Plan requins : vingt bouledogues seront abattus et le mouillage forain sera interdit baie des Citrons

5 juin 2019 - Au moins trois requins aperçus dans la petite rade aux abords du quai FED
Les exécutifs concernés ont tranché : décision a été prise de capturer et euthanasier une partie des requins bouledogues qui ont élu domicile dans les rades de Nouméa. C'est un volet du plan d'actions dévoilé par la province Sud et la mairie de Nouméa, avec des mesures à court, moyen et long terme.

La province Sud a pris un arrêté qui lève l'interdiction de chasser les requins bouledogues, et qui en autorise «la capture et l'euthanasie». C’est ce que sa présidente a annoncé ce mercredi matin en présentant avec la maire de Nouméa un «programme de lutte contre le risque requins». Et l’une des mesures à court-terme concerne vingt bouledogues qui devaient être abattus «immédiatement», précise Sonia Backès, «de manière à réduire la population»
 

Possibilité de «prélèvements» ponctuels

A moyen terme, il restera «une possibilité de prélever un certain nombre de requins tant que la population sur la zone de Nouméa est importante», poursuit-elle. Des «prélèvements» confiés à des pêcheurs professionnels, accompagnés des Affaire maritimes de la Nouvelle-Calédonie, du Port autonome et de la sécurité civile. Avec la présence d’un vétérinaire «pour que les choses soient faites correctement». Il n’est pas pour autant question de retirer les bouledogues de la liste des espèces protégées, depuis 2013, par le code de l’environnement de la province Sud. 

Vif débat depuis l'attaque d'Anthony

Préserver les squales, ou sécuriser le littoral : la question est âprement débattue (lire en encadré) depuis que le petit Anthony, âgé de dix ans, a été laissé mutilé par un requin bouledogue. C’était le samedi 25 mai, à la marina de la baie de l’Orphelinat. Une attaque qui, en plus de choquer le pays, a mis en exergue la prolifération de bouledogues sédentarisés, notamment à Nouméa. Et leur dangerosité en général, tragiquement confirmée quatre jours plus tard par la mort d’un pêcheur à Belep. 
 

Projet de filet anti-requin

Autre mesure du plan requin présenté ce matin, l’interdiction du mouillage forain à la baie des Citrons, c’est-à-dire la possibilité pour les plaisanciers de jeter l’ancre non loin de la plage. «Pour essayer de sécuriser au maximum», explique la maire, Sonia Lagarde. «D’autre part, on étudie la possibilité de mettre un filet anti-requin.»
 

En lien avec la Gold coast

«Ça coûte extrêmement cher, pose-t-elle. Ça nécessite un fonctionnement par la suite, c’est-à-dire qu’il faut venir vérifier ce filet. Donc on s’engage dans des sommes relativement conséquentes. Il y a aujourd’hui des dispositifs qui existent en Australie. On est en lien avec la Gold coast, avec laquelle la ville de Nouméa est jumelée, pour essayer au moins de sécuriser une baie et la plus adaptée est la baie des Citrons. Mais il faut qu’on fasse partir ces bateaux forains.» 

Ne pas jeter de nourriture au mouillage

Autre volet du plan : chaque usager de la mer est invité à adopter les bonnes pratiques afin de ne pas générer des situation de confusion pour les requins. A commencer par ne pas jeter de nourriture dans les zones de mouillage. Pris en flagrant délit, les contrevenants seront punis d’une amende de 90 000 F. 
Le reportage d'Olivier Jonemann et Nicolas Fasquel :

©nouvellecaledonie


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Réactions instantanées

A peine annoncé, ce plan requins a vu émerger une foule de réactions, notamment sur Internet. Dès la mi-journée, une pétition était lancée en ligne pour dire «Non à l’abattage des requins en Nouvelle-Calédonie» et à 14h30, elle avait déjà recueilli un demi-millier d'adhésions. Une opposition émanant d'associations environnementales comme de particuliers. A l'inverse, d'autres voix soutiennent de telles mesures destinées à prévenir le risque d'attaques. Comme la page Facebook «Nouvelle-Calédonie Prévention Requin», en cours de constitution en association.