Meurtre à Tuband en mai 2021 : pour le légiste, "la volonté de tuer ne fait pas de doute"

Le verdict doit être rendu dans la journée.
Le 6 mai 2021, le corps d'un homme de 52 ans était retrouvé sans vie à son domicile, à Tuband, la carotide sectionnée. Ce jeudi, les expertises psychologiques et psychiatriques ont permis à la cour d'assises de Nouméa de mieux cerner la personnalité de l'accusé. Le procès se poursuit ce vendredi. Verdict attendu dans la journée.

Un quadragénaire au caractère complexe, instable et immature. C'est ce qu'il ressort de l'expertise psychologique de l'accusé. Un homme de 41 ans, originaire de Cannes, sans domicile fixe au moment des faits, coupé de sa famille, sans amis, au comportement parfois adolescent. Il est en détention provisoire au Camp-Est depuis le 18 mai 2021, soupçonné d'avoir tué un homme de 52 ans quelques jours plus tôt. 

Pour l'experte psychologie, entendue par la cour d'assises en visioconférence en fin de journée, jeudi 13 septembre, au premier jour du procès, plusieurs facteurs pourraient expliquer un passage à l’acte de l’accusé le 3 mai 2021. Des carences affectives depuis l’enfance, un narcissisme exacerbé et une ambivalence sexuelle prononcée. L’expert psychiatrique, lui, n'observe aucun trouble psychiatrique et aucune altération du discernement. Hypersensible et irritable, l’accusé peut malgré tout répondre des faits qui lui sont reprochés, confirme-t-il.

J'étais blessée par ses propos mais je ne l’ai pas tué.

L'accusé

Ce vendredi 14 septembre, il a été interrogé sur son emploi du temps du 3 mai 2021, date à laquelle pourrait remonter la mort de la victime, retrouvée sans vie, chez elle, trois jours plus tard. Vers 8 heures, les deux hommes seraient allés récupérer des galets chez un vendeur. Avant de se disputer pour une raison complexe. L’accusé veut alors retourner chez la victime pour récupérer ses affaires et quitter le domicile. "Avec la victime, c’était toujours tendancieux. Ses colères étaient injustifiées, j’étais toujours mis au pied du mur. J'étais blessée par ses propos mais je ne l’ai pas tué", explique-t-il. 

Une capture vidéo l'identifie dans un bus

L’enquête de police révèle qu'il est resté près de deux heures chez la victime avant de partir. Il aurait pris une douche, passé des coups de fil, discuté avec la victime. L'enquête a également montré que cette dernière avait, à ce moment-là, manqué plusieurs coups de téléphone. Parce qu'il était sur vibreur comme l'indique l'accusé ? 

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Autre interrogation : le quadragénaire avait-il les clés du logement, comme il l'avait déclaré dans un premier temps ? Ce vendredi matin, il assure qu'il les avait rendues et qu'il s'est trompé sur l'heure à laquelle il a quitté le domicile. Mais admet mentir parfois.

Il a en tout cas été vu dans un bus près de Tuband entre 11 heures et 11h30. Une capture vidéo l’identifie. Il porte une casquette, un pantalon et un sac-poubelle à la main. Dans ce sac, une planche de skateboard. En la découvrant lors du procès, l’accusé s’exclame qu’il ne s’agit pas du bon skateboard et que le sang présent sur cette planche est le sien. Il serait ensuite allé au centre-ville s'acheter des vêtements avant de se rendre à Macadam pour un rendez-vous avec son assistante sociale. 

"L'auteur de l'agression s'est acharné" selon l'expert légiste

Pour l'expert légiste, "l’auteur de l’agression s’est acharné sur la victime, la volonté de tuer ne fait pas de doute". "La confrontation a été hémorragique et violente", confirme-t-il. "On imagine mal que l’auteur n’ait aucune projection de sang sur lui." Il indique que la victime présentait une section de l’artère carotidienne et des lésions sur la face mais aucune lésion de défense. Elle a été retrouvée face contre terre, sans t-shirt, son short descendu sur ses jambes.

Dévêtu après sa mort

Pour l’expert, l'homme a été retourné et dévêtu très probablement après sa mort. Quant à la blessure mortelle, au niveau du cou, elle a été provoquée par un objet piquant et tranchant, soit une arme blanche, qui n'a pas été retrouvée. Les blessures au visage par un objet contondant. 

Les débats se poursuivent. Le verdict est attendu dans la journée. L'accusé encourt jusqu'à trente ans de réclusion criminelle.