Dossier usine du Sud : les gardes à vue s'achèvent vendredi matin, avant présentation au Parquet

Sur une des banderoles : "On n'est pas des terroristes, ni des radicalisés".

Mobilisation sous l'égide de l'Ican et du collectif Usine du Sud= usine pays, jeudi, devant la caserne Meunier de Nouméa. Objectif : soutenir les sept personnes entendues suite aux violences perpétrées à hauteur du complexe industriel. Des mis en cause qui seront déférés ce vendredi au Parquet.

L’école Frédéric-Surleau avait de la compagnie, jeudi 6 mai, à Nouméa. En fin de matinée, des membres de l’Ican - Instance coutumière autochtone de négociation - et du collectif Usine du Sud = usine pays se sont installés sur le trottoir en contrebas de l’établissement. Figures politiques, coutumiers, militants... Ils étaient à la mi-journée un peu moins d’une centaine à regarder, dans le calme, vers la caserne Meunier - dont l'entrée était gardée par plusieurs véhicules de police.

Soutien et colère

Sur les banderoles : "On n'est pas des terroristes, ni des radicalisés", "Garde à vue abusive" ou encore "Libérez nos responsables". C'est avec ces slogans que les manifestants ont affiché leur soutien, mais aussi leur désaccord et leur colère. Depuis lundi, dix personnes ont été placées en garde à vue à la caserne de gendarmerie située dans le centre-ville de Nouméa. Trois ont été relâchées mercredi soir - pas Raphaël Mapou, porte-parole de l'Ican et secrétaire général du comité Rhéébù Nuù.

En attendant les chefs d'accusation

Il est reproché aux mis en cause des actes de criminalité dans le cadre des violences perpétrées à hauteur de l'usine du Sud en décembre. 

Jamais. On n'a jamais eu d'enquête, pour ce qu'on appelle de la criminalité organisée ou de l'écofi, [les juridictions économiques et financières], avec quatre jours de garde à vue. Sauf erreur de ma part, ce n'est jamais arrivé.

Me Calmet, avocat de Raphaël Mapou

 

Me Martin Calmet échangeant avec les manifestants, jeudi 6 mai, devant la caserne Meunier.

 

Pour nous, le principe du droit autochtone est bafoué, aujourd'hui, et on appelle tout le pays, tout le pays kanak, à être sensible à ce qui se passe ici.

John Tindao, président du conseil de l'aire Drubea-Kapumë

 

"Attitude de l'Etat"

Louis Mapou et Charles Washetine (Uni-Palika) ont réitéré leur incompréhension vis-à-vis de l'Etat et de sa posture dans cette affaire. Aloisio Sako, membre du bureau politique du FLNKS, remettait quant à lui en cause l'invitation du Premier ministre et du ministre des Outre-Mer pour des discussions politiques à Paris.

C'est pour soutenir, mais en même temps pour condamner l'attitude de l'Etat qui d'un côté, fait des pieds et des mains pour qu'on vienne à Paris et de l'autre, tient le fouet.

Aloisio Sako, bureau politique du FLNKS

 

Voyez le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Claude Lindor :

 

Gardes à vue toujours en cours

En fin de journée, le procureur de la République précisait que la garde à vue des mis en cause se terminera vendredi matin. Selon leurs avocats, également joints en début de soirée, ils seront alors déférés au Parquet pour une ouverture d'information judiciaire par le juge d'instruction - ou devront se présenter d'eux-mêmes car un des hommes entendus dort notamment en dehors de la caserne, sous assistance respiratoire. 

Mobilisation attendue près du tribunal

On saura alors ce qui est exactement reproché à chacun. Le juge de la détention et des libertés devra ensuite décider si, en attendant la fin de l'instruction, les mis en cause sont placés en détention provisoire ou relâchés. Autant dire qu'il faut s'attendre à une nouvelle mobilisation demain, cette fois à hauteur du palais de justice.