Georges Selefen, directeur d’Aircalin : “La réouverture de la ligne Nouméa-Melbourne est un enjeu majeur”

Georges Selefen, directeur général d'Aircalin à compter du 1er juin.
Aircalin a officiellement repris ses rotations aériennes entre Nouméa et Melbourne, deuxième ville d’Australie, ce vendredi. L’occasion de faire le point sur l’état de santé de la compagnie avec son directeur, Georges Selefen.

La crise Covid et la fermeture des frontières ont secoué Aircalin. Mais depuis 2022 et l’ouverture de la ligne vers Singapour, la compagnie semble sortir de la zone de turbulences. La reprise des vols entre Nouméa et Melbourne, ce vendredi, est un autre signal positif de reprise d’activité. La rotation, ouverte en 2013, avait dû être suspendue en 2020. Georges Selefen, directeur d’Aircalin depuis mars, répondait aux questions des journalistes embarqués dans le vol inaugural.  

Qu’attendez-vous de la réouverture de la liaison Nouméa-Melbourne ?  

Georges Selefen : La réouverture de la ligne Nouméa-Melbourne est attendue par la compagnie depuis la fin de la crise Covid. Elle représente trente mille passagers transportés en moyenne et sept mille touristes australiens qui viennent en Calédonie. C'est un enjeu majeur pour la compagnie, mais aussi pour la Nouvelle-Calédonie. On a travaillé de manière un peu précise avec les acteurs du tourisme et les acteurs économiques de Nouvelle-Calédonie et de Melbourne pour que cette ouverture puisse être une vraie réussite. 

Les coefficients de remplissage sont plutôt satisfaisants. Nous sommes autour de 75 à 80 %.

Qui sont les passagers qui ont déjà réservé ?  Sont-ils majoritairement Calédoniens ou Australiens ? 

G.S.: Des Calédoniens attendaient depuis plusieurs mois, avec beaucoup d'impatience, cette ouverture. Un gros travail a également été effectué par les acteurs du tourisme, comme NC tourisme, pour susciter l'envie de la population de Melbourne de se déplacer en Nouvelle-Calédonie. 

Qu'en est-il, au-delà de Melbourne, des autres lignes ?  

G.S.: On a ouvert la ligne Nandi-Papeete cette semaine et nous sommes, là aussi, très satisfaits du taux de remplissage de nos avions, avec des clients qui vont principalement à Tahiti et de Tahiti à Nouméa. 

Pourquoi la liaison vers Melbourne a-t-elle mis plus de temps à se mettre en place ? 

G.S.: On avait prévu de programmer l'ouverture de la ligne Nouméa-Melbourne pour la haute saison. On avait également prévu de recevoir notre quatrième appareil, qui vient compléter la flotte de la desserte régionale, le A320neo. Pour des raisons techniques, il ne devrait finalement arriver qu’entre Noël et le jour de l’An. On a quand même maintenu l'ouverture avec l'affrètement d'un A319 de la compagnie Amelia. Deux A320neo desserviront ensuite l'ensemble des destinations australiennes, néo-zélandaises et Nandi-Papeete. 

Comment la compagnie fait-elle face à la perte de passagers sur la ligne avec Tokyo ? 

G.S.: C'est vrai que le bilan japonais n'est pas à la hauteur de nos attentes. On tire notre épingle du jeu par la destination Singapour et surtout le marché France-Europe, qui est plutôt en progression. Il ne vient pas complètement compenser l'absence des Japonais, mais il nous permet d'équilibrer les destinations plutôt long-courriers.  

Nous sommes encore en période de convalescence mais nous ne sommes pas déficitaires. On est à l'équilibre avec une progression constante.

Comment envisagez-vous l'avenir ?  

G.S.: Nous sommes assez optimistes sur la progressivité de la reprise de la desserte internationale. On voit qu'on est pratiquement arrivés à nos chiffres de référence de 2019, même si des secteurs comme le Japon ne répondent pas encore présents. On sait que sur les deux prochaines années, on va progresser sur les destinations australiennes et néo-zélandaises, où on note déjà une augmentation de 34 % par rapport à 2019. 

Il y a eu beaucoup de plans de départ avec le Covid. Où en êtes-vous des réembauches ?  

G.S.: On est en phase de montée en puissance. Il y a eu beaucoup de départs volontaires. Aujourd'hui, au fur et à mesure de l'évolution de notre activité, nous reconstituons l'effectif. Dès 2024, je pense qu'on sera au niveau de 2019. Aux alentours de 500 salariés.  

Au niveau de la situation financière, la compagnie retrouve-t-elle les bénéfices d'avant-Covid ?  

G.S.: Nous sommes encore en période de convalescence. Nous n'avons pas atteint nos résultats d'avant crise Covid. Nous espérons retrouver ce niveau en 2025-2026. Nous ne sommes pas déficitaires. On est pour le moment à l'équilibre, avec une progression constante. 

Est-il prévu d'autres réouvertures de lignes qui existaient, comme la Corée ? 

G.S.: La Corée n’est pas prévue. Aujourd'hui, nous avons mis en place ce qui nous paraissait le plus intéressant en termes de potentiel de développement. On réfléchit encore à d'autres perspectives.