Forum de l'eau en Nouvelle-Calédonie : H2O dans tous ses états

Le Forum de l'eau NC 2022 s'est ouvert ce mardi 22 mars à Nouméa, à la Communauté du Pacifique. Rendu des travaux prévu le 31 mars.
En ce 22 mars, Journée mondiale de l’eau, le Forum de l'eau effectuait son retour en Nouvelle-Calédonie. Il a fait salle comble à Nouméa, dans les locaux de la CPS. Chercheurs, techniciens, élus ou associations, les nombreux acteurs présents ont dressé le bilan des différentes actions menées depuis le dernier rendez-vous, en 2019. Morceaux choisis.

Il se déroule sur plusieurs jours : le Forum de l’eau NC 2022 a été organisé ce mardi 22 mars à l’Anse-Vata, le jeudi 31 pour la restitution des travaux à Nouméa et le jeudi 24 pour une journée à Poya.

Des défis

Depuis 2019, la Nouvelle-Calédonie s’est dotée d’un schéma d’orientation pour une politique de l’eau partagée. Et les défis sont de taille :

  • les ressources en eau sont réparties de manière inégale sur l’ensemble du pays.
  • plus de 7 ménages sur 100 n’ont pas accès à l’eau potable.
  • un Calédonien sur dix consomme l’eau des rivières, ce qui représente un risque sanitaire.
  • les normes locales de l’eau potable ne répondent pas aux recommandations de l’OMS.
  • l’assainissement des eaux usées reste insuffisant…

Forum de l'eau NC 2022, point de situation par Coralie Cochin

Des pistes de progrès

Deux ans après le premier forum, en 2019, un certains nombres d’objectifs et d’avancées s’étaient dégagés. Comme la création d’un "fonds de l’eau", ou la définition de cette fameuse PEP, la politique de l’eau partagée. Elles ont permis de recentrer la gouvernance. Et de mieux partager les niveaux de compétence. "Un certain nombre relèvent des communes", rappelle le membre du gouvernement en charge de la question, Joseph Manauté, en citant l’assainissement ou l’adduction en eau potable. "D’autres objectifs s’appuient sur des compétences ou des interventions des provinces - l’aménagement, l’eau agricole."

C’est une politique de l’eau partagée qui est portée par la Nouvelle-Calédonie mais associe en fait tout le monde.

Joseph Manauté, membre du gouvernement en charge de l’eau

Des outils

Parmi les grands axes présentés à ce forum, le projet de zéro rejets en matière d’eau non traitées, l’objectif d’une eau maîtrisée dans la production agricole ou encore la sanctuarisation des ressources qualifiées de stratégiques. Encore faut-il connaître ces ressources.

Parmi les nouveaux outils qui y travaillent, un atlas hydro-géologique. "Il permet de délimiter les roches qui contiennent de l’eau et de les différencier de celles qui ne contiennent pas d’eau", résume Stéphane Balayre, du service de l'eau à la Davar, en charge du suivi des eaux souterraines. "Une fois qu’on a cette délimitation, on peut mesurer les enjeux, le volume de prélèvement exercé sur ces ressources, mais aussi les impacts en termes de pollution qui peuvent concerner cette ressource."

Autre technique expérimentée récemment, l’électromagnétisme par hélicoptère. "Grâce à ce champ magnétique, on peut mesurer la cohésion du sol, sur de grandes profondeurs", enchaîne Stéphane Balayre. "Là où il y a du vide, il y a potentiellement de l’eau. A Poum, illustre-t-il, on connaît les problématiques (…) qui existent. Ils sont obligés de se tourner vers l’eau de mer, de dessaler pour pouvoir la consommer. Cette méthode à grande échelle permet de couvrir les zones et d’identifier de potentielles poches d’eau."

Une gageure municipale

Gérer l’adduction d’eau potable, un vrai casse-tête pour les communes. A l’exemple de Houaïlou. Son maire, Pascal Sawa, campe le tableau : "C’est un peu plus de 400 kilomètres de conduites, plus de quinze zones de captage. Tout ça a un coût énorme en fonctionnement, pour faire en sorte que chaque administré puisse être relié au réseau et avoir une eau de qualité et potable."

C’est un enjeu technique et un enjeu financier, parce qu’il faut réussir à équilibrer tout ça. Le budget annexe de l’eau doit normalement s’auto-financer.

Pascal Sawa, maire de Houaïlou

Un besoin de réglementation

Parmi les objectifs présentés, 150 litres d’eau potable par jour et par habitant d’ici 2025. Mais la crise sanitaire a perturbé le calendrier, et reporté cette échéance à 2027. Nœud du problème, entre autres : les compétences des uns et des autres, pour coordonner les actions à mettre en place. "On a identifié que la mise en place d'une réglementation était l'élément-phare de cet objectif-là", précise Charlotte Duval, du service santé environnementale à la DASS-NC. "Depuis plusieurs années, on travaille avec les communes pour donner des règles. Mais au final, le rôle de chacun n'est pas clairement donné dans une réglementation."

A la clé ? "C'est s'assurer que les gens ne soient pas en situation précaire d'absence d'eau, on a besoin d'eau pour mettre en place des actions d'hygiène. Et après, avoir de l'eau de qualité."

Une recherche de coopération

Parmi les difficultés concrètes, trouver des professionnels formés. Un projet régional est mis en place avec la Polynésie ainsi que Wallis et Futuna. "L’idée, c’est de renforcer les compétences et les savoir-faire par des échanges", dépeint Pearl Winchester, animatrice de la politique de l’eau partagée, à la Davar. "Par exemple du compagnonnage entre les acteurs de terrain. Des ateliers techniques aussi, pour échanger de bonnes pratiques."

Bref, les problématiques liées à l’eau sont aussi nombreuses qu'essentielles. Les différents acteurs ont une semaine pour avancer sur la question.

Forum de l'eau NC 2022, compte-rendu de Stéphanie Chenais

Et le compte-rendu de Bernard Lassauce avec Claude Lindor :

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