La reprise de la production à Vavouto reste difficile après l’intervention des gendarmes, jeudi 22 juillet, pour libérer l’accès à l’usine du Nord. Le site a été bloqué par les coutumiers après l'attribution d’un contrat de perforation et de tirs de mines accordé à une société australienne. NC la 1ère revient en trois questions sur cet appel d'offres au centre des tensions.
Qu’est-ce qu’un appel d’offres ?
Un appel d’offres est une procédure par laquelle une société demande à plusieurs candidats de lui faire une proposition commerciale pour la réalisation d’une prestation. Après dépouillement, une ou plusieurs offres sont retenues sur la base de différents critères.
Pourquoi pose-t-il problème à l'usine du Nord ?
A l'usine du Nord, le conflit a débuté lorsque la proposition d’une société locale a été rejetée au dépens d’une société australienne, alors qu’un accord verbal avait été délivré, selon les coutumiers. "Le premier critère regardé, c'est le prix. Et là, c’est la question qui se pose concernant KNS", explique Edouard Leoni, Docteur en droit public. "Il semblerait que la société locale Label Explo a une offre qui dépasse de 1,6 milliard par rapport au dossier déposé par l'Usine du Nord. Le budget avait-t-il été précisé en amont ? On ne le sait pas."
Mais ce ne sont pas les seuls critères qui peuvent intervenir. "Derrière cela, il y a des garanties financières, par exemple, l’installation de la société", ajoute-t-il. "Sur les trois sociétés retenues au 2ème tour, il y en a deux locales et une australienne, qui n’a pas de siège social en Calédonie. Ces éléments doivent être résolus."
Et ensuite sur les trois sociétés retenues, il y aura des négociations plus approfondies avec la société KNS pour savoir de quelles modalités et de quels critères ces entreprises doivent répondre.
Comment concilier logique des affaires et logique coutumière ?
Reste qu'il est parfois difficile de concilier la logique des affaires et la logique coutumière, qui veut que les populations locales profitent aussi de l’exploitation minière. Une problématique qui reste à éclaircir alors que le conflit demeure entre l’industriel et les coutumiers du massif de Koniambo, ces derniers affirmant que KNS revient sur son engagement de les faire travailler. "On est confrontés à des promesses qui ne sont pas écrites", souligne Edouard Leoni. "La vérité c’est que KNS a déjà mis en pratique des relations contractuelles avec les coutumiers, Monsieur Ponga [directeur des affaires externes à KNS] déclare que, chaque année KNS, consacre 4 milliards aux coutumiers. De l’autre côté, les coutumiers de Koniambo affirment qu’il y a une remise en cause de la parole donnée."
Aujourd'hui, il faut trouver une solution qui permette de sortir par le haut de la problématique. Là, comme on voit que les choses commencent à s’envenimer, à mon sens, il faudrait qu’un médiateur soit nommé par les institutions pour sortir de ce débat.
Problème : le temps est compté pour sortir de ces difficultés, qui ne sont pas sans rappeler celles rencontrées par la SLN ou l'usine du Sud. Aujourd’hui, la dette de KNS s’élève à plus de 1 200 milliards de francs Pacifique.
Sujet de Loreleï Aubry et Cédric Michaut :