Trafic de drogue : la traque prend de l’ampleur en Nouvelle-Calédonie

Depuis 2012, plus de 5 tonnes de drogues dures et de synthèse ont été saisies avec la participation des services douaniers, au large des côtes de la Nouvelle-Calédonie.
La lutte contre les stupéfiants est une préoccupation majeure des autorités dans le Pacifique. Et pour cause, les îles de la région sont des étapes de plus en plus prisées par les narcotrafiquants. Un séminaire sur la question est organisé en Nouvelle-Calédonie par le parquet général de Nouméa, à partir de ce 28 novembre 2023.

Pour les services de la gendarmerie nationale, la quasi-totalité des affaires de stupéfiants en Nouvelle-Calédonie concerne des dossiers impliquant du cannabis. Le site principal de consommation se situe dans le Grand Nouméa. Et les principaux sites de production, sur la côte Est.

Du cannabis en majorité, de la cocaïne dans la région 

Depuis le 1er janvier 2023, 20 500 pieds de cannabis ont été arrachés. Plus de 34 kg d’herbe ont été saisis et 30 000 graines ont été confisquées. Les saisies numéraires représentent, elles, plus de 2,5 millions de francs CFP. Des résultats en hausse, par rapport aux années précédentes. 

Les saisies numéraires de vente de cannabis en Nouvelle-Calédonie, depuis le 1er janvier 2023.

Sur le territoire, les saisies de cocaïne sont pour le moment anecdotiques. Mais le constat est différent, lorsque l’on s’intéresse aux eaux calédoniennes. Un lieu de passage pour les narcotrafiquants, qui viennent en majorité du Mexique et d’Amérique du Sud. Ils se dirigent vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande, principaux lieux de consommation.

"Les Fidji et les Tonga, par exemple, étaient des lieux de transbordement. Les organisations investissent ces territoires, pour avoir des relais sur place", explique Benoît Godart, directeur régional des douanes de Nouvelle-Calédonie. "On n’est pas à l’abri, ici, de groupes qui cherchent à s’implanter. Pour faciliter la logistique dans le transfert de ces marchandises", poursuit le directeur des douanes.

Dans les eaux et dans les airs

Depuis 2012, plus de 5 tonnes de drogues dures et de synthèse ont été saisies avec la participation des services douaniers, au large des côtes de la Nouvelle-Calédonie.

Les saisies sont nombreuses au large de la Nouvelle-Calédonie depuis 2012.

En 2020, l’interpellation du bateau Lafayette est un exemple de coopération régionale entre la France et les autres pays de la zone. Il était chargé d’une tonne de méthamphétamine. "Les services douaniers locaux ont pu transmettre une information, qui a été exploitée par nos collègues australiens. Ils l’ont intercepté dans les eaux australiennes", détaille Benoît Godart. 

Dans l’océan Pacifique, la lutte contre les stupéfiants nécessite un travail d’enquête important, accompagné d’un suivi judiciaire adapté. Il doit prendre en compte une multitude d’eaux territoriales et d’Etats différents. 

Dans les airs aussi, le travail se poursuit. Le 26 octobre dernier, un trafic de cocaïne ayant recours à une "mule" a été démantelé sur le territoire. Un réseau qui a fait entrer par un voyageur de la cocaïne sous forme liquide, en provenance des Pays-Bas.

En mai dernier, c'est dans un pot de Nutella, acheminé via des colis postaux à Nouméa, que de la cocaïne a été retrouvée. 

Le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Laura Schintu : 

©nouvellecaledonie

Améliorer la coopération régionale 

Pour améliorer la coopération entre tous les acteurs, un séminaire international débute ce mardi 28 novembre 2023, en Nouvelle-Calédonie. Il est organisé par le parquet général de Nouméa.

Il réunit des magistrats, des enquêteurs, des spécialistes de l'investigation financière et des représentants des cellules de renseignement financier de tous les pays de la zone Pacifique Sud. "C’est-à-dire de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de Fidji, du Japon, de Singapour mais aussi de la Polynésie et de l’Hexagone", détaille Bruno Dalles, procureur général auprès de la Cour d’appel de Nouméa. 

Retrouvez son entretien complet au journal télévisé du 27 novembre, il répond à Loreleï Aubry :

©nouvellecaledonie