VIDÉO. En attendant une nouvelle prison, "il faut d’abord miser sur la réinsertion"

Au Camp-Est, des cellules prévues pour deux personnes en accueillent souvent quatre.
En juillet, devant l'Assemblée nationale, le garde des Sceaux a évoqué une réflexion sur la réhabilitation de la prison de Nouméa ou la construction d'une nouvelle. Un réunion s'est tenue sur le sujet lors de la venue d'Emmanuel Macron. En attendant, des moyens d'action sont possibles.

Le centre de détention de Koné et ses 100 places n'ont pas changé la donne. Aujourd’hui, 590 prisonniers vivent au Camp-Est alors qu'il y a 400 places. Vêtuste, surpeuplée, peu sécurisée. Les condamnations sont régulières. Y compris financières pour l'Etat. 

À lire aussi >>> La surpopulation carcérale des Outre-mer

En juillet, devant l’Assemblée nationale, le garde des Sceaux a évoqué "des expertises, une réflexion tablant sur une réhabilitation lourde de l’existant ou bien sur une construction neuve ailleurs", pour la Nouvelle-Calédonie. 

Pour le député Philippe Dunoyer, Éric Dupond-Moretti "a officieusement lancé les travaux de réflexion et quasiment la validation de principe pour la construction d’une nouvelle prison à la place du Camp-Est." Lors de sa visite avec Emmanuel Macron, Philippe Vigier, le nouveau ministre délégué aux Outre-mer, a présidé une réunion consacrée au sujet. Le garde des Sceaux est désormais attendu pour confirmer les hypothèses. 

"Est-ce que l’on continue à stocker les prisonniers dans ces conditions ?"

Mais réhabilitation ou construction prendront du temps. "Que fait-on pendant ces cinq à dix ans ?", s'interroge Virginie Ruffenach, membre du conseil d'évaluation provincial. "Est-ce que l’on continue à stocker les prisonniers dans ces conditions ? À contribuer à leur récidive ? Il faut réinvestir aujourd'hui dans cette prison par la réinsertion, la formation pour leur donner un cap."

La réinsertion plus importante qu'une nouvelle prison pour l'observatoire

Marie-Katell Kaigre, représentante de l’observatoire international des prisons, ne dit pas autre chose. "Il faut d’abord miser sur la réinsertion. Des mesures alternatives. Avec des bracelets, recruter des conseillers en insertion, avoir plus d’humain pour se concentrer sur la réinsertion." Car dans 67% des cas, une incarcération entraîne une réincarcération, souligne-t-elle. Pour l'observatoire, la construction d’un établissement pénitentiaire n’est d'ailleurs pas le sujet. Il ne doit en tout cas pas empêcher de financer des mesures sociales. 

Le reportage d'Yvan Avril et Carawiane Carawiane : 

©nouvellecaledonie