Conférence de presse tenue par le gouvernement calédonien, vendredi après-midi. Elle était consacrée aux "points d'avancée", concernant les problématiques économiques.
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Des dispositifs "prêts" à être déclenchés
"On a la chance d’avoir l’Etat à nos côtés de manière extrêmement forte", a dit d'entrée Christopher Gygès, porte-parole de l'exécutif calédonien. "Cette semaine, nous avons encore eu une visioconférence avec le cabinet de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, et ce soir, nous aurons une visio avec la ministre déléguée aux Outre-mer. Les travaux menés par la mission ont permis d’identifier un certain nombre de dispositifs. Ils sont prêts, on attend le 'go' de l’Etat pour les déclencher pour la partie financement", a-t-il assuré. Des leviers "pour les entreprises impactées physiquement, ou qui voient leur chiffre d’affaires drastiquement baisser du fait que les personnes ne vont plus dans les commerces, etc."
Un fonds de solidarité "en cours de finalisation"
Christopher Gygès annonce notamment que le fonds de solidarité de l’Etat, mentionné par Emmanuel Macron lors de sa venue, "est en cours d'élaboration et de finalisation". Il pourrait être dévoilé "dans les prochains jours", pour venir en aide aux petites entreprises. Comme pour le Covid, indique-t-il, les aides peuvent être versées rapidement. Il mentionne aussi "un dispositif d’aide aux coûts fixes pour les structures plus grosses". Enfin, "un dispositif co-construit entre les partenaires sociaux, l'Etat et le gouvernement" : chômage partiel et renforcement du chômage total. Il est évoqué la mise en ligne d’un site internet appelé www.urgenceconomique.nc pour que les Calédoniens puissent avoir accès aux aides.
"Plus de 5 000 personnes potentiellement concernées" par des licenciements
"La meilleure façon de réagir à cette violence est de ne pas se décourager et baisser les bras, mais de réfléchir à comment rebondir. C’est le choix que le monde économique a fait", a prononcé Thierry Santa, en charge de l'emploi. "L’objectif premier est de garder les salariés", par le biais du dispositif de chômage partiel spécifique. "Un chômage partiel spécifique ‘mines’ avait été mis en place il y a deux mois. C’est le même principe. Un chômage partiel spécifique crise, pour maintenir au maximum l’emploi, et faire en sorte que pouvoir d’achat des Calédoniens ne soit pas trop impacté."
Suivent des chiffres forts. "On parle de plus de 500 entreprises détruites, en tout cas en incapacité de produire, et qui n’ont pas pu faire autrement que de licencier, d'ores et déjà, une partie de leurs salariés", a lancé Thierry Santa. "On parle de plus 5 000 personnes potentiellement concernées." Cela concerne les entreprises détruites, et le chômage total spécifique, a-t-il précisé. "Hélas, ça peut encore évoluer."
Vers un chômage spécifique et dégressif sur neuf mois
Il détaille les dispositifs envisagés. "Au-delà du fait que notre système de chômage de droit commun ne pouvait pas supporter cette masse supplémentaire de chômeurs, on a envisagé de créer un dispositif de chômage total spécifique. Un dispositif dégressif". En substance, il "permettrait, pendant trois mois, de prendre en charge 70 % du salaire jusqu'à deux fois et demi le SMG ; pendant trois mois, 100 % du SMG ; enfin, les trois derniers mois, le dispositif de droit commun." Le but : que ces 5 000 salariés en moins puissent avoir le temps de se retourner sans que les conséquences sur leur famille ne soient trop fortes.
Un coût de treize milliards en trois mois ?
Reste à sécuriser le financement de tels dispositifs. "On parle, a illustré Thierry Santa, de 13 milliards [de francs CFP] uniquement pour les trois premiers mois." Evaluation pour "le montant du chômage partiel spécifique et du chômage total spécifique. On est à 27 milliards si on prend l'année 2024 dans sa globalité." D'après l'élu, qui livre une large évaluation, le chômage partiel pourrait toucher 10 000, 15 000 voire 20 000 personnes. "On aura les idées claires au fil du temps."
L'épineuse question des financements
Conclusion, "la Nouvelle-Calédonie est incapable de financer seule ces mesures." Le membre du gouvernement rappelle que "le président lui-même s'est engagé à ce que la Nation apporte son aide. C'est toute la discussion qui, je l'espère, va se finaliser rapidement, de manière à ce que ce texte puisse être adopté rapidement par le gouvernement et derrière, rapidement par le Congrès, grâce à une procédure d'urgence." Christopher Gygès a aussi parlé d'une demande spécifique pour le financement des collectivités calédoniennes.
La Nouvelle-Calédonie va se redresser, on va redonner un avenir à ce territoire et on va le faire ensemble.
Christopher Gygès, membre du gouvernement collégial
Assurances, "n'oublier personne"
Autres chiffres éloquents, en matière d'infrastructures détruites ou endommagées. "Les assurances, a signalé Christopher Gygès, nous ont fait remonter [jeudi] un milliard d’euros, soit 120 milliards CFP, déposés aux assurances." Sachant que "a minima, 30 % des entreprises qui ne sont pas assurées donc qui n’ont pas déposé de dossier. Il faut les accompagner."
