Soutien à la filière nickel, une équation qui semble insoluble

A l'usine pyrométallurgique de KNS, à Vavouto.
Le nickel en bonne place de la séquence politique parisienne. Et cette demande du groupe Rassemblement au Congrès : suspendre les travaux du groupe dédié au secteur, boulevard Vauban. Selon sa présidente, l’aide de l’État sera décisive, pour sauver les usines calédoniennes. Un soutien national massif, jusqu’ici impuissant face aux difficultés structurelles. Mais les enjeux s’avèrent cruciaux.

C’est une quasi-exception, à l’échelle de la planète. Les trois usines calédoniennes - de Doniambo à Nouméa, du Sud et du Nord - affichent toutes des déficits importants. Depuis près de dix ans. La filière nickel a pourtant bénéficié de soutiens répétés de l’Etat, sous toutes sortes de formes : défiscalisation, avances, prêts ou encore garanties d'emprunt.

Des sommes énormes abondées

En mars, Gérald Darmanin rappelait que l’État français a injecté plus de 250 milliards de francs CFP en six ans. De l’argent que les industriels doivent rembourser, alors qu’ils peinent à se maintenir à flot. Et le ministre de l’intérieur et des Outre-mer l’a dit : la France "ne donnera plus d'argent aux usines de Nouvelle-Calédonie, tant qu'il n'y aura pas de projet industriel pensé et réfléchi".

Même son de cloche fin juillet, sur la place des Cocotiers, cette fois, pendant le discours prononcé par le président de la République. Exemple avec cette petite phrase d'Emmanuel Macron, "je n’utilise pas l’argent du contribuable pour construire des modèles improductifs".

Des sites menacés

Il y a environ un mois, le rapport rendu par l’inspection général des finances avertissait que la fermeture de sites "paraît inévitable" sans une "nouvelle intervention des acteurs privés et des pouvoirs publics".
Mais comment justifier, encore, des milliards injectés dans un gouffre qui semble sans fond ? Le cœur du problème reste l’urgence, avec des conséquences en cascade très lourdes pour les Calédoniens et très coûteuses pour l’Etat.

La peur des conséquences

Selon ce document, la faillite des trois usines conduirait :

  • à des coûts environnementaux importants, les sites existants étant de nature très polluante ;
  • à une augmentation du chômage sur le territoire d'environ 50%;
  • et à un trou béant dans les comptes sociaux.

Et un pari

Une catastrophe économique, donc, avec en toile de fond la paix sociale, fragile. Des milliards injectés aujourd’hui qui restent aussi un pari sur l’avenir, pour la France. Au plan mondial, le nickel est l'un des métaux les plus recherchés pour la transition énergétique. La production calédonienne pourrait représenter" à terme "jusqu'à 85%" des besoins des usines françaises de batteries en 2030. Les enjeux de la stratégie nationale industrielle pèsent encore lourd dans la balance. Mais jusqu’à quand ?

Le Medef attend des décisions immédiates

La situation de l’industrie métallurgique inquiète grandement l’antenne locale du Medef. “Pendant qu’en interne de la Nouvelle-Calédonie, nous nous disputions les uns avec les autres, la Chine et l’Indonésie ont créé un géant du nickel qui est en capacité, sous cinq ans, de fournir mondialement la demande sur un nickel de très bas coût”, assène sa présidente, Mimsy Daly. Pour le mouvement patronal, il faut que des décisions soient prises immédiatement à Paris.  Notamment réformer le Code minier en urgence.

Un point de vue recueilli par Angéla Palmieri et Claude Lindor

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