien dans la France se chiffrent eux-mêmes à 35 000 manifestants. Les partisans de Kanaky, à 80 000. Soit environ 115 000 personnes dans un pays qui en abritait 271 000 au dernier recensement.
Des méthodes différentes
Depuis samedi, d’un côté comme de l’autre, des dizaines de voix remettent en cause les différents chiffrages. Des polémiques qui n'ont rien de nouveau. L’écart entre ces données vient en fait d’une différence dans les procédés de comptage.
- Chez les non indépendantistes, une dizaine de personnes ont été nommées afin de recenser les manifestants en début et en fin de cortège. Un comptage par ligne, basé sur la longueur du défilé. Les responsables indiquent aussi que des images captées par drone ont été utilisées.
- Pour les indépendantistes, pas de drone mais un comptage manuel, par rangée. La CCAT signale qu’une équipe dédiée est également chargée de chiffrer les manifestants lors de chaque mobilisation. Comptage basé aussi sur les moyens de transport. Samedi, la cellule a affrété 28 bus de 70 places chacun, pour emmener les habitants du Nord jusqu’à Nouméa.
Du côté des autorités, trois méthodes.
- D’abord un comptage manuel. Des fonctionnaires de police, placés sur le parcours des cortèges, comptent à vue les rangées qui défilent, à plusieurs reprises, durant toute la durée de la manifestation.
- Puis les données sont recoupées par vidéosurveillance.
- Et pour finir, par des images aériennes de drones.
Les différents chiffres sont alors confrontés. Une estimation finale est produite par le haut-commissariat, puis diffusée aux médias. C’est ce qui s’est passé samedi. L’Etat n’a pas recouru à un logiciel de comptage, comme ça peut être le cas.
Complexe
Technologie ou pas, quoi qu'il en soit, il y aura polémique. Chaque méthode a ses failles. Il s’avère toujours plus simple d’évaluer l’affluence à une manifestation statique que durant une mobilisation en mouvement. Enfin, les manifestants ne donnent jamais les mêmes chiffres que la police, et inversement.