"Les banques ont un rôle important à jouer dans le soutien à l'économie", a-t-il aussi dit. "Des discussions sont en cours. A propos des reports de PGE [prêt garanti par l’Etat], des arbitrages sont en place. Les assurances aussi sont fortement mobilisées" avec "le fait que la clause émeutes puisse être élargie" et "avoir une tolérance sur la formalisation des preuves par photo et vidéo."
La présidente du Medef en appelle au Congrès
Mimsy Daly a pris la parole pour le Medef qu’elle préside. "La situation est catastrophique", martèle-t-elle, en confirmant : "Il va y avoir un volet assurances. Il y a les entreprises détruites, mais aussi les entreprises qui n’ont pas été détruites, victimes collatérales de cette première phase de destruction : les sous-traitants, les entreprises en perte d’exploitation, qui vont se retrouver en cessation de paiements par défaut de trésorerie." Une vague "qui concerne des milliers d'entreprises dans tous les secteurs d'activité". Sans oublier "le secteur métallurgique, contraint par la situation".
La dirigeante patronale insiste : "L’heure est grave. On avance tous les jours. Le gouvernement a écrit des textes de loi. Il faut que ces mesures soient financées. On attend la confirmation de l’Etat et qu’elles soient votées par le Congrès. On a besoin de savoir si le Congrès est prêt à voter les textes de loi qui vont être déposés, dans un délai très court. On a des compétences ici [sur lesquelles] l’Etat n’a pas la main. Nous appelons à la mise en œuvre très rapide du vote."
On a une notion d’urgence, les salaires, c’est la première priorité.
Mimsy Daly, présidente du Medef-NC
Avec un compte à rebours : "On est le 31 mai, c’est la fin du mois, on a dix jours pour payer les salaires. Des milliers de Calédoniens sont dans l’attente de ces décisions. Des choix doivent être faits en fonction des décisions qui seront prises." Et même de lancer : "Mieux vaut faire vite que bien. Ils ont besoin d’avoir de la visibilité."
Thierry Santa a parlé de réunir la commission permanente du Congrès la semaine prochaine, pour examiner les textes pris par le gouvernement ce mercredi. Autre notion de durée : "Si on a l’accord de l’Etat pour les financements exceptionnels, le gouvernement se réunira avant mercredi", a assuré Christopher Gygès.
La CCI "en gestion de crise"
"On est entrés en gestion de crise", a rappelé la Chambre de commerce et d'industrie par la voix de son directeur général, Charles Roger. Il a cité les dispositifs lancés par la CCI pour accompagner les entreprises, notamment le numéro vert 05 03 03. "Vous aurez au téléphone des conseillers qui vous aideront, pour les chefs d’entreprise, à obtenir les bonnes réponses et à mettre en place les bonnes actions." Egalement une foire aux questions, mise à jour au fil des points quotidiens. La CCI s’est mise à la disposition de l’Etat concernant l’aéroport international qu’elle gère, "pour organiser l’ensemble des flux, actuels et à venir".
En parallèle, les élus se sont mis au travail sur la reconstruction. Sur le temps d’après. Ça va être indispensable de redonner de la visibilité et de la confiance aux chefs d’entreprise et à leurs collaborateurs.
Charles Roger, directeur général de la CCI
Parmi les pertes, les installations du CFA à Nouville
Le point côté Chambre de métiers et de l’artisanat, avec Elizabeth Rivière. "On a des artisans qui ne peuvent plus faire face", décrit la présidente de la CMA. "Par exemple, des clients, des particuliers se désistent, ne savent pas s’ils vont faire des travaux. Ils ont des problèmes d’approvisionnement. La CMA accompagne les artisans, ils sont souvent démunis. C’est parfois simplement pour un échange."
Et il y a un sinistre en particulier : à Nouméa, le Centre de formation de l’artisanat situé sur la presqu’île de Nouville a été détruit "à 90 %". Des installations à la fois coûteuses et indispensables. "Il faut qu’on retrouve rapidement des outils pour permettre à ces jeunes de continuer. L’avenir de notre pays, c’est insérer cette population, ces jeunes. Les artisans sont là pour accueillir ces jeunes dans l’entreprise."
Le rôle du secteur agricole
A l’échelle de la Chambre d’agriculture et de la pêche, son directeur général Guylain de Coudenhove évoque l’enjeu de maintenir la sécurité alimentaire du territoire. Les agriculteurs, les pêcheurs souhaitent se mobiliser pour fournir les marchés de Nouméa et du Grand Nouméa. Il est question de "ponts maritimes" de manière à "acheminer des produits frais et agroalimentaires. On a mis en place des communications et des numéros pour faire remonter ces besoins et alimenter quotidiennement les Nouméens en produits frais." Reste que "les agriculteurs doivent trouver du carburant, c’est cette logistique de terrain qu’on est en train de mettre en place".
Nous rouvrirons le marché de Ducos dès que possible, c'est souhaité par les agriculteurs et les consommateurs.
Guylain de Coudenhove, directeur général de la Chambre d'agriculture et de la pêche
Et en matière d'approvisionnement, "petite victoire", récente, soulignée par le Medef : "On a réussi à relancer l’Ocef. Ça a permis de libérer une partie du stock de viande et de pommes de terre", s’est réjouie Mimsy Daly, en pointant en revanche la problématique difficile d’accès au riz et à la farine. "On est très contraints par la situation actuelle, par les routes bloquées."
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