Les abattages de requins suspendus dans toutes les baies de Nouméa

Requin-tigre pêché à Nouméa en février 2023
Le juge des référés du tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie donne raison à l’association EPLP, qui avait déposé une requête concernant les campagnes de prélèvement menées par la mairie de Nouméa.

Trois dernières campagnes étaient prévues, en octobre, novembre et décembre. Celle qui devait commencer lundi n'aura donc pas lieu. Déjà le mois dernier, le juge des référés avait suspendu l'arrêté pris en avril par la présidente de la province Sud, autorisant les abattages dans les aires de gestion durable de l’îlot Maître, de l’île aux Canards et de la pointe du Kuendu.

Restait à statuer sur les prélèvements hors de ces zones protégées, et c'est ce que vient de faire le tribunal administratif dans une procédure d'urgence, suite à la saisine d'Ensemble pour la planète. "C'est une immense satisfaction, pour Martine Cornaille, la présidente de l'association. Le juge a repris nos arguments : l'absence d'étude scientifique, et l'absence d'évaluation des populations, avant, pendant et après les campagnes."

Le juge dit que la mairie de Nouméa a commis une erreur d'appréciation et c'est une victoire pour EPLP, qui plaide le caractère non raisonnable de ces mesures, alors qu'il existe des alternatives qui ne sont pas mises en œuvre.

Martine Cornaille, présidente de l'association Ensemble pour la planète

127 requins tigres et bouledogues tués en 2023

En septembre, on apprenait que les campagnes de "régulation" étaient à l'origine de dégâts collatéraux conséquents. En moyenne, pour un tigre ou bouledogue tué, ce sont deux espèces non ciblées qui sont capturées. Entre janvier et août, 200 requins citrons, gris, nourrice, marteau, pointe noire ou barracuda ont mordu à l'hameçon.

En l’absence de toute étude scientifique précise permettant de connaître l’état exact de la population et en raison de son caractère irréversible sur l’environnement marin, le juge ordonne donc la suspension des abattages. La mesure avait été instaurée par la ville de Nouméa, dans le cadre de ses pouvoirs de police, suite aux attaques de requins, dont une mortelle, survenues en début d’année.

Que pensent les usagers de la mer de cette décision du tribunal ? Malia Noukouan est allée interroger les baigneurs, à la baie des Citrons, sur la zone protégée.

Pourvoi en cassasion

Dans un communiqué diffusé cet après-midi, la municipalité dit "prendre acte de la décision du tribunal administratif qui suspend les campagnes de régulation des requins tigres et bouledogues "jusqu'à ce qu'il soit statué au fond sur leur légalité."" En effet, c'est collégialement que les juges de la juridiction se prononceront sur ce point, d'ici la fin de l'année. Et de conclure : "La ville reste engagée et déterminée dans la protection de ses administrés et se pourvoira donc en cassation devant le Conseil d'Etat."

Communiqué de presse de la ville de Nouméa

Des "prélèvements rassurants" mais "contraignants"

Comment les professionnels reçoivent-ils cette nouvelle ? Les pratiquants de glisse et des clubs nautiques n’ont pas complètement cessé leurs activités puisqu’ils continuaient à sortir en mer, à leurs risques et périls. Stéphane Bouquillard, la présidente de l’Association Nouméa glisse partage les questionnements du président du tribunal administratif, sur les données scientifiques relatives à l’état des populations de requins.