NICKEL. Un prêt de 16,7 milliards de francs de l’Etat au secours de l’usine du Sud

L'usine du Sud.
Alors que l’avenir des trois usines de nickel calédoniennes est menacé, Prony Resources devrait bénéficier d’un nouveau soutien de l’Etat, sous la forme d’un emprunt. L’annonce a été faite ce jeudi matin, en assemblée de la province Sud.

La menace d’une fermeture imminente semble s’éloigner pour l’usine du Sud. Ce jeudi matin, en assemblée provinciale, la présidente de la province Sud Sonia Backès a annoncé la nouvelle : l’octroi d’un prêt de l’Etat à Prony Resources, à hauteur de 140 millions d’euros, soit 16,7 milliards de francs. Une mesure d’urgence, destinée à sauver l’usine, dont “le cash sera consommé complètement à la fin du mois de février”, a justifié la présidente de la province Sud.


Trouver un repreneur d’ici à mars 2025

Cette opération de sauvetage de l’Etat doit permettre à Prony Resources de maintenir son activité, le temps de trouver un nouvel investisseur pour succéder au négociant suisse Trafigura. “Pour l’instant, on se fixe un objectif de mars 2025 pour trouver un repreneur”, a déclaré Sonia Backès, en précisant toutefois que cette aide d’urgence devrait permettre de couvrir les besoins de Prony Resources jusqu’à fin 2026. La recherche d’un repreneur sera confiée à la banque Rothschild. Or, d’après Sonia Backès, plusieurs candidats potentiels sérieux se seraient déjà fait connaitre.


Une subvention annuelle de 4,8 milliards de francs pour l’énergie

Parallèlement à ce financement à court terme, la présidente de la province Sud a annoncé la mise en place d’un plan de sauvetage à plus long terme pour l’usine du Sud. Paris s’engagerait ainsi à verser une subvention annuelle de 40 millions d’euros (4,8 milliards de francs) sur le volet énergie, sous condition d’une signature du pacte nickel, proposé par l’Etat. Le gouvernement et les trois provinces y seraient désormais favorables, a précisé Sonia Backès. La signature pourrait intervenir le 27 février à Paris. 


Baisse de la sous-traitance

En contrepartie de ce prêt consenti par l’Etat : la mise en fiducie des actions de Trafigura (19 %), de la compagnie financière de Prony (30 %) et de la SPMSC (25 % sur un total de 30 %). En clair, cela signifie que les parts de ces actionnaires sont mises de coté, afin que le nouvel investisseur puisse dedans, ce qui pourrait le rendre majoritaire de l’usine du Sud.

Autre contrepartie : la restructuration de la sous-traitance, qui concerne près de 2 000 personnes. Cent à quatre cents prestataires pourraient voir leur contrats revus à la baisse ou tout simplement rompus. “Un accompagnement est d’ores et déjà prévu par la province”, a assuré Sonia Backès.


Des pertes considérables

Lors de l’assemblée de province, la patronne de la Maison bleue est revenue sur la situation financière extrêmement critique de Prony Resources, qui affiche près de 108 millions de dollars de perte (12 milliards de francs) rien qu’en 2023. Une “contre-performance” qui s’explique par plusieurs facteurs :

  • une montée en puissance inférieure à ce qui était attendu (26 000 tonnes en 2022 et 31 000 tonnes en 2023 pour un objectif annuel autour de 35 000 à 36 000 tonnes).
  • une inflation du coût des matières premières non compensée par les prix de vente
  • une baisse des cours du nickel

Plus globalement, c'est l'avenir de la filière nickel en Nouvelle-Calédonie qui est aujourd'hui sur la sellette. Avec, pour dernier événement en date, la mise en sommeil pendant six mois de l'usine du Nord, elle aussi à la recherche d'un repreneur pour succéder au géant anglo-suisse Glencore. 

Retrouvez le reportage télévisé de Dave Waheo-Hnasson et Franck Vergès

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