Réactions au maintien du référendum, appel à ne pas participer, jour d'après… ce qu’on peut retenir de l’entretien de Gilbert Tyuienon, vice-président de l’Union calédonienne

Gilbert Tyuienon invité du JT le 14 novembre, en tant que vice-président de l'Union calédonienne.
Il était l’un des invités politiques du week-end, au journal télévisé de NC la 1ère. Deux jours et demi après avoir appris le maintien du référendum au 12 décembre, Gilbert Tyuienon a développé les implications de cette nouvelle, vues par l’Union calédonienne.

A quatre dimanches du scrutin d’autodétermination, auquel les indépendantistes appellent à ne pas participer, l’invité politique du journal télévisé, dimanche 14 novembre, était Gilbert Tyuienon en tant que vice-président de l’Union calédonienne. Voici ce qu’on peut retenir de cet entretien consacré à l’actualité référendaire.

  • "Quelque chose d’assez choquant"

Après l’annonce faite par le haut-commissaire depuis Ponérihouen, les réactions du camp indépendantiste vont du communiqué cinglant à l’appel au calme. Le vice-président de l’UC dit "comprendre la position" exprimée par le Palika, qui a évoqué "une véritable déclaration de guerre contre le peuple kanak et les citoyens progressistes de ce pays" (à lire en cliquant ici).

En tout état de cause, le maintien de la date du 12 décembre est quelque chose d’assez choquant pour nous, indépendantistes. Ça démontre que le projet d’indépendance reste une lutte.

Gilbert Tyuienon, vice-président de l’UC

 

 

  • "Confiscation"

"En [le] maintenant le 12 décembre, l’Etat a voulu confisquer un scrutin qui était un rendez-vous essentiel pour le peuple kanak. En confisquant ce scrutin, il confisque aussi une chose essentielle : le droit inné et actif des Kanak à l’autodétermination", a formulé l’invité du JT. "Un droit qui a été reconnu par l’ensemble de la mouvance internationale. Nous l’avons partagé. Et c’est tout ça qui est mis à mal".

Quoi qu’en dise le ministre, c’est une position politique, qui a été prise par l’Etat.

Gilbert Tyuienon

 

 

  • Un dialogue à "maintenir"

Et d’insister : "C’est une confiscation de notre droit. On est complètement dans l’opposé de ce qu’a prévu l’Accord de Nouméa. Dans ce sens, on comprend que les indépendantistes sont fâchés, offusqués. Mais pour autant, on a signé un accord et on veut maintenir ce dialogue".

Il va falloir conjuguer deux extrêmes : la question de la souveraineté de Kanaky, parce qu’on ne lâchera pas, et la question de l’attachement à la France.

Gilbert Tyuienon

 

 

  • Covid : "pas sortis d’affaire"

L’un des principaux arguments avancés pour demander le report de la consultation reste la menace de la pandémie. "On peut dire ce que l’on veut, regardez les chiffres du Covid : on n’est pas encore sortis d’affaire", a déclaré Gilbert Tyuienon, en comparant le taux d’incidence actuel en Calédonie, proche de 100, et le niveau d’alerte, plus bas, dans l’Hexagone.

  • "Expliquer pourquoi il ne faut pas aller voter"

Puisque les indépendantistes appellent à ne pas participer, vont-ils faire campagne en ce sens ? Réponse : "On n’a pas déposé nos documents de campagne, on ne désignera pas d’assesseur, on ne désignera pas de délégué… On ne fera pas de campagne. Mais on ira expliquer à la population calédonienne pourquoi il ne faut pas aller voter."

  • "L'Etat a peur qu'on gagne"

Cet appel à non-participation traduit-il une peur de perdre ? "On nous a cartonné à 30% en 2018, on a fait plus et ça n’a pas arrêté de monter", rétorque le vice-président de l’UC, en retournant l’argument : "Je pense que l’Etat a précipité cette élection parce qu’il a peur qu’on gagne. Nous, on l’a demandé parce que c’est notre droit et on a préféré le mettre en septembre 2022, il ne faut pas l’oublier, puisque nous sommes en phase de reprise en main des affaires de notre pays."

La situation rappelle le souvenir d’élections passées, boycottées (à lire ici). A ce constat, voici la réponse de Gilbert Tyuienon : "L’Union calédonienne est bien placée pour avoir la mémoire de l’Histoire. Elle a beaucoup donné (…). On le dit sans cesse : plus jamais ça. Donc on va les convaincre, aussi bien nos camarade indépendantistes que les autres, qu’on ne veut plus jamais ça. Pour autant, il faut discuter. Mais sur la base de l’Accord de Nouméa."

  • Le 13 décembre ? "Nous continuerons de discuter"

Les indépendantistes ont évoqué la possibilité de ne pas prendre part aux futures discussions sur l’avenir. Alors, que se passera-t-il au lendemain du référendum ? "Le 13, c’est prévu par l’Accord, nous continuerons de discuter", assure Gilbert Tyuienon. "Mais dans le cadre de l’esprit et de la lettre de l’Accord de Nouméa. Il faut que les Calédoniens apprennent par cœur cette fameuse phrase, parce que nous, ça va être notre point de départ : 'L’Etat français reconnaît la vocation de la Nouvelle-Calédonie à sa pleine émancipation'."

  • Sur l'aide financière de l'Etat

Citons encore cet internaute qui interroge : "Alors que le gouvernement Mapou vient de demander l’aide sanitaire et surtout financière à l’Etat, comment prétendre à une indépendance et appeler au boycott d’un scrutin ?" "On fait souvent un amalgame", a répondu Gilbert Tyuienon. "Beaucoup de Calédoniens croient que le FLNKS et les Kanak sont des ennemis de la France. Mais non ! Nous somme des ennemis de l’Etat colonial. Et on ne veut plus qu’on nous confisque les choses. On veut qu’on nous rende notre liberté et notre souveraineté. La question économique n’a rien à voir avec ça."

Retrouvez l’entretien entier avec Laurence Pourtau :

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