"Oui, bonjour. Oui, toutes les classes reprennent à 7h30". C'est le matin de la rentrée, ce lundi 12 février, et la directrice de l'école Adrienne-Lomont, à Nouméa répond au téléphone ainsi qu'aux questions des enseignants et des agents.
Depuis 10 ans, Mélina Thérin gère l'établissement. Elle a connu les démolitions des tours de Saint-Quentin en 2015. Aujourd'hui, trois d'entre elles restent encore à démolir. "Oui ça a un impact d'être au milieu des tours désaffectées", confirme la directrice."Les parents ont peur. Et en fait quand ils sont là, soit par envie ou nécessité, après ils ne partent plus ! On est dans un milieu, certes, défavorisé, mais on a une super équipe. On fait notre maximum pour les tirer vers le haut. "
Cette année, l'école du quartier de Saint-Quentin, accueille 180 élèves, moins que l'année dernière où ils étaient 200. " Ça va se remplir en cours d'année", assure la directrice. "Lomont n'est pas une école très demandée mais je suis la seule école à avoir de la place sur le secteur Nouméa Nord."
En 2013, l'école comptait douze classes, désormais il n'y en a plus que neuf de la petite section au CM2. La fin des tours a aussi plombé les effectifs même si certaines familles sont restées fidèles. " Ma femme, la grand-mère du petit, tout le monde habitait là. On est resté dans cette école. J’habite à Païta mais c'est plus pratique pour nous, la grand-mère reste là, aux jardins de Yahoué. C'est un quartier comme les autres ici", commente le papa de William, petit garçon qui va rentrer en CE1.
Projets d'école
Ce lundi matin de rentrée, c'est sous la pluie battante que parents et enseignants se sont réunis sous les halles devant les classes de maternelle. Là où la directrice fait son discours. "Notre mission pour la rentrée c'est de rassurer" explique-t-elle avant son intervention.
L'école est labellisée par la province Sud "Innov'école" et "En santé". Ce qui signifie, entre autres, que l'établissement est "très engagé sur tous les problèmes sociétaux et de santé." "Mon dada c'est le climat scolaire, le harcèlement. On a aussi des problématiques comme le brossage des dents, l'hygiène de manière générale, le sommeil, l'alimentation....", commente Mélina Thérin. Et de préciser : " on ne lâche rien sur le climat scolaire en général. Comme les conflits, on les règle avec des méthodes de médiation, de communication bienveillante, etc. On implique les enseignants, les parents, les grands-parents..."
Autre projet : les classes des saveurs qui permettent aux enfants d'apprendre à mieux manger ou encore le sport pour cette année olympique.
Notre projet scolaire est très axé sur le vivre ensemble, la médiation, le travail sur les émotions, le bien-être des enfants et des adultes en général.
Mélina Thérin, directrice de l'école
Insécurité ?
Au premier abord, l'école est un peu cachée, avec plusieurs entrées qui mènent à l'établissement. Un climat qui peut parfois interroger. La petite Madysson fait sa première rentrée scolaire, à 3 ans. Elle habite le 6e km mais il n'y avait plus de place dans son école de secteur. Les parents n'ont pas d'autre choix que de la mettre à Adrienne-Lomont. "J'avoue qu'au début la sécurité m'a effleuré l'esprit", avoue la maman. "Mais dès le premier contact, tout se passe très bien, on est impatient de découvrir, l'école a l'air très bien, les enseignants aussi."
Parmi les agents d'entretien, Corinne est dans l'école depuis 19 ans et assure que depuis la démolition des tours de Saint-Quentin, la délinquance est moins présente. " On a beaucoup moins de dégradations dans l'école depuis qu'il n'y a plus de tours, une vraie différence. Au début que je travaillais ici, non, je ne me sentais pas en sécurité mais maintenant, oui ! Surtout l'hiver, il fait très noir le matin, on commence à 6 heures, là, c'était un peu craignos."
De son côté, la directrice assure que l'école a été plutôt épargnée par le vandalisme même si elle a été victime, comme d'autres établissements, de cambriolages ou de dégradations. "On se sent un peu plus en sécurité depuis que la mairie a installé des barrières de deux mètres de haut qu'on peut fermer à clé le week-end", assure-t-elle.
Des enseignants motivés
Seule école prioritaire de son secteur, les enseignants se retrouvent là, souvent par choix. Cette année, cinq nouveaux maîtres et maîtresses prennent possession de leur classe. C'est le cas d'Anaïs, tout juste sortie de l'Institut de formation des maîtres. "J’ai choisi d'être ici", assure-t-elle. "J'ai entendu que du bien sur cet établissement, c'est une école vivante. Forcément, c'est un terrain plus particulier mais pour moi, c'est pareil dans ma façon d'enseigner."
Selon la directrice, il apparaît que les enseignants sont assez "profilés". "Il faut avoir envie d'être dans une école prioritaire, les effectifs de classe sont réduits, et puis on a des financements en plus par la mairie et des primes pour les enseignants. Ils ont plus de liens avec les enfants, les familles, ce n'est pas le même le travail", poursuit Mélina Thérin.
En ce jour de rentrée, les parents sont attentifs au discours du corps enseignant. La maman de Uken et Troko est ravie de voir ses enfants rentrer à l'école. La petite famille habite à côté de l'établissement : " ils sont bien protégés ici", confirme-t-elle.
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