Avec les réfugiés d’Ambaé, de Lolowaï à Santo

Les évacuations se poursuivent au Vanuatu où les 11 000 habitants de l'île d’Ambaé sont menacés par le volcan. Notre envoyée spéciale Sylvie Hmeun a participé à une de ces traversées en bateau jusqu’à Santo.
Devant la menace que représente le volcan d’Ambaé, le Lombenben (aussi appelé Manaro Voui), le gouvernement vanuatais a décrété jeudi dernier l’état d’urgence et ordonné l’évacuation de toute la population de l’ile. Les 11 000 habitants doivent quitter Ambaé d’ici le 6 octobre prochain.
Les allers-retours se multiplient donc entre l’ile et ses principales voisines, Santo, Maewo, Pentecôte et Malekula.

Par avion…

Certains affrètent des avions privés pour évacuer leurs familles, notamment grâce à la solidarité qui s’est mise en place comme à Port-Vila.
Ce samedi encore, les plus vulnérables ont pu quitter l’ile. Un pilote par exemple a effectué pas moins de 18 rotations à lui tout seul dans la seule journée d’hier. 28 patients des hôpitaux de l’ile ont été évacués vers l’hôpital de Luganville à Santo.


Ou par bateau…

Si le gouvernement a affrété des navires, certains habitants organisent eux mêmes leur voyage notamment jusqu'à l'île de Maewo, la plus proche, (à une demi-heure , ou une heure en petit bateau).
L'embarquement sur la barge Urata à Lolowaï.
Le trajet de la barge Urata.

A bord d’Urata

La barge Urata est l'un des bateaux affrétés par le gouvernement vanuatais pour assurer l'évacuation de la population d’Ambaé vers Santo. Ce samedi le navire a effectué son premier voyage avec à son bord 13 membres d'équipage et 120 passagers.

Parti de Lolowaï à l'est d'Ambaé vers 11h30, la barge a tout d'abord mis le cap sur Devil's Rock (à l'ouest de l'ile) où un  camion de vivres et d'eau a été débarqué.
Chacun part avec ce qu'il peut embarquer.

A Devil's Rock situé à proximité du volcan Lombenben, 2 à 3 000 personnes attendent toujours d'être évacuées.
Ici la chaleur est pesante, presque étouffante et l'air est brumeux, il y règne une odeur particulière. 
Après 1 h 30 d'escale, le Urata a pris la direction de Santo à 15h30. La traversée a duré presque 4 heures. 

Parmi les personnes évacuées, beaucoup de jeunes mamans et enfants ainsi que des personnes âgées et malades. Et chacun tente de partir avec ses possessions, ses trésors. Personne ne sait quand ils pourront revenir.
La barge effectuera un 2ème voyage ce dimanche entre Ambaé et Santo.

Une organisation critiquée

Certaines voix s’élèvent pour se plaindre de l'organisation de l’évacuation. On ne donne aux habitants peu voire aucune information ni d'indications sur les moyens de transports mis en place par les autorités. "Ce n'est pas comme en 2005 (lors de la dernière éruption) où l'évacuation de la population a été rapide",  confie Judah Butu, 72 ans, du village de Lolowaï.
Le comité des calamités d’Ambaé (Ambaé Disaster Commmittee) estimerait pour sa part que les autorités ne prennent pas l’état d’urgence au sérieux.

Des associations non-gouvernementales se mobilisent pour aider aux évacuations. Les gouvernements australien et néo-zélandais apportent aussi leur aide, notamment avec des purificateurs d’eau, des kits d’abris ou des rations d’urgence. Des problèmes comme des cas de diarrhées ou de vomissements apparaissent dans les camps de réfugiés, notamment en raison de la surpopulation.
De nombreuses personnes sont encore dans l'attente d'être évacuées ... Ce dimanche,  plusieurs navires et des rotations aériennes sont à nouveau prévus